Le Bloc Québécois appuie le Traité d’interdiction des armes nucléaires

2020/08/17 | Par Pierre Jasmin

L’auteur est membre des Artistes pour la paix et de Pugwash Canada

Dans les quatre derniers mois, des articles de fond dans l’aut’journal ont été signés par bon nombre de députés du Bloc : Xavier Barsalou-Duval, Yves-François Blanchet, Stéphane Bergeron, Louise Chabot, Christine Normandin, Yves Perron, Simon-Pierre Savard-Tremblay, Mario Simard, Gabriel Ste-Marie, Alain Therrien et Luc Thériault. N’oublions pas la porte-parole en matière d’environnement, une députée choisie comme une des personnalités préférées par ses confrères de tous les partis, Monique Pauzé, appuyée au dossier des changements climatiques par sa consoeur Kristina Michaud (représentant la circonscription de notre allié Gaëtan Ruest, maire d’Amqui de 1998 à 2017) : au nom des Québécois, ces députés interviennent en Chambre des Communes contre la négligence environnementale des gouvernements Libéral et Conservateur.

Forts des accomplissements québécois en hydroélectricité dus notamment à l’opiniâtreté de René Lévesque et à celle de Bernard Landry allié de la nation Crie, les efforts du Bloc se sont tournés en faveur de la sécurité des Grands lacs et de notre fleuve contre la menace de stockage sans garantie de sécurité de déchets nucléaires près de Chalk River[i].

Les députés du Bloc nous représentent splendidement à la Chambre des Communes en luttant aussi contre les projets à onze milliards de $ de construction et d’extension de pipelines TransMountain de pétrole des sables bitumineux, qui bousculent les autochtones dont les Artistes pour la Paix ont appuyé la résistance par le clan héréditaire des Wet’suwet’en en Colombie-Britannique.

 

Une prise de position courageuse

Avec la publication de leur prise de position (à lire en fin d’article), c’est maintenant officiel, les trente-deux députés du Bloc se joignent aux trois députés du Parti Vert et aux vingt-quatre du NPD pour se prononcer, différemment des Libéraux et des Conservateurs, afin que le Canada signe et ratifie le TRAITÉ D’INTERDICTION DES ARMES NUCLÉAIRES. Voté par 122 pays de l’ONU le 8 juillet 2017 lors de sa présentation par l’Ambassadrice du Costa Rica, Elayne Whyte-Gomez, il fut boycotté par 27 des 28 pays de l’OTAN dont le Canada[ii].

Les 5 et 8 août, à travers le monde et ici au pays, eurent lieu des commémorations des 75 ans de l’anéantissement d’Hiroshima et de Nagasaki par des bombes américaines sur un Japon déjà vaincu. Depuis le Prix NOBEL DE LA PAIX (décembre 2017) décerné à l’International Campaign to Abolish Nuclear Weapons (ICAN.org) et à la Nippo-Canadienne Setsuko Thurlow que ma motion a reçue membre à vie de Pugwash, les choses se sont mises à bouger, en partie grâce à son plaidoyer convaincant (merci à l’historien Anton Wagner!) sur la complicité canadienne avec les bombardements de 1945[iii]. Ce plaidoyer vibrant a curieusement été publié par le Globe & Mail et bien résumé par le Toronto Star, mais refusé par les journaux francophones, dont Le Devoir, lorsque les APLP leur ont proposé la version française de la lettre de l’hibakusha (à un Trudeau qui a eu l’impolitesse de ne jamais lui répondre).  

TROIS PARTIS d’opposition s’opposent maintenant officiellement au gouvernement libéral Trudeau et à sa complicité implicite avec les États-Unis de Trump, la France de Macron et la Grande-Bretagne de Johnson, membres de l’OTAN, et avec les six autres pays nucléarisés de la planète : Chine, Corée du Nord, Inde, Israël, Pakistan et Russie.

Ce slogan est l’œuvre du photographe montréalais Bob del Tredici APLP

Déjà signé et ratifié par trente-neuf pays, il ne reste que sept autres signatures pour que le traité devienne force de loi à l’ONU, le traité ayant reçu depuis une semaine la ratification et la signature de quatre pays supplémentaires dont l’Irlande, qu’on avait préférée au Canada pour sa candidature finalement entérinée au Conseil exécutif des Nations-Unies[iv] !

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Déclaration des députés du Bloc Québécois : 75e anniversaire du bombardement nucléaire d’Hiroshima et Nagasaki et interdiction des armes nucléaires

Le 6 août 1945, une arme d’une destruction inégalée est tombée sur Hiroshima au Japon, emportant avec elle de nombreuses vies innocentes. 3 jours plus tard, une autre bombe sème la mort, cette fois à Nagasaki. Jamais le monde n’avait connu tant de destruction en si peu de temps [200 000 morts]. Pour le Bloc Québécois, le seul moyen pour éviter qu’une telle tragédie se produise à nouveau est d’éliminer complètement les armes nucléaires.

75 ans après Hiroshima, avec toutes les avancées technologiques et scientifiques, les armes nucléaires sont aujourd’hui beaucoup plus puissantes qu’en 1945. Certaines armes nucléaires ont même été miniaturisées. Toutes ces armes constituent une menace constante contre notre civilisation. Alors que la fin de la guerre froide nous permettait d’envisager un monde sans arme nucléaire, c’est malheureusement l’inverse qui s’est produit, avec une prolifération d’acteurs étatiques qui possèdent ou développent ces armes. Des acteurs non-étatiques, incluant des groupes terroristes, tentent d’acquérir ces bombes et – si rien n’est fait  – ce n’est qu’une question de temps avant qu’un groupe réussisse. Bien des pays ont une gestion déficiente de leurs armes ou de leurs déchets nucléaires, ce qui ne fait qu’augmenter les risques qu’une arme nucléaire ou radiologique soit utilisée contre des citoyens innocents.

Il est impératif que le Canada soit proactif sur la question de l’élimination des armes nucléaires, en commençant par signer le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires de l’ONU. Le Canada doit également chercher à convaincre les autres États de renoncer aux armes nucléaires et de détruire leurs stocks de façon sécuritaire. Les deux principales puissances nucléaires, les États-Unis et la Russie, doivent montrer l’exemple en prolongeant l’accord New START, qui prendra fin en février 2021 si rien n’est fait. Le Bloc Québécois souhaite également que le Canada prenne au sérieux la gestion de ses déchets nucléaires et que le Canada ne participe d’aucune façon à tout projet qui pourrait mener à une course aux armements nucléaires.

En ce 75e anniversaire du bombardement nucléaire d’Hiroshima et Nagasaki, nous devons faire tout en notre pouvoir pour que cela ne se reproduise plus. Le Bloc Québécois continuera de lutter pour un monde plus sécuritaire, libéré de la menace de l’arme nucléaire.

Cordialement,

Les députés du caucus du Bloc Québécois

 

[i] Un projet similaire près du Lac Huron vient d’être abandonné le 26 juin par Ontario Power Generation (OPG) sous la pression de la nation Saugeen Ojibway, appuyée par les justes revendications d’une coalition de maires canadiens et américains informés par le montréalais Gordon Edwards (ccnr.org) et par le Ralliement contre la pollution radioactive (RCPR) de Lucie Massé et Gilles Provost relayant les critiques de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur la politique canadienne déficiente de gestion des déchets radioactifs.

[iii] Traduit par les Artistes pour la Paix, ce plaidoyer a été transmis aux députés du Bloc à qui on avait aussi remis un exposé historique de l’opposition québécoise au nucléaire, tant civil que militaire : http://www.artistespourlapaix.org/?p=19078

[iv] http://lautjournal.info/20200622/lonu-et-trois-c