Lettre à M. Justin Trudeau

2020/10/13 | Par Gilles Lévesque

Depuis des années, on vous voit distribuer des millions et mêmes des milliards ici et là, notamment à des grosses compagnies qui sont déjà riches et qui se servent de vos très généreuses subventions pour payer plus de dividendes à leurs actionnaires qui sont très souvent loin de vivre sous le seuil de la pauvreté et dont il est largement connu que plusieurs cachent une partie de leur fortune dans les paradis fiscaux.

Je ne doute pas le moins du monde que vous connaissiez les statistiques et les études récentes qui démontrent hors de tout doute raisonnable que chez nous comme ailleurs, les riches s’enrichissent de plus en plus tandis que les pauvres s’appauvrissent au même rythme et que ce phénomène s’est amplifié avec la crise sanitaire actuelle. 

Est-il possible M. le premier ministre qu’un homme tel que vous dont la famille est bien connue pour être classée dans les rangs des millionnaires ne sache pas que, particulièrement depuis les débuts de cette pandémie, les prix des aliments et de la plupart des biens et services ont augmentés dans des proportions qui appauvrissent de plus en plus les personnes âgées dans notre pays.

En clair, monsieur, même si j’ai soixante-dix ans, je dois tout de même continuer à me nourrir et à me véhiculer ne fussent que pour le strict minimum  comme les visites aux médecins qui sont plus fréquentes qu’avant pour moi et mon épouse sans oublier le cout de l’habitation et des services connexes qui enfle à chaque années.

Je me demande si vous seriez vraiment surpris d’apprendre que le montant de 613.53$ que j’ai reçu ce mois-ci  pour la «  Sécurité de la vieillesse » est imposable.

Bien des gens dans la même situation sont outrés et choqués qu’en plus de recevoir des miettes dans un pays aussi riche où après avoir travaillé toute une vie on ose leur faire payer des impôts sur le peu qu’ils reçoivent.

Beaucoup de citoyens canadiens ont travaillé toute une vie sans pouvoir avoir le privilège de cotiser à un régime de pension d’entreprise et sans pour autant avoir les moyens d’économiser suffisamment pour leurs vieux jours.

De modestes travailleurs et travailleuses qui élèvent une famille ne devraient jamais être blâmés ni pénalisés de n’être pas devenus riches et à mon humble avis, l’État qui est le premier responsable d’établir des lois et des règlement qui sont justes et équitables ne peut tout bonnement s’en laver les mains.

Les fonctionnaires de l’agence chargée de gérer les sommes versés aux retraités de ce programme m’ont expliqué que je n’ai pas droit au ‘ »Supplément du revenu garanti » parce que je vis avec mon épouse qui elle reçoit une pension d’infirmière du gouvernement du Québec.

Ils m’ont aussi souligné que même si j’avais beaucoup d’argent en banque, ce qui n’est pas le cas, ou des placements très payants, ce qui n’est toujours pas le cas non-plus, j’aurais quand même droit au montant de la Sécurité de la vieillesse si mes revenus ne dépassent pas 77,580 dollars.  Prenez note je vous prie, que si je recevais autant d’argent, je ne me donnerais surtout pas la peine de vous écrire, ça va de soi pour moi et, je le crois bien, pour le gros bon sens de tous les ainés dans une telle situation.
La majorité des gens âgés, sont fiers et détestent se plaindre.

Sachez également M. le premier ministre, que cette pension lui est versée de plein droit et n’est pas un cadeau puisqu’elle a travaillé et contribué avec son propre argent gagné durant près de trente ans et que ce montant qui est loin d’être une fortune est aussi imposé par nos deux paliers de gouvernement dont le vôtre évidemment.

À votre avis, M. le premier ministre, devrais-je, après quarante-cinq ans de mariage, me séparer de mon épouse. pour avoir droit à un montant plus décent qui me permettrait de vivre de façon un peu plus autonome?

Je sais M. le premier ministre que vous avez beaucoup  de chats à fouetter mais j’insiste pour vous rappeler que dans notre beau pays, il y a beaucoup de vieux chats qui en arrachent à l’année longue et qui souhaitent, avant de mourir, être traités avec plus d’équité et de dignité par les élites qu’ils ont contribué à mettre au pouvoir.

Puisque les intentions de cette lettre s’adressent à l’homme et non au politicien,

je vous serais redevable de ne pas ajouter de promesses qui ne débouchent sur aucune action concrète, sachant que les gens qui ont vécu longtemps sont devenus, pour la plupart, allergiques aux vaines paroles.

En terminant, M. Trudeau, j’ose vous poser respectueusement mais sérieusement la question suivante:

Pour vous et votre gouvernement les ainés(es) canadiens sont-ils des laissés pour compte juste bons à voter tous les quatre ans?

J’ose espérer que non, évidemment.