Pertes massives de la Caisse de dépôt dans les énergies fossiles

2021/02/18 | Par Coalition

Une nouvelle analyse de la coalition Sortons la Caisse du carbone met en lumière les pertes de rendement cumulées par la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) dans le secteur des énergies fossiles au cours de l’année 2020 ainsi que des 10 dernières années. L’Analyse du rendement du « Carbone 50 CDPQ », soit les 50 principaux investissements de la CDPQ dans les énergies fossiles, permet de constater une baisse de 57,6 % de la valeur de ce portefeuille entre 2011 et 2020, ceci pendant que les principaux indices comparatifs ont doublé de valeur. 

 

2020 la pire performance en 10 ans

À titre d’exemple, la Caisse aurait permis aux Québécois(es) d’obtenir un rendement supérieur de 16,2 milliards si l’argent du Carbone 50 avait été désinvesti et placé entre 2011 et 2020 dans le marché mondial sans énergies fossiles (MSCI ex fossil fuel CAD).

L’analyse, signée par Sébastien Collard, relève que le groupe d’entreprises formant l’indice Carbone 50 CDPQ a enregistré l’année dernière sa pire performance en 10 ans. En 2020, la valeur du Carbone 50 CDPQ a chuté de 31,6 %, ce qui constitue une perte de 2,4 milliards. Cette chute de valeur s’est produite alors que les principaux indices boursiers mondiaux ont réussi à atteindre un rendement positif malgré la pandémie. Si l’argent du Carbone 50 CDPQ avait été placé dans le marché mondial sans énergies fossiles (l’indice MSCI ACWI ex Fossil Fuel), les Québécois(es) auraient vu la valeur de leur épargne collective augmenter de 4,2 milliards de dollars en 2020. 

 

Citations

Sébastien Collard, co-porte-parole de la coalition, considère que « notre analyse montre que la prédiction faite en 2015 par Mark Carney, ancien directeur de la banque d’Angleterre, à l’effet que les placements dans les énergies fossiles deviendraient des actifs échoués est maintenant une réalité pour les gestionnaires de portefeuilles. La Caisse avait devant les yeux des indicateurs clairs d’une transition technologique rapide et massive et son incapacité de protéger l’épargne par le désinvestissement montre qu’elle doit se doter d’une culture et d’outils pour gérer objectivement des portefeuilles constitués d’industries faisant face à la concurrence des nouvelles technologies. La coalition présente des pistes de solutions pour éviter la répétition de cet échec ». 

Pour Mélanie Busby, co-porte-parole de la coalition, « il est difficile pour une mère de comprendre que l’épargne collective des Québécois(es) demeure placée dans une industrie aussi polluante que les sables bitumineux. Et quand ce secteur est la cause d’une perte supérieure à un milliard, uniquement pour l’année 2020, ça devient simplement révoltant ».

Selon Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada, « en refusant d’écouter nos appels à désinvestir complètement des énergies fossiles, les dirigeants de la Caisse ont contribué à aggraver la crise climatique et ont littéralement troué le « bas de laine des Québécoises et Québécois » qui ont collectivement perdu des milliards. La Caisse doit sortir du carbone une fois pour toute, désinvestir rapidement des énergies fossiles et investir dans les solutions permettant une relance juste et verte. »

Selon Sabaa Khan, directrice générale pour le Québec et l’Atlantique à la Fondation David Suzuki, « la Caisse, comme gestionnaire d’actifs, a l’obligation fiduciaire de veiller aux intérêts de la population québécoise. La prise en compte de l’environnement fait clairement partie de cette obligation fiduciaire. La Caisse, en ne tenant pas compte suffisamment des risques financiers liés au climat, nuit à l’avenir des futures générations du Québec. Elle investit l’argent de demain dans les industries du passé. »

Pour Diego Creimer, responsable, solutions naturelles pour le climat et relations gouvernementales à la Société pour la nature et les parcs du Canada, « en 2020, les détenteurs d’actions de sociétés construisant des véhicules électriques ont connu des gains extraordinaires. Le PDG d’une société très connue dit choisir d’investir dans les technologies qui permettent de répondre aux grandes menaces auxquelles fait face l’humanité. À l’inverse, la Caisse a connu en 2020 ses pires pertes avec des sociétés responsables de l’une des plus importantes menaces auxquelles est confrontée l’humanité ». 

Le rapport complet.