Lettre de la coalition haïtienne au Canada contre la dictature en Haïti

2021/03/03 | Par CHCCDH

La Coalition haïtienne au Canada contre la dictature en Haïti (CHCCDH) — un regroupement d’une trentaine d’organisations et d’individus récemment formé à Montréal — exhorte monsieur Justin Trudeau à réviser la politique du Canada vis-à-vis d’Haïti au nom de la souveraineté d’Haïti et du droit à l’autodétermination de son peuple.

La CHCCDH est hautement préoccupée par la situation politique d’Haïti et par l’appui inconditionnel qu’apporte le Canada au pouvoir illégitime et inconstitutionnel de monsieur Jovenel Moïse dont le mandat est arrivé à terme le 7 février 2021 selon l’article 134-2 de la constitution haïtienne amendée. Le gouvernement canadien appuie et finance la dictature au pouvoir ainsi que la police nationale d’Haïti qui a été transformée en milice du pouvoir. Ce faisant, il soutient des criminels en Haïti. Nous estimons que cela constitue un viol de l’éthique et des principes de non-ingérence qui doivent guider les relations du Canada avec Haïti.

Rappelons que des massacres sont perpétrés quotidiennement sous la dictature de Moïse par des gangs armés qui s’en prennent à la population des quartiers populaires. Ces gangs opèrent en toute quiétude jusqu’à exiger et obtenir la révocation d’un ministre. Les kidnappings et les assassinats sont devenus le quotidien du peuple haïtien.

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L’ONU a recensé 234 cas d’enlèvements en 2020. La terreur se répand et s’installe. La police nationale, transformée en bras armé de l’État, réprime les protestations citoyennes, persécute les opposants politiques et cible les journalistes. Les exécutions sommaires, les arrestations arbitraires, l’usage de balles réelles dans les manifestations organisées par des opposant.e.s au gouvernement sont devenus la norme. Personne n’est épargné dans cette vague de répression. Le peuple haïtien rejette de toutes ses forces cette nouvelle dictature qui bafoue les droits les plus élémentaires des citoyen.ne.s.

Pour assurer sa pérennité, Moïse a mis en place un Conseil électoral provisoire non assermenté et inconstitutionnel qui a pour mission d’organiser les prochaines élections qu’il planifie avec la complicité du Canada, des Nations-Unies, de l’OEA et d’autres pays de la communauté internationale. Au regard des principes fondamentaux de la démocratie et des droits de la personne, nous convions le Canada à se désolidariser du projet dictatorial de Jovenel Moïse qui a déjà commencé à piétiner tous les acquis démocratiques du peuple haïtien.