Réserves autochtones : Le Québec est-il coresponsable de la situation?

2021/08/20 | Par L’aut’journal

Je voudrais rectifier les informations qui sont publiées dans L’aut’journal, juillet-août no. 398.
Monsieur André Binette signe un texte « le Québec est coresponsable de la situation »
Cet article nous rapporte une interprétation historique qui est fausse à sa face même. Les grands propriétaires britanniques des terres du Canada-Uni (Québec-Ontario) avaient le pouvoir économique et POLITIQUE du Canada-Uni, l’Acte d’union de 1841 enlève le pouvoir politique du Bas-Canada (Québec) et ainsi à partir de ce moment jamais plus les Canadiens-Québécois n’ont eu le pouvoir dans ce pays.

Le parlement de l’Acte d’union 1841 était composé de 42 députés Canada-Ouest (Ontario) et 42 députés Canada-Est, alors que le Canada-Est (Québec) a quelques comtés anglophones. Ainsi, donc les Canadiens français devenaient minoritaires au Canada et pour toujours.

Faire porter la « coresponsabilité » des premières réserves autochtones au Québec est une fausseté, les responsables de cette atrocité sont les décideurs britanniques de la colonie du Canada-Uni et leurs alliés propriétaires des compagnies qui ont exploité les ressources forestières des autochtones.

Les Québécois, les Acadiens et les Autochtones ont subi les décisions racistes des décideurs de ce pays. Malgré la responsabilité des Anglais et des Canadiens anglais, le Québec a dû essayer de survivre à son appauvrissement… Près de la moitié de la population québécoise a émigré vers les États-Unis pendant qu’arrivaient au Canada des milliers d’immigrants européens à qui on fournissait des terres…
Pour les Autochtones au 19e et 20e siècle, la solution fut de les acculturer, les Acadiens eux ont été dispersés au 18e siècle.

Si le Québec a pu se relever, c’est surtout la force du nombre qui lui a permis de reprendre une partie de pouvoir… toujours contrôler par les lois canadiennes. Notre enrichissement a permis d’offrir à des communautés autochtones des solutions (ex. Baie-James) pour leur permettre de profiter de cette richesse. Encore dernièrement, une nouvelle entente sur l’énergie éolienne permettra au peuple innu d’avoir des redevances pour toujours sur cette richesse et souhaitons que d’autres nations autochtones puissent participer de la richesse du territoire.

Je vous prie de demander à Monsieur Binette d’apporter des corrections à son texte pour s’assurer de présenter la réalité des lois de 1851 et d’arrêter de répandre une fausse interprétation de notre histoire.
Merci
Alain Brunet (retraité)
Prof. D’histoire au secondaire
 

Réponse d’André Binette

J’aimerais que M. Brunet me cite un seul député québécois, fédéral ou provincial ou du Canada-Uni depuis 1851 jusqu’à 1976, qui s’est opposé à la politique canadienne envers les Autochtones et en particulier aux pensionnats autochtones.

La réponse de ce professeur d’histoire repose sur une profonde ignorance des réalités les plus fondamentales de l’État fédéral-provincial canado-québécois lors de sa fondation et à certains égards jusqu’à ce jour. Cette vision de l’histoire est une pure fumisterie et une mythologie nationale qui dessert le Québec considérablement.

Je serais très heureux de confronter cette étroitesse d’esprit dans un débat et je la combattrai fermement chaque fois que j’en aurai l’occasion.
 

Réplique d’Alain Brunet

Monsieur, votre réponse à ma critique n’a pas la profondeur d’analyse d’un historien, il est malheureux que vous ne teniez pas compte de la réalité historique de l’époque, vous connaissez la réalité de la société entre 1841 et 1975 ?  Le pouvoir, la science, les connaissances, etc. 

L’histoire est une science humaine qui tente d’établir la meilleure des interprétations de la réalité historique… les influences que subissent les historiens se doivent d’être reconnues et soupesées pour une juste lecture de la réalité historique.

Lorsqu’on se met à l’étude de l’histoire, il y a une prémisse de base qui devrait nous guider pour une plus juste approche de la réalité passée, surtout être certain de ne pas lire l’histoire à l’œil d’aujourd’hui. En vous lisant, il est évident que votre regard est entaché de ce vilain biais, les intellectuels appellent ce fichu penchant : faire du révisionnisme

Même si le peuple du Québec n’a pas été de toutes les luttes des nations autochtones vous m’envoyez le défi de vous fournir UNE preuve de notre opposition à la politique canadienne envers les Autochtones et bien Monsieur retourner dans vos livres d’histoire et vous découvrirez l’appui massif de la population du Québec (manifestations monstres à Montréal  fin 19e siècle ….) et de son gouvernement à la pendaison du chef métis, Louis Riel… celui-ci  avait, quelle horreur, instauré une province canadienne « autochtone » (le Manitoba) .

La réponse du premier ministre du Canada fut de dire aux Québécois « même si tous les chiens du Québec aboient… Louis Riel sera pendu », dixit John A Macdonald, premier ministre canadien.

Ainsi donc le Canada pourra poursuivre sa colonisation et son pillage des territoires à l’ouest du Manitoba…

De plus, vous omettez de souligner l’entente de la baie de James entre le Québec et le peuple Cri… afin de faire profiter les Autochtones des richesses hydrauliques du territoire Cri… Cette entente historique (1972) et UNIQUE  en Amérique entre un peuple autochtone et un gouvernement fut organisée par le gouvernement du Québec sous le gouvernement de Monsieur Robert Bourassa, alors premier ministre…

Les pensionnats autochtones furent une création du gouvernement fédéral qui était alors une colonie britannique et donc vous devriez savoir que les autochtones étaient « protégés » par la Grande-Bretagne. 

Il est facile de concevoir que les communautés religieuses ont été interpellées pour aller « éduquer » les enfants autochtones pour de plus les acculturer et ainsi plus facilement minimiser les « réserves », foyer potentiel de révolte et garder leur contrôle sur l’enseignement.  Ces communautés religieuses bénéficiaient d’avantages que vous devriez savoir.

Pour terminer, il me semble important d’apporter des nuances à votre texte, considérant l’influence du journal, afin d’aider à se faire une tête sur le sujet.

Il y a quand même une limite de rendre responsable les « Canadiens français québécois « des atrocités vécus par les Autochtones…vous tentez de disculper les maîtres-possédants anglais (les barons du chemin de fer canadien, les propriétaires de la Cie de la baie d’Hudson, les barons du bois…) de ce pays. 

L’histoire vécue nie votre interprétation.

En bon entendeur…. salut

Alain Brunet
 

Réponse d’André Binette

Monsieur,

Il saute aux yeux que l’appui massif des Québécois à Riel était un appui à un francophone et non pas à un Autochtone. Soyons sérieux. Cessez de faire de la mythologie un instant.

Quant à l’entente de la Baie-James et à la Paix des Braves, je connais ces dossiers beaucoup mieux que vous puisque j’étais conseiller juridique du gouvernement sur ces questions et que j’ai représenté aussi des communautés autochtones à titre d’avocat. Vous ne savez pas là non plus de quoi vous parlez.

Ces ententes, dont le Québec et le Canada se vantent rétroactivement, n’ont été obtenues que parce le Québec a reconnu sa responsabilité pour de graves injustices, ce que vous n’êtes pas prêt à admettre. Ce sont des règlements hors cour de litiges majeurs que les Cris allaient probablement emporter, ce qui a convaincu le gouvernement du Québec à négocier afin d’obtenir de meilleurs termes que ceux imposés par un tribunal. Il n’a jamais pris les devants par bonne volonté, et il ne le fait pas à ce jour.

Le gouvernement du Québec ne négocie sérieusement avec les nations autochtones que sous la contrainte juridique, mais vous n’y voyez que du feu. Le Québec ne sera ni sérieux ni crédible en cette matière tant qu’il n’aura pas compensé les Innus pour Manic 5, ce symbole majeur du colonialisme québécois au mépris des droits autochtones.

L’étendue de vos connaissances superficielles est lassante et ne présente aucun intérêt.

Soyez assuré que je reviendrai à la rentrée avec d’autres écrits d’une vigueur renouvelée qui vous déplairont.

André Binette

 

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