Le pied à Papineau

2021/12/17 | Par Robin Philpot

Les 2 Michael, Kovrig Spavor, ont tous deux confessé les crimes commis en Chine, a déclaré l'ambassadeur de Chine au Canada, Cong Peiwu, le jeudi 9 décembre. Le Canada n'a pas répondu à cette déclaration. La ministre des Affaires étrangères, Mme Mélanie Joly, n'a fait que confirmé qu'ils ont été libérés sous caution.

Tout journaliste qui se respecte aurait des questions à poser: est-ce vrai qu’ils ont confessé? Le cas échéant, quels crimes ont-ils confessé au juste? Mais personne ne semble avoir posé ces questions, ni à Mme Joly, ni aux 2 Michaels, ni au SCRS, ni aux Five Eyes, ni à Justin Trudeau. On se demande même s'il y a encore une liberté de presse au Canada, surtout quand il s'agit de la Chine.

« Boycottage diplomatique »

Justin Trudeau a annoncé la décision d'un boycottage diplomatique des JO de Pékin. (une oxymore parce qu'un boycottage n'est pas diplomatique du tout). Son prétexte: « violations des droits de la personne du gouvernement de la Chine. » Les partis fédéraux ont crié à l'unisson contre la Chine en en rajoutant, allant jusqu'à accuser la Chine de génocide, pire accusation qui existe de nos jours. Même la vice-première ministre du Québec s'est joint à la cabale.

L'ambassadeur de Chine a répliqué. Sa réponse n'a pas été rapportée. En voici un extrait: « Le Canada, en revanche, a commis des crimes odieux contre les peuples autochtones. Jusqu'à aujourd'hui, la discrimination raciale systématique est toujours grave au Canada. Le Canada n'est tout simplement pas qualifié pour être ‘‘un prêcheur des droits de la personne’’ et n'est certainement pas en mesure de juger la Chine sur ce front. » Une affirmation difficile à contester.

Mais le boycottage a du plomb dans l'aile: outre le Canada, il y a les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie et la très puissante ... Lituanie. La vraie communauté internationale ne suit pas le diktat de Washington, en commençant par la France. Mais aussi l'ONU, dont le secrétaire général invite les pays d'y aller dans l'esprit de la paix.

Il fut un temps où le Québec, pour affirmer sa voix unique et indépendante, s'inspirait des positions de l'ONU et de la France. Plus maintenant, malheureusement. C'est pleine vapeur derrière Washington et Ottawa.

Pour l'establishment étasunien, la Chine est l'ennemi stratégique numéro 1. Semble-t-il qu'elle l'est devenue aussi pour le Canada.

Comme l'écrit Samir Saul, « Les tentatives d’intimidation comportent le cliquetis des armes. Tout faux pas ... aurait des conséquences "imprévisibles". »

Pour écouter le commentaire, cliquez ici.

Commentaire de l’aut’journal

En fait, la solution trouvée est celle proposée par Jean Chrétien dans son livre Mes nouvelles histoires (Éditions La Presse), comme on peut le constater ci-dessous.

« Lorsque la ministre (Mme Freeland) affirme que le gouvernement ne peut rien faire, c'est clairement faux. Et lorsqu'elle déclare que les deux prisonniers canadiens en Chine ne sont pas des espions, mais plutôt des otages, les autorités chinoises rétorquent que ce sera aux tribunaux chinois de décider si Michael Kovrig et Michael Spavor sont des espions. Je suppose que si les procureurs du gouvernement chinois décident qu'ils sont des espions, ils trouveront facilement sans doute quelques témoins pour les aider. Quand le Canada dit aux Chinois que nous n'avons pas confiance dans leur système de justice, ces derniers répondront qu'un pays qui reconnaît avoir commis un génocide vis-à-vis les peuples autochtones au cours des 60 dernières années ne peut prétendre sérieusement donner des leçons à qui que ce soit, etc.

Lorsque le gouvernement m’a consulté au cours des dernies mois, voici les positions que j’ai prises : j’ai conclu très tôt qu’il n’y aurait pas de solution à ce problème tant et aussi longtemps que Meng Wanzhou serait détenue à Vancouver, et c’est à mon avis rêver en technicolor d’imaginer que les deux Canadiens seront libérés et que les sanctions économiques seront levées sans remplir cette condition.

Une première solution impliquant moins le gouvernement, selon moi, serait de permettre à madame Wanzhou, déjà en liberté sous caution, de retourner chez elle en Chine pour revenir au Canada lors de l’ouverture de son procès. Par le principe de réciprocité, la Chine pourrait offrir la même chose aux deux détenus canadiens, c’est-à-dire les libérer sous caution et les laisser rentrer au Canada pour ne revenir en Chine qu’au moment de leur procès. Bien sûr, il n’est pas certain que les trois personnes se présenteraient effectivement à leurs procès, mais le problème serait au moins réglé à court terme. »

Sacré Chrétien !

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Le Canada doit accueillir Jerome Bicamumpaka : Entrevue avec Jeannine Hakizimana

Un travesti de justice se passe sous nos yeux et le Canada est en mesure d'y mettre fin. La famille de Jérôme Bicamumpaka demande au ministre de la Sécurité publique du Canada d'accueillir immédiatement Monsieur Bicamumpaka, mari de Jeannine Hakizimana, et père de ses deux enfants, aujourd'hui adultes, qui sont tous des citoyens canadiens. Voilà la demande qu'explique Jeannine Hakizimana dans cette entrevue.

Jérôme Bicamumpaka a été acquitté il y a 10 ans, en 2011, de tous les chefs d'accusation portés contre lui par le Tribunal pénal international pour le Rwanda. Arrêté en 1999 à Yaounde, au Cameroun, il a été en détention préventive pendant plus de 10 ans en attendant son procès devant le TPIR, à Arusha.

Or, il a été acquitté totalement. Mais le Canada refuse de lui permettre de rejoindre sa famille qui habite au Québec depuis plus de 20 ans. Il demeure dans une résidence de l'ONU à Arusha, dans ce qui est devenu une sorte de prison. Le Rwanda refuse de lui fournir un passeport et une copie de son certificat de naissance.

Jeannine Hakizimana déplore que le Canada, qui a appuyé de toute sa force la création du Tribunal pénal international, refuse de reconnaître le résultat d'un procès du tribunal où il n'y avait pas le moindre doute de l'innocence de l'accusé, Monsieur Jérôme Bicamumpaka.

L'ONU tente de transférer M. Bicamumpaka vers le Niger, mais pour des raisons de santé, M. Bicamumpaka a choisi de refuser cette offre, considérant que les soins qu'il lui faut ne sont pas disponibles au Niger et il est suivi par un hôpital au Kenya.

Aussi, le registraire du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux, dont celui du Rwanda, le somme de quitter la résidence sécurisée à Arusha dès le 22 décembre.

Le dossier est devant le ministère de la Sécurité publique qui peut résoudre le problème rapidement en permettant la réunion de la famille.

Cela fait près de 23 ans que cet homme innocent est en prison ou en résidence sécurisée à Arusha, en Tanzanie, alors que sa famille est au Canada. Il mérite Justice.

Jeannine Hakizimana demande à tout le monde d'écrire au Ministre de la Sécurité publique, l'honorable Marco Mendicino, mais aussi à leurs députés.

marco.mendicino@parl.gc.ca
www.canada.ca/fr/gouvernement/mi…rco-mendicino.html

Pour écouter l’entrevue, cliquez ici.