Devinez pourquoi le film Les oiseaux ivres est le choix du Canada pour les Oscars

2021/10/22 | Par Pierre Dubuc

Sur recommandation du « panel cinéma » (Franco Nuovo, Nathalie Petrowski, etc.) de l’émission de Pénélope McQuade (Radio-Canada), je suis allé voir le film d’Ivan Grbovic Les oiseaux ivres. Le film fait une large place, disait-on, à la situation des travailleurs temporaires dans une ferme maraîchère québécoise. Ce n’est pas souvent qu’on traite du monde ouvrier dans un film, je me suis dit qu’il ne fallait pas se priver de ce plaisir… Bien sûr, il y a quelques scènes intéressantes sur les conditions de travail dans les champs, mais le véritable propos est ailleurs…

Racontons le scénario. Willy est un beau brummel mexicain. Il est amoureux de Marlena, la femme de son patron, un chef de cartel au Mexique. Craignant de violentes représailles, les amants décident de prendre la fuite chacun de son côté en tenant secrète leur destination. Après quatre années de recherches, Willy suspecte Marlena de s'être réfugiée au Québec. Afin de la retrouver, il se fait embaucher comme travailleur saisonnier à la ferme Bécotte.

Richard, le « patron », comme l’appellent les travailleurs étrangers, est exigeant, dur, mais semble respecté par ces derniers. Rapidement, on se rend compte que Julie, sa femme, couche avec un travailleur mexicain. Willy repoussera ses avances. Leur fille, Léa, s’ennuie. Comme c’est la fin de semaine du Grand Prix, elle se rend à Montréal avec ses amies. Elles rencontrent un individu, qui s’avèrera être un pimp, qui les conduit dans un party où elles s’offrent comme chair fraîche à des touristes anglophones. Après s’être rendue dans un appartement avec l’un d’entre eux, Léa quitte subitement les lieux. Le pimp la retrace et la bat.

Au petit matin, Léa se retrouve, comme par enchantement, sans connaissance dans la grange de la ferme familiale. Willy la découvre amochée, lui porte secours et l’amène dans la baraque des travailleurs, désertée parce que c’est dimanche et que les travailleurs sont partis au village.

La nuit venue, Léa réapparait avec Richard, Julie et une quinzaine de voisins avec leurs pickups. Les travailleurs sont sommés de sortir de leurs baraques et sous une pluie battante, ils défilent devant les phares des pickups dans une séance d’identification. Léa est sommée par son père d’identifier celui qui l’a battue. Quand arrive le tour de Willy, elle hésite et celui-ci se sentant accusé explique qu’il n’a voulu que l’aider. Ce n’était pas la chose à dire. Les amis de Richard se précipitent sur lui pour le battre. Il réussit à s’en tirer et il se met à courir à travers le champ de maïs poursuivi par la meute enragée.

On ne sait trop comment, il leur échappe. Puis, comme par magie, on le retrouve à Montréal en train de sonner à un appartement où il a espoir de retrouver sa dulcinée. Le film se termine ainsi.

Manifestement, le réalisateur Ivan Grbovic n’a pas voulu mener le film à sa conclusion logique : le lynchage de Willy par Richard et ses voisins. Il s’est gardé une petite gêne. Le parallèle aurait été trop évident avec le sud des États-Unis de la période de l’esclavage et des lois Jim Crow, où le lynchage de Noirs faussement accusés d’avoir violentés ou violés une femme blanche était une pratique courante. Mais Grbovic s’est assuré que le message subliminal imprègne bien les esprits : Léa est blonde et porte une robe blanche.

Sera-t-on surpris d’apprendre que le film est le choix du Canada pour la cérémonie des Oscars?

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