Si vous pensez être vous, détrompez-vous

2021/02/19 | Par L’aut’journal

Si vous pensez être vous, détrompez-vous.

Votre ADN – ce code qui commande l’intégration des acides aminés corrects dans les connes protéines au bon moment, dans le bon ordre et aux bons endroits, plusieurs dizaines de milliers de milliards de fois, vous donnant ainsi un corps – n’est pas comme un programme informatique. Ce code n’est ni parfait, ni fiable, ni définitif. Les séquences ADN ressemblent plutôt au dialogue dans une pièce de théâtre; il peut y avoir un texte, mais le résultat dépend de l’environnement dans lequel les lignes sont jouées. Roméo et Juliette peut varier en qualité et en ton selon la manière dont la pièce est produite, des productions les plus sophistiquées de la Royal Shakespeare Company à la plus simple représentation d’une école primaire.

Le code ADN fonctionne un peu de la même manière. À quelques exceptions près, nos scénarios personnels sont tous uniques, mais la façon dont ils sont joués varie grandement selon l’époque et l’endroit dans le monde où ils sont produits.

Notre corps ne se résume pas à l’expression d’un code. Nous pensons que nous sommes le résultat de nos gènes uniques, mais notre corps a également besoin d’un environnement pour le façonner. Pour qu’un corps fonctionne correctement, il lui faut un habitat approprié, et, quand une friction ou des tensions surviennent entre le corps et son habitat, de l’inconfort, des pathologies, des maladies et la morbidité peuvent alors s’installer. Un code génétique mal assorti à son environnement est annonciateur de problèmes pour son hôte (…)

Parmi un certain nombre d’espèces, il semblerait qu’Homo sapiens ait été la seule à être suffisamment adaptée pour pouvoir survivre aux sévères changements climatiques de Pléistocène et de l’Holocène. Il reste à voir comment Homo sapiens se débrouillera dans l’Anthropocène ; il convient de se méfier d’une espèce qui se nomme elle-même selon le mot latin « sage ». D’ailleurs, certains pensent qu’il serait plus correct d’utiliser la terminologie Homo sapiens sapiens pour désigner l’humain moderne, qui est sans doute plus intelligent et plus techniquement capable que ses ancêtres : il serait si sage qu’il faut répéter le concept.