Dominic Champagne et Laure Waridel, à la recherche d’un Arruda vert ! Dieu nous en préserve !

2020/06/08 | Par Pierre Dubuc

Dans La Presse+ du 5 juin, Dominic Champagne et Laure Waridel signent, à titre de porte-parole du Pacte pour la transition écologique, une lettre ouverte titrée : « Qui sera notre Dr Arruda d’une relance verte et juste? »

Champagne et Waridel expriment leur inquiétude devant l’annonce d’une loi du gouvernement Legault visant à rendre moins contraignante la Loi sur la qualité de l’environnement. En fait, ce sera le projet de loi 61 qui accordera, une fois adoptée, au gouvernement le droit de passer outre à des lois de l’Assemblée nationale et aux règlements qui ne font pas son affaire, et ce pour une période de deux ans !

Nous partageons leur inquiétude, mais ce n’est certainement pas un « Arruda de l’environnement » qui pourrait, comme l’affirment les deux porte-parole du Pacte, « ramener constamment à l’avant-plan (et non à l’arrière-plan) la science dans la décision et l’orientation de tel ou tel projet ».

Un « Arruda de l’environnement » serait catastrophique ! Sous la gouverne de l’Arruda de la santé, Montréal est au premier rang du « macabre palmarès des métropoles les plus mortifères, juste dernière New York », comme le soulignait dernièrement un article du journal Le Monde.

Arruda, un scientifique? Il a d’abord interdit le masque pour des motifs « farfelus », selon le Dr Liu. Il a fait transférer des malades des hôpitaux vers les CHSLD. Il n’a jamais interdit aux soignants des agences de travailler dans plus d’un établissement. Et, pendant que les autres provinces canadiennes commandaient du matériel de protection, il était en vacances au Maroc !

Champagne et Waridel parlent de « l’immense influence du DHoracio Arruda dans les décisions du gouvernement ». Là encore, seule une véritable commission d’enquête publique pourrait nous renseigner, car l’image d’Arruda, lors des grand-messes de 13 heures, est la personnification même de l’obséquiosité (« Mon Premier Ministre » par-ci, « Mon Premier Ministre » par-là, avec toujours un regard cherchant continuellement l’approbation de Legault).

Mais Champagne et Waridel ont peut-être déjà trouvé leur « Arruda de l’environnement » et il siégerait à Ottawa.
 

Steven Guilbeault, l’Arruda de l’environnement

Dans un article daté du 6 juin, le Globe and Mail nous informe que le ministre du Patrimoine canadien Steven Guilbeault joue un rôle de plus en plus important dans le dossier de l’environnement. Il fait partie d’un comité, avec l’ancienne ministre de l’Environnement Catherine McKenna et l’actuel ministre Jonathan Wilkinson, chargé de se pencher sur la reprise économique.

Selon le Globe, Steven Guilbeault a rencontré Greenpace et trois autres groupes environnementaux du Québec – qui ont refusé que leur nom soit dévoilé – auxquels il essaie de vendre les politiques du gouvernement Trudeau concernant le gaz naturel et le pétrole.

Selon plusieurs sources contactées par le Globe, Steven Guilbeault leur conseillerait fortement de mettre l’accent sur les mesures positives du gouvernement Trudeau visant la transition énergétique, plutôt qu’attaquer le gouvernement de l’Alberta ou l’industrie pétrolière.

Interrogé par le Globe dans le cadre du même article, Dominic Champagne a déclaré espérer qu’« Ottawa écoute les avis scientifiques sur le climat de la même façon qu’il a écouté les responsables de la santé publique sur la COVID-19 ».

Steven Guilbeault est donc son « Arruda de l’environnement ». D’ailleurs, avec Laure Waridel, Champagne avait, lors de la dernière campagne électorale, lancé un appel à « un vote stratégique pour l’environnement » (lire : Guilbeault dans la circonscription de Laurier-Ste-Marie), en utilisant illicitement la liste des membres du Pacte pour la transition.

En fait, la méthode Guilbeault emprunte beaucoup à la méthode Arruda. Son message est le suivant : Oubliez les milliards versés en aide aujourd’hui à l’industrie pétrolière et ne regardez que le beau côté des choses. Faites comme j’ai fait quand j’ai accepté de faire partie de l’équipe Trudeau. Je me suis bouché le nez sur l’achat du pipeline TransMountain et j’ai regardé ailleurs.

C’est un message similaire à celui envoyé par Arruda tout au long de la pandémie. « Si on ne tient pas compte des CHSLD et de certains quartiers ‘‘chauds’’ de Montréal, tout va bien, la courbe s’aplatit ! » 5 000 morts dans la région de Montréal, dans leur très grande majorité des vieux, y’a rien là !

Et le Québec des régions – la base électorale de la CAQ – d’applaudir ! De célébrer l’unité retrouvée de la nation !  Voilà où nous a conduits la fracture, savamment entretenue pendant des décennies, entre Montréal et les régions et une réduction des aînés à des politiques de fin de vie (L’expression « Mourir dans la dignité » n’a désormais plus droit de cité).

Pendant ce temps, à Ottawa, un autre comité est à l’œuvre. Il est formé de la vice-première ministre Chrystia Freeland, du ministre des Finances Bill Morneau, du président du Conseil du Trésor Jean-Yves Duclos. Il rencontre discrètement des représentants des intérêts pétroliers de l’Alberta et des milieux financiers de Bay Street.

Une de leurs principales préoccupations est d’examiner une alternative au pipeline Keystone XL, depuis que Joe Biden a déclaré qu’il s’y opposerait s’il était élu à la Maison-Blanche. La solution prônée par l’industrie pétrolière de l’Alberta : ressusciter le projet Énergie Est !

 

Crédit photo : (fond) canva.com et (Arruda) Radio-Canada