Le pied à Papineau

2021/11/19 | Par Robin Philpot

Il ne passe pas une semaine sans qu’un ou plusieurs des pontificateurs du Journal de Montréal (de Bock-Côté à Denise Bombardier en passant par Martineau et Facal) ne pourfendent les « Wokes » et le « Wokisme », criant quasiment au meurtre. Ils y ajoutent la «cancel-culture», comme si c'étaient des jumeaux siamois.

Comme toujours la droite et l’extrême-droite ont besoin de boucs émissaires, de repoussoirs. S’ils n’existaient pas, il faudrait les inventer. C’est comme lancer de la poudre aux yeux; ça sert à mystifier les gens, à les aveugler, pas à les éclairer. Plus c’est vague, mieux c’est.

Ce que ces chroniqueurs et les politiciens qui les suivent ne disent pas, c’est que, en enfourchant le cheval de bataille des anti-Wokes, ils enfourchent le même cheval que les plus ardents des Trumpistes.

L'élection début novembre du Républicain Glen Youngkin en Virginie, État emblème du Sud raciste, est un exemple. Il doit sa victoire, en partie, à sa campagne contre les Wokes. Il a même payé une annonce télé qui appelle au bannissement des écoles de l'État du roman BELOVED de Toni Morrison, première Afro-américaine a gagné le Nobel de la littérature. Comme quoi les Wokes n'auraient pas le monopole de la « cancel-culture ».

Dans cette chronique, Robin Philpot trace l'histoire du concept Woke qui remonte à l'avant guerre civile avec la création des « Wide Awakes » en 1859-1860. Cette organisation militante appuyait le futur président Abraham Lincoln. Sa devise: FREE SPEECH, FREE SOIL, FREE MEN. Le sud esclavagiste la détestait et en avait peur, comme il détestait Lincoln.

Il traite aussi de la réapparition du Woke en 1962. Les dictionnaires notent que c'est le grand écrivain William Melvin Kelley qui a fait paraître le terme la première fois à l'écrit dans le New York Times dans un article intitulé: «If You're Woke You Dig It; No Mickey Mouse can be expected to follow today's Negro idiom without a hip assist.» (20 mai 1962)

La carrière de certains termes comme Woke suivent un chemin tortueux. Parfois, les racistes l'adoptent, le déforment et s'en servent pour dénigrer les gens qui combattent le racisme.

Le Québec n’est pas les États-Unis, heureusement. Il est ainsi erroné de plaquer sur le Québec un discours inspiré de la situation aux États-Unis. Les pays sont tout simplement différents sur tous les plans.

Mais il est aussi erroné pour nos chroniqueurs et politiciens d'emprunter le même discours et les stratégies que les Trumpistes et de l'appliquer à tort et à travers au Québec.

Chaque pays a son histoire, ses erreurs, ses bons coups. Il faut traiter chaque sujet, chaque crise, chaque litige selon les faits, selon les mérites, pas selon une idéologie qu’on brandit comme un épouvantail.

Dans cette chronique, on touche aussi à un cas où les adversaires du Québec prennent la notion québécoise de « pure laine » pour ensuite la déformer et s'en servir contre le Québec. Exemple, dans le Globe and Mail, deux chroniqueurs ont fait un lien direct entre une idéologie de « pure laine », qu'ils ont imaginée, et, tenez-vous bien, la tuerie de la Mosquée de Québec.

Pour écouter la chronique, cliquez ici.

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Washington cherche-t-il à détruire l'Éthiopie? Entrevue Jooneed Khan

Washington et ses alliés européens sont-ils en train de préparer un autre Rwanda en Éthiopie en se servant du Front de libération du peuple du Tigré (FLPT) et en criant au « génocide » et « nettoyage ethnique »? C'est ce que pensent beaucoup de réfugiés rwandais qui ont dû y faire face entre 1990 et 1994, quand les mêmes puissances ont utilisé le Front patriotique rwandais pour prendre le pouvoir et réorganiser complètement la carte politico-géographique de l'Afrique des Grands lacs.

Jooneed Khan résume la très riche histoire de l'Éthiopie, seul pays africain qui n'a pas été colonisé, et dresse un portrait démographique de cet immense pays de 110 millions d'habitants, deuxième en importance en Afrique. Il rappelle aussi comment, suite à la chute du Bloc soviétique, les États-Unis et leurs alliés européens ont soutenu la minorité tigréenne qui a détenu le pouvoir jusqu'en 2018.

Il rappelle les événements et les négociations mené par l'actuel premier ministre Abiy Ahmed, lesquels ont abouti à la paix entre l'Éthiopie et l'Érythrée, ancienne province de l'Éthiopie, ce qui a valu le prix Nobel de la paix à Abiy Ahmed.

L'Éthiopie est si importante, selon Khan, parce que ce pays se trouve dans la Corne de l'Afrique, un endroit clé du point de vue géostratégique parce qu'il est situé si près de la Mer rouge et des voies maritimes liant l'Asie à l'Afrique à la Méditerranée et à l'Europe.

C'est ce qui amène les États-Unis et ses alliés de l'Europe à s'y intéresser tant.

Quand on voit en Éthiopie les Samantha Power de USAID, l'une des idéologues de la destruction de la Libye, et Jeffrey Feltman, l'envoyé spécial de Washington pour la Corne de l'Afrique, qui a participé à la quasi-destruction de la Syrie, ou encore Herman Cohen, ancien ambassadeur pour l'Afrique de Bush père, ça n'augure pas bien pour l'Éthiopie et la région.

Ce n'est pas un fait anodin que le Front de libération du peuple du Tigré a lancé la guerre contre l'Éthiopie le 4 novembre 2020, lendemain de l'élection de Biden à la présidence américaine.

Jooneed Khan note que l'empire américain en déclin n'a plus du tout l'influence qu'il avait auparavant et tout ce qu'il peut faire maintenant c'est détruire. C'est ce qui se passe actuellement.

Pour écouter la chronique, cliquez ici.

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