La CSQ invite le gouvernement à venir négocier là où ça se passe

2020/02/04 | Par Sonia Éthier

L’auteure est présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ)

Après avoir essuyé un refus sans équivoque de toutes les organisations syndicales, dont la CSQ, de participer à des forums de discussion sur les priorités gouvernementales, le président du Conseil du trésor, Christian Dubé, tente de garder en vie cette étrange initiative, y allant d’une lettre ouverte, publiée dans les médias. Malheureusement pour lui, sa plaidoirie ne convainc personne dans le milieu syndical tant la faiblesse des arguments avancés saute aux yeux.

À en croire le grand argentier du gouvernement caquiste, ces forums seraient une approche « innovante » pour aborder les négociations en vue du renouvellement des conventions collectives des 550 000 travailleuses et travailleurs du secteur public. Christian Dubé presse les organisations syndicales d’y participer afin d’identifier « des solutions porteuses pour répondre aux préoccupations de la population québécoise ».

Avec des titres pompeux tels que la « réussite éducative » ou la « santé globale », ces forums sont pourtant limités à des échanges autour d’enjeux très restreints pour lesquels aucune des propositions que le gouvernement a annoncées sur toutes les tribunes depuis plus de dix mois n’a été mise au jeu.

 

Trop de questions sans réponse

Le grand responsable du gouvernement pour les négociations dans le secteur public échoue à répondre à la grande question qui demeure : il existe déjà des lieux pour discuter et échanger sur les priorités gouvernementales – et syndicales, il va sans dire –, soit les tables de négociation. En quoi est-il impossible pour ce gouvernement de venir y proposer ses solutions si prometteuses? Plus d’un mois et demi après s’être fait poser cette question par la CSQ, Christian Dubé est toujours incapable d’y répondre.

Et que dire de cette autre question : comment peut-on croire sérieusement qu’ils permettront de faire avancer rapidement les négociations alors que l’argent qui y sera consacré représente moins de 0,25 % de la masse salariale cette année?

 

Une invitation au gouvernement

La CSQ a à cœur le bien-être de ses membres ainsi que celui de la population. Nous avons déjà soumis nos propositions concrètes pour améliorer les conditions de travail et d’exercice du travail du personnel à bout de souffle dans les réseaux de l’éducation et de la santé. Ces propositions sont autant de solutions pour répondre notamment aux graves problèmes de pénurie de main-d’œuvre dans les secteurs public et parapublic. Pour cette raison, nous invitons le gouvernement à ne plus perdre de temps et à venir s’asseoir aux tables de négociation pour que nous puissions négocier les conditions qui favoriseront la réussite éducative et la santé globale de nos membres.

Quant à ses fameux forums, le président du Conseil du trésor serait bien avisé d’y renoncer, car à trop insister, il ne fait que nous rendre plus prudents à l’égard des intentions réelles de son gouvernement à vouloir éviter de s’inscrire dans un véritable dialogue pour le renouvellement des conventions collectives : la négociation.