L’environnement sous respirateur

2020/06/09 | Par Jacques Tétreault

Il fallait s’y attendre. Suite à l’épreuve collective que nous venons de vivre, et qui n’est pas terminée, notre gouvernement ne trouve pas d’autres sources d’inspiration pour une relance économique que l’investissement dans le béton. On a sous les yeux l’évidence des compétences de ce gouvernement. Le béton et le bitume!

Pourtant, les suggestions pour la diversification de notre économie de surconsommation sont nombreuses, mais on ne veut pas sortir des sentiers battus de cette économie mondialisée qui fait le bonheur des super-riches de notre planète.

On a claironné le concept d’achat local pendant le confinement car c’était de bon aloi. De toute façon, les produits n’arrivaient plus aussi facilement d’outre-mer, donc il fallait une solution. Mais maintenant que la tempête se calme, on revient au galop aux anciennes valeurs.

Le lien entre la qualité de l’environnement et la santé publique est pourtant extrêmement bien documenté. Pourquoi ne pas avoir saisi cette occasion pour mousser encore davantage cette notion d’autonomie alimentaire? Pourquoi ne pas investir massivement dans une agriculture plus respectueuse de l’environnement en subventionnant l’agriculture de proximité et biologique; les bandes riveraines si nécessaires à la santé de nos cours d’eau; les circuits courts de production, consommation, recyclage et réutilisation?

Ces concepts sont pourtant bien connus et ont fait leurs preuves.

Non, on revient aux anciennes manières de faire en les favorisant encore plus. On sacrifie les normes environnementales, pourtant bien peu contraignantes, au profit d’une reprise économique axée sur la surconsommation. Comme si la disparition d’un milieu humide pouvait s’échanger contre de l’argent. Comme si le fait de bien considérer les tenants et aboutissants des projets était une perte de temps.

Où sont les principes de précaution et d’écoute attentive de la science qui nous ont été présentés comme la raison principale des décisions prises lors des derniers mois pour lutter contre la COVID-19? On oublie la science de l’environnement au bénéfice de la pseudoscience de l’économie qui sous-tend le retour à l’irrationalité qui guidait les décisions de nos dirigeants.

Que l’on construise et rénove des bâtiments qui ont été délaissés depuis des décennies est une bonne chose. Mais il faudrait le faire de la bonne façon. Les nouvelles technologies créent plus d’emplois que les vieilles techniques de chauffage au mazout ou au gaz dit naturel, par exemple. Avoir recours à des techniques de chauffage et de climatisation telle la géothermie donnerait de meilleurs résultats et nous assurerait une meilleure qualité de vie, tout en utilisant une ressource abondante au Québec, l’hydroélectricité.

La prochaine pandémie sera peut-être celle de la prise de conscience. Malheureusement, il risque d’y avoir encore beaucoup de gens sacrifiés avant qu’on comprenne et qu’on change de cap.

 

Crédit photo : canva.com