Le pied à Papineau

2021/05/07 | Par Robin Philpot

Les prix Iris de Québec Cinéma seront remis le 10 juin prochain, mais sans l'un des meilleurs films québécois de 2020, Les Rose de Félix Rose. Jules Falardeau et Émile Bilodeau ont écrit une lettre ouverte, signée par beaucoup d'autres personnalités, où ils demandent à Québec Cinéma de revoir cette décision.

Dans cette entrevue, Jules Falardeau explique pourquoi il trouve l'exclusion des Rose inacceptable. Il élabore sa pensée à partir de la phrase: « Contrairement à partout ailleurs sur la planète, rien n’est jamais politique au Québec. »

Il rappelle aussi que la censure s'est toujours bien portée au Québec, de Gilles Groulx, à Pierre Falardeau en passant par Denys Arcand. Il cite les débats au sein de Téléfilm Canada lorsqu'ils ont refusé de financer le film 15 février 1839 où la défense de l'unité canadienne était la principale préoccupation, non pas l'oeuvre artistique.

Jules Falardeau donne aussi des exemples de censure ailleurs dans le monde, parfois très subtile parfois pas subtile du tout. La censure au Canada et au Québec se fait en douceur où il semble avoir une volonté de faire semblant qu'on est tous d'accord sur tout. Ce qui est très très loin de la réalité.

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Crise sanitaire en Inde: une crise politique surtout: Jooneed Khan

Arundhati Roy, grande écrivaine indienne, a lancé un cri d'alerte sur la grave crise que vit l'Inde sous le gouvernement hindouiste et anti-musulman de Narendra Modi: « Nous subissons un crime contre l'humanité » écrit-elle et Modi doit partir.

Selon Mme Roy, ce n'est pas que le réseau de santé a failli, mais que ce réseau n'existe à peu près pas. Ce n'est pas un gouvernement en échec, mais de la négligence criminelle.

Dans cette entrevue, Jooneed Khan explique l'origine de cette crise en Inde et observe que ce que Mme Roy décrit n'est que la pointe de l'iceberg. Il ajoute que l'Inde de Modi suit le même trajet d'autres régimes de droite, dont le Brésil de Bolsonaro et les États-Unis de Trump, les trois pays dont la crise de la Covid est le pire au monde.

 

Édition numérique de l'aut'journal  https://campaigns.milibris.com/campaign/608ad26fa81b6a5a00b6d9fb/

 

La source du problème, selon Khan, c'est le système féodal de castes qui sévit toujours en Inde. Il compare l'Inde, qui compte une population de 1,3 milliards, à la Chine, qui compte un peu plus encore. L'Inde se trouve dans le peloton de queue en termes de décès dus à la Covid, alors que la Chine se trouve dans le peloton de tête.

La grande différence: la Chine a connu une grande révolution sous Mao et d'autres, ce qui a changé tout dans la société chinoise; l'Inde, pas du tout.

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DO NOT DISTURB de Michela Wrong est accablant pour Kagame/Kigali

DO NOT DISTURB, THE STORY OF A POLITICAL MURDER AND AN AFRICAN REGIME GONE BAD de Michela Wrong est un autre pavé dans la mare de Kigali et de Paul Kagame, mais aussi dans celui des pays qui l'appuient malgré tout, dont les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni et, aujourd'hui la France.

Avis aux journalistes: Mme Wrong a déjà déclaré qu'elle regrettait d'avoir été séduite par le FPR--elle était au Rwanda en 1994--et qu'elle avait honte d'être parmi ceux et celles qui l'ont été.

Les preuves et témoignages qu'elle présente amènent inéluctablement à conclure qu'un examen complet du drame rwandais s'impose. En cela, elle rejoint l'ex-procureure du Tribunal pénal international pour le Rwanda, Carla Del Ponte, qui avait dit en 2000, s'il s'avère que le FPR a abattu l'avion du président Habyarimana, il faudrait réécrire l'histoire du génocide rwandais.

Le point de départ de Mme Wrong est l'assassinat du frère d'armes de Kagame et ancien chef du Service de renseignements rwandais, Patrick Karageya, le 31 décembre 2013. Elle l'avait interviewé souvent. À cela, s'ajoute les témoignages de Kayumba Nyamwasa, ancien chef des forces armées rwandaises, mais aussi des dizaines d'autres personnes issues du FPR. Parmi les informations à retenir:

1. Kagame et le FPR ont commandé l'attentat du 6 avril 1994 contre l'avion du président Habyarimana
2. L'attaque du 1er octobre 1990 était une invasion, pas une insurrection.
3. Le FPR a attaqué le Rwanda non pas pour partager le pouvoir mais pour le prendre complètement.
4. Les services rwandais sont formés par le Mossad
5. Toute la richesse "rwandaise" est volée du Congo; ce qui était la raison d'être des guerres au Congo
6. Pour les élections rwandaises, l'entourage de Kagame se réunissait pour décider le pourcentage que Kagame allait avoir.

Et beaucoup plus.

Notez: il y a des bémols à mettre sur ce livre mais ce sera pour une autre chronique.

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