Décès tragique de Joyce Echaquan

2020/10/01 | Par Sonia Éthier

L’auteure est présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ)

À titre de présidente de la Centrale des syndicats du Québec, de femme et tout simplement d’être humain, je suis bouleversée par le décès tragique de Joyce Echaquan, Atikamekw de la communauté de Manawan. Les propos et gestes racistes que cette femme autochtone a dû endurer dans les derniers moments de sa vie sont horribles et prouvent que le monstre du racisme systémique, que certains refusent de voir, est bel et bien réel parmi nous.

La vidéo partagée par madame Echaquan, il y a quelques jours, est insoutenable et profondément troublante. Ces scènes sont venues me chercher au plus profond de mon être. Ces quelques minutes d’enregistrement dévoilent à elles seules toute la laideur du racisme et jusqu’à quel point cette haine irrationnelle peut rendre insensible une personne à l’égard d’un autre être humain.

 

Entendre et agir

J’espère de tout mon cœur que cette dame, Joyce Echaquan, n’est pas morte en vain et que ce dernier appel à l’aide qu’elle a envoyé sera entendu de toutes et tous.

L’écho de ses cris enregistrés de son lit d’hôpital doit se faire entendre partout à travers le Québec et le pays. Cet écho interpelle nos dirigeants politiques, à Québec comme à Ottawa, à mettre fin à leur aveuglement volontaire et à reconnaître le cancer du racisme systémique qui ronge notre société de l’intérieur.

Cette femme a été maltraitée et abandonnée alors qu’elle se trouvait dans un hôpital, un endroit où nous devrions tous nous sentir en sécurité, quelle que soit notre origine, la couleur de notre peau, notre langue, nos croyances, notre statut social.

 

Une mort qui ne doit pas être inutile

J’invite l’ensemble de mes concitoyennes et de mes concitoyens à réfléchir à ces événements, particulièrement en ces temps troubles où le vent de l’intolérance souffle trop facilement à la faveur de courants favorables.

Nous sommes tous différents les uns des autres, mais nous sommes tous des êtres humains. Des êtres vulnérables, dont la survie dépend de notre capacité d’être solidaires les uns des autres. Si les appels à l’aide de Joyce Echaquan servent à nous réveiller tous, à mettre fin à la discrimination à l’égard des peuples autochtones, à reconnaître pleinement leurs droits et à dire non à toute forme de racisme et d’intolérance envers qui que ce soit, alors sa mort n’aura pas été inutile.

Je termine en offrant mes plus sincères condoléances aux proches de madame Echaquan, son conjoint et ses enfants, ainsi qu’à l’ensemble de la communauté atikamekw de Manawan.