Les inégalités, encore et toujours…

2021/04/27 | Par Michel Saint-Laurent

Notre monde mondialisé a fait naître, entre les pays, des inégalités de toutes sortes. Celles-ci sont aussi présentes à l’intérieur des pays. Surtout financières, elles continuent de croître. Des études ont révélé que la pandémie a même permis aux plus riches individus ou organisations de s’enrichir encore davantage.

Le 1 % de privilégiés et les méga entreprises voguent sur une vague déferlante qui s’amplifie. Plus rien ne les arrête. Un rapport récent d’Oxfam brosse un portrait peu reluisant. Saviez-vous que près de la moitié des habitants de la planète se contente de vivre avec 5,50 $... par jour? Par ailleurs, la fortune des 1000 milliardaires les plus fortunés totaliserait 11 950 milliards de dollars, ce qui équivaut aux sommes dépensées à ce jour par les gouvernements du G20 pour faire face à la pandémie. Malgré la crise sanitaire, les riches ont vite retrouvé leurs coussins moelleux. Les contraintes imposées aux vols commerciaux ont même vu une forte hausse (15%) des ventes de… jets privés. Quand on peut, on veut!

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Des vaccins manquants

Mais il n’y a pas que les inégalités de revenus. Il y a aussi celles d’ordre… sanitaire.

Sur le plan international, en pleine pandémie, les inégalités quant à l’accès aux vaccins afin de contrer la COVID-19 sont flagrantes et… indécentes, pour dire le moins.

Le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), M. Tedros Adhanon Ghebreyesus a affirmé, récemment, que « l’inégalité d’accès aux vaccins contre la COVID entre pays riches et pauvres se creuse et devient grotesque ». Ce sont là des paroles dures. Il a rajouté que cela pourrait faire en sorte que le virus prenne le monde en otage pendant encore plusieurs années.

Il a parlé d’un « échec moral catastrophique » si des mesures urgentes n’étaient pas prises pour assurer une distribution équitable des vaccins anti-COVID. « Nous avons les moyens d’éviter cet échec, mais il est choquant de constater à quel point peu de choses ont été faites pour l’éviter, » a-t-il déclaré en conférence de presse.

Créé par l’OMS, le système international COVAX vise à fournir, cette année, des doses à 20 % de la population de près de 200 pays et territoires. Il comporte un mécanisme de financement visant à aider 92 pays défavorisés. Il a permis, jusqu’à maintenant, de distribuer plus de 31 millions de doses dans 57 pays.

Or, plus de 455 millions de doses ont actuellement été administrées dans le monde, dont plus d’un quart aux États-Unis. Israël est, de loin, le pays le plus en avance, avec près de 60 % de sa population ayant reçu au moins une injection. Par contre, les Palestiniens des Territoires occupés et de Gaza, pour la plupart, attendent leur tour… L’apartheid d’État en pleine action!

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Globalement, seulement 0,1 % des doses administrées dans le monde l’ont été dans des pays à faible revenu, manière polie de dire « pauvres », là où habite la majorité des habitants de la planète. À titre d’exemple, à ce jour, l’Afrique du Sud et la Thaïlande n’ont vacciné qu’un maigre 1 % de leur population. Les pays à revenu élevé, ou riches, regroupant 16 % de la population mondiale ont, quant à eux, administré plus de la moitié des doses injectées, soit 56 %.

Mais alors, en quoi ces disparités peuvent-elles nous affecter, ici au Québec? En ce moment, après un lent début, la vaccination semble bien avancer. Ici aux Îles, tous les citoyens et citoyennes qui le désirent devraient, bientôt, avoir pu recevoir leur première dose. Tant mieux pour nous, direz-vous! Or, en cette ère de mondialisation, ce qui se passe ailleurs, même dans des pays lointains, peut nous toucher.

Les échanges économiques planétaires, le tourisme, cela peut avoir une incidence sur notre propre vie. Le virus, parti de la Chine, ne connaît pas de frontières. Ajoutons à cela les flux migratoires. Dans de nombreux pays, en proie à des guerres ou à des difficultés économiques, les gens prennent la route, en quête d’un meilleur sort. La mondialisation n’a pas fait que des heureux…! Parlez-en aux milliers de migrants de certains pays pauvres d’Amérique centrale, Honduras, Salvador, Guatemala qui, en ce moment, viennent frapper à la porte des États-Unis. Certains pourraient, bientôt, se retrouver à nos portes…  

« Si nous ne mettons pas fin à cette pandémie le plus rapidement possible, elle peut nous prendre en otage pendant de nombreuses années encore. C’est pour cela que nous disons que le partage des vaccins, en solidarité, est dans l’intérêt de tous les pays, » répond M. Tedros.  À bon entendeur!