Pour une véritable réconciliation avec les Autochtones

2020/12/07 | Par Sonia Éthier

L’auteure est présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ)

Le 26 novembre dernier, Radio-Canada rapportait que le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, entend intégrer les réalités autochtones dans le programme de formation universitaire des enseignants.

De prime abord, tout geste visant à rapprocher les non-Autochtones de leurs voisins des communautés autochtones est le bienvenu, surtout venant d’un gouvernement qui s’entête toujours à nier l’existence du racisme systémique.

Si l’objectif du gouvernement est de poser un geste vers la réconciliation, c’est un pas dans la bonne direction, mais il a encore un long chemin à parcourir.

 

L’éducation, un droit essentiel

La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) est fière de représenter, depuis bientôt 50 ans, des membres issus des communautés autochtones. Mieux encore, nous nous battons ensemble pour que ceux-ci et leurs communautés obtiennent une pleine reconnaissance de leur statut et de leurs droits.

Au cœur de cette lutte, le droit à l’éducation, dans les meilleures conditions possibles, apparaît essentiel. En effet, l’accès à une éducation de qualité est reconnu comme un moyen de favoriser l’essor et l’amélioration des conditions de vie d’une société ou d’une communauté.

En ce sens, l’éducation doit être la pierre angulaire pour soutenir l’épanouissement des communautés autochtones et répondre à leurs besoins sociaux, culturels et traditionnels. Plusieurs membres de la CSQ travaillent d’ailleurs activement dans ces communautés, en éducation comme en santé. Ils portent en eux le rêve de ces nations autochtones de vivre dans une société plus juste et plus égalitaire.

 

Les conditions incontournables à la réconciliation

Sur cet aspect, je serai très claire : la réconciliation ne pourra jamais être complète tant et aussi longtemps que les communautés autochtones ne bénéficieront pas de conditions de vie dignes et humaines. La réconciliation passe impérativement par l’établissement d’une relation de confiance et de respect mutuels entre les Autochtones et les non-Autochtones.

Si l’éducation est au cœur du développement des peuples autochtones, elle doit être au cœur des rapprochements entre ces peuples et les non-Autochtones. Le chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL), Ghislain Picard, a bien raison de dire que « l’élimination du racisme et de la discrimination doit absolument passer par l’éducation ».

Tout sociologue nous dira que le racisme et la discrimination se nourrissent de la méconnaissance de l’autre.

Faire plus de place aux réalités autochtones dans le cursus enseignant est une volonté louable. Cependant, le gouvernement du Québec doit pousser encore beaucoup plus loin cet effort d’éducation de la majorité non autochtone à une meilleure connaissance des réalités des Autochtones.

Cette approche fera non seulement reculer les préjugés non fondés, mais elle nous enrichira par la connaissance que nous acquerrons des traditions et des coutumes de ces nations millénaires.

 

S’inspirer de René Lévesque

Une chose est certaine, le temps des rapports et des commissions est révolu. C’est bien beau d’entendre, d’écouter et de rédiger des rapports, mais le moment est venu de poser des gestes concrets. Les diagnostics sont maintenant connus, il faut que le gouvernement du Québec parle d’égal à égal avec les chefs des nations afin de concrétiser les appels à l’action et les appels à la justice issus de ces nombreux rapports.

Il doit s’inspirer du gouvernement de René Lévesque et de la motion du 20 mars 1985 qui reconnaissaient les nations amérindiennes et leurs droits fondamentaux tels que le droit à l’autonomie au sein du Québec, le droit à leur culture, à leur langue, à leurs traditions, le droit de chasser, de pêcher, de piéger, de récolter et de participer à la gestion des ressources fauniques et le droit de participer au développement économique du Québec et d’en bénéficier.

Bref, le Québec avait, à ce moment, à sa tête un premier ministre qui rompait avec l’attitude paternaliste et supérieure à l’égard des Autochtones pour plutôt les considérer comme ils sont, c’est-à-dire des partenaires à part entière. Il est temps que le gouvernement actuel s’en inspire et mette en œuvre des actions concrètes tant attendues!

 

Une grande leçon de l’histoire

Je terminerai en nous rappelant que, fondamentalement, si nos ancêtres n’avaient pas bénéficié de la générosité et de l’accueil des peuples autochtones, aucun d’entre nous ne serait ici aujourd’hui. C’est à notre tour de leur démontrer du respect et de la reconnaissance, comme ils l’ont fait envers nous par le passé. Il est urgent de passer à l’action pour une véritable réconciliation.