Budget CAQ et violence conjugale

2021/03/26 | Par Alliance MH2

C’est avec une grande déception que l’Alliance des maisons d’hébergement pour femmes et enfants victimes de violence conjugale (Alliance MH2) accueille le dépôt du budget provincial 2021-2022. Si quelques prévisions budgétaires s’annoncent positives comme une enveloppe budgétaire bonifiée pour la DPJ, le constat global demeure un manque flagrant d’actions structurantes pour faire face aux défis que pose la violence conjugale, comme la triste actualité nous le confirme.

« Nous dénonçons vigoureusement le budget présenté ce jour qui n’apporte aucuns moyens pour mettre en œuvre les réformes structurelles sur la table du gouvernement ! Alors qu’il planifie des montants sur 5 ans, rien n’est provisionné pour faire atterrir les recommandations des experts et du coroner concernant le système de justice qui pénalise les femmes victimes de violence conjugale. »

Gaëlle Fedida, coordonnatrice aux dossiers politiques pour l’Alliance MH2

Alors que nous traversons un moment tragique avec 7 féminicides en contexte conjugal en 7 semaines, nous constatons que le gouvernement est loin d’être prêt à se mettre en action à la vitesse nécessaire pour répondre à l’ampleur des enjeux qui en découlent. Les rapports du comité des experts sur l’accompagnement des victimes d’agressions sexuelles et de violence conjugale et du Coroner en chef ont été déposés en décembre. Or, quatre mois plus tard, aucune des 220 recommandations émises ne semble être intégrée dans le présent budget. Pourtant nous voyons des prévisions sur les 5 prochaines années dans plusieurs secteurs. Le gouvernement n’a pas considéré que « Rebâtir la confiance » dans le système judicaire impliquera des investissements majeurs et pluri-annuels ?

Le manque de vision à long terme est également flagrant dans le développement des initiatives en logement social. « On nous annonce 500 nouvelles unités de logement social, quand il en faut 5000 par an pour combler les besoins. Les MH2 à elles seules attendent 106 nouvelles unités » souligne Mme Fedida. De plus les femmes ont besoin de logements sociaux pour leur garantir une stabilité résidentielle et leur donner l’occasion de véritablement briser le cycle de la violence conjugale. Il est incompréhensible que le Québec ne pose pas d’objectifs ambitieux en logement social puisque le Fédéral y déverse des milliards.

Nous déplorons de plus une réduction du financement de 3M $ du Secrétariat à la Condition féminine (SCF), pour un retour à son financement pré-COVID. Considérant que M. Legault s’est montré, plus tôt cette semaine, fermé à la mise sur pied d’un secrétariat à la coordination de l’implantation des mesures du rapport du comité d’experts, la tâche reviendra au SCF qui devra ainsi déployer un éventail de mesures structurantes pour réformer l’accompagnement des victimes de violence conjugale et d’agressions sexuelles avec des ressources extrêmement limitées pour accomplir ce mandat.

L’Alliance demeure peu surprise du manque d’initiatives structurantes pour les femmes. « On ne pouvait toutefois s’attendre à un résultat différent puisqu’aucune analyse différencié selon les sexes et intersectionnelle n’a été préalablement réalisée pour l’élaboration spécifique de ce budget. » rapporte Mme Fedida. Finalement, si le gouvernement, a affirmé qu’au besoin il déploiera des sommes supplémentaires pour venir en aide aux femmes victimes de violences, nous espérons qu’il ne tardera pas à ajuster le financement afin de mettre en place les réformes de fond que demandent les groupes de femmes.  

 

À propos de l’Alliance :

L’Alliance des maisons d’hébergement de 2e étape pour femmes et enfants victimes de violence conjugale compte 26 maisons membres, dont l’objectif principal est la prévention de l’homicide conjugal. Elles offrent des services spécialisés en violence conjugale postséparation au premier chef la mise en sécurité physique, le premier critère d’admission est la dangerosité de l’ex-conjoint. Ceci concerne 8% des femmes qui, au départ d’un refuge d’urgence, vivent des enjeux de sécurité majeurs du fait de la dangerosité du conjoint. Elles hébergent plus de 500 femmes et enfants par année dans 140 chambres ou appartements.