Crise wat’suwet’en: le temps est compté

2020/02/24 | Par Yves-François Blanchet

«Le devoir du Premier ministre du Canada n’est pas de solliciter l’intervention des forces policières des provinces mais bien, au contraire, de tout faire pour l’éviter! Je comprends l’impatience du CN et du premier ministre ontarien qui imposent un ultimatum, dont l’échéance est à minuit ce dimanche, aux manifestants qui obstruent la voie ferrée à Belleville. Toutefois, il y a lieu de craindre que cette tentative de sortie d’une crise que le gouvernement canadien n’a pas su gérer n’ait au contraire pour effet de l’empirer.

Vendredi, semblant renoncer à une autorité qu’il a pourtant sollicitée quatre mois plus tôt, le premier ministre Justin Trudeau faisait de sa propre gestion un constat d’échec. La relation entre le Canada et les Premières nations est sous sa juridiction. Le transport ferroviaire est aussi de compétence fédérale. La GRC est également une police fédérale. Pourtant, Justin Trudeau s’est plaint du refus des Wet’suwet’en de le reconnaître comme interlocuteur.

Néanmoins, les solutions existent. Le Bloc Québécois en a exposées plusieurs qui, sans se lier aux conditions des communautés autochtones, sont de nature à faire lever les barricades, l’urgente priorité qui doit nous animer.

Ces propositions, rassemblées, dessinent la feuille de route d’une fin de crise à très court terme:

  • Sortie prouvée de la GRC du territoire wet’suwet’en, quitte à la remplacer par un corps policier autochtone au choix des autorités de cette nation;
  • Obtention d’un arrêt temporaire des travaux du gazoduc Coastal GasLink. On observe que tant l’entreprise (Trans Canada) que le gouvernement de Paul Horgan ont compris qu’il s’agit d’un passage obligé;
  • Création d’une table de discussion durable et nomination d’un médiateur pour assurer un dialogue entre les parties.

Non seulement ce plan est-il de nature à faire enlever les barricades, mais il confère au gouvernement une autorité morale à laquelle il semble plutôt avoir renoncé et offre aux provinces et au Québec la meilleure chance d’éviter le recours à la force pour rétablir la circulation ferroviaire.Il n’est pas trop tard.»