Le Canada censure les Nations Unies

2021/01/25 | Par Pierre Jasmin

Depuis ce Prix Nobel de la Paix de 2017, Trudeau a toujours refusé de rencontrer Setsuko

L’auteur est membre des Artistes pour la paix

SIX PERSONNALITÉS POLITIQUES CONFRONTENT AVEC COURAGE TRUDEAU

La veille de l’entrée en vigueur à l’ONU du crucial et historique Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN), une sénatrice indépendante, un ex-sénateur ancien député du parti conservateur et quatre parlementaires des quatre autres partis représentés aux Communes confrontaient le gouvernement Trudeau, qui depuis, a gardé son mutisme complice de l’OTAN. Qui sont ces six braves ? Alexis Brunelle-Duceppe du Bloc québécois, Nathaniel Erskine-Smith du Parti libéral, Elizabeth May du Parti vert, la sénatrice Marilou McPhedran, Heather McPherson du NPD et l’ex-sénateur canadien et Ambassadeur pour le désarmement, Douglas Roche OC, ont tenu une conférence de presse conjointe d’une heure pour marquer l’entrée en vigueur historique du TIAN. À regarder sur le facebook de Heather MacPherson[i].

Alexis Brunelle-Duceppe a articulé en français une position nettement plus affirmée que celle en anglais du 19 novembre[ii] : le BLOC semble plus résolu que jamais en faveur de la signature du Canada au TIAN. Alexis a eu la générosité de souligner le courage du député libéral Erskine-Smith qui comme la sénatrice McPhedran a demandé à Trudeau de faire preuve du même courage que Brian Mulroney anti-apartheid et que Jean Chrétien anti-mines antipersonnel, d’ailleurs partisan de signer au nom du Canada le TIAN. Comment, s’est-on unanimement indigné, comment peut-on hésiter à dénoncer des armes de destruction massive qui s’attaquent en majorité aux civils ? Alexis a en plus ouvert la porte à dénoncer la politique libérale laxiste face aux déchets nucléaires, attaquée par Gordon Edwards, PhD. Le discours de Douglas Roche, plus fort que jamais, a dénoncé la lâcheté des Freeland, Garneau et Trudeau, rappelant que le Canada depuis 75 ans avait plutôt l’habitude de se trouver du côté des initiatives de paix de l’ONU.

 

COMMUNIQUÉ DE PRESSE A MARI USQUE AD MARE

Le communiqué de presse suivant est resté lettre morte, vu la censure généralisée de nos médias, tout comme ceux des 9 pays armés de bombes nucléaires, nos soi-disant alliés Grande-Bretagne, France et États-Unis + 25 autres pays membres de l’OTAN, dont évidemment le Canada de Trudeau. Voici donc ce communiqué, conçu pour informer la population :

« Des Canadiens d’un océan à l’autre se joignent le 22 janvier à des sympathisants du monde entier pour célébrer l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, 90 jours après le Honduras, devenu le 50e État à ratifier ce traité historique.

Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a proclamé que l’entrée en vigueur de ce Traité était «l’aboutissement d’un mouvement mondial visant à attirer l’attention sur les conséquences humanitaires catastrophiques de toute utilisation d’armes nucléaires. Le TIAN représente un engagement significatif en faveur de l’élimination des armes nucléaires, la plus haute priorité des Nations Unies en matière de désarmement. »

Mme Setsuko Thurlow, maintenant citoyenne canadienne qui a survécu au bombardement atomique d’Hiroshima à l’âge de 13 ans, a déclaré: «Quand j’ai appris que nous avions atteint notre 50e ratification, je pouvais à peine tenir debout. Je suis donc restée assise sur ma chaise, ma tête entre mes mains et j’ai pleuré de joie. Je me suis imaginée échanger avec les esprits de centaines de milliers de personnes qui avaient perdu la vie à Hiroshima et Nagasaki. Je n’ai que de la gratitude pour tous ceux qui ont œuvré au succès de ce traité ». Mme Thurlow a consacré sa vie à l’abolition de l’arme nucléaire, a reçu l’Ordre du Canada et a été honorée comme co-récipiendaire du prix Nobel de la paix 2017, accordé à la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICANW.org) et à sa directrice exécutive, Beatrice Fihn.

 

PERSPECTIVE

Négocié en 2017, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires interdit légalement en toutes circonstances, le développement, la fabrication, la production, les essais, l’acquisition, le stockage, le transfert, le stationnement, l’utilisation ou la menace d’usage des armes nucléaires. Il oblige également les États parties à fournir une assistance aux victimes, celles des bombardements nucléaires au Japon, et celles des plus de 2000 essais nucléaires menés dans divers endroits du monde depuis 1945.

Bien que le Traité ne lie juridiquement que les nations qui choisissent d’y adhérer, il établit de nouvelles normes mondiales et est largement considéré comme une contribution majeure au droit international humanitaire, complémentaire du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), entré en vigueur en 1970.

Approuvé par 122 pays à l’Assemblée générale des Nations Unies en juillet 2017 suite à la présentation par Elayne Whyte-Gomez ambassadrice du Costa Rica, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires compte actuellement 86 signatures et 51 ratifications.

Malheureusement, les neuf États dotés d’armes nucléaires et leurs alliés – y compris le Canada – ont boycotté la négociation de ce traité et continuent de le dénoncer.

Des organismes de la société civile de partout au Canada ont demandé au gouvernement de tenir un débat sur le Traité au Parlement et de permettre au Comité permanent des affaires étrangères et du développement international de tenir des audiences publiques sur le rôle du Canada dans la promotion du désarmement nucléaire. »

 

PORTE-PAROLES

  • Earl Turcotte, Réseau canadien pour l’abolition de l’arme nucléaire (Ottawa)
  • Paul Meyer, président, Conférences Pugwash Canada (Colombie Britannique)
  • Cesar Jaramillo, directeur exécutif, Project Ploughshares (Waterloo, Ontario)
  • Nancy Covington, Voix des Femmes Canada (Halifax)
  • Pierre Jasmin, Les Artistes pour la Paix, Pugwash Canada (Estrie, Québec)

 

ACTIONS DIVERSES

  1. Les 18 et 20 janvier, la société civile a publié une annonce bilingue dans le Hill Times appelant le gouvernement du Canada à tenir un débat parlementaire sur le Traité et des audiences publiques au Comité permanent des affaires étrangères et du développement international sur le rôle du Canada dans la promotion du désarmement nucléaire. Un lien vers l’annonce se trouve sur le site Web de l’Institut canadien de politique étrangère , ainsi que sur le site des Artistes pour la Paix. On y remarquera la signature de Québec Solidaire.
  2. Le 21 janvier à 10 h HNE (lire ce point important au premier paragraphe de l’article).
  3. Le 20 janvier, le Réseau canadien pour l’abolition des armes nucléaires lance un appel à l’action sur le désarmement nucléaire adressé au premier ministre et à ses collègues du Cabinet comprenant 17 recommandations pour rendre le Canada efficace dans la campagne mondiale visant à débarrasser le monde des armes nucléaires (voir le site Web CNANW.ca, dont hélas toutes les communications depuis le 19 mai 2019 semblent unilingues anglaises).
  4. Pétition en soutien du traité: Elizabeth May parraine une Pétition électronique bilingue[iii] demandant au gouvernement du Canada d’adhérer au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. Comptant déjà plus de 1200 signatures, elle reste endossable jusqu’au 6 février. Son contact et initiatrice est la Dr Nancy Covington.
  5. Les Artistes pour la Paix ont de plus créé une courte rétrospective en photos de leur lutte avec tant d’alliés non-gouvernementaux contre la bombe nucléaire[iv].

 

En conclusion, tout comme de nombreux autres alliés tel Échec à la guerre dont l’article dans La Presse a été caviardé[v], les APLP réclament un débat parlementaire ouvert au public. Que nos médias censurent une demande aussi simple montre qu’ils sont achetés par le complexe militaro-industriel pour agir contre l’ONU et la démocratie (lire notre autre article sur l’OMS).