Ostrogoths du 6 janvier 2022 …et les « nôtres »

2022/01/07 | Par Pierre Jasmin

SUN-SWING et nos ostrogoths nonos

Réglons d’abord le cas de « la gang de sans-dessein » (très juste expression utilisée par le Premier ministre Justin Trudeau, avant qu’il massacre l’appellation ostrAgoths, Aouch) qui a fait le party dans un avion nolisé à la compagnie Sunwing : des influenceurs que nos réseaux sociaux et nos « nouvelles microsoft et autres » mettent en valeur comme représentatifs de notre société mercantile, une société où même Le Devoir refuse tous nos articles et où Radio-Canada organise chaque année une ou des émissions déplorant la disparition des artistes engagés, sans inviter aucun représentant de la centaine de nos membres politiquement informés.

Mais les vidéos d’influenceurs qui vapotent et font le party sans distanciation autre que celle allouée par leurs poitrines au volume silicosé, suivis par des dizaines de milliers d’adeptes, ça c’est hot? À VOMIR, pendant que ma blonde doit tenter chaque jour de colmater les soins hospitaliers pour les victimes de la Covid, malgré infirmières, docteurs et employés ambulanciers et autres épuisés par deux ans continus de soins offerts sans vacances, qui tombent comme des mouches. Et peut-on imaginer combien stoïques ils doivent rester quand il s’agit d’intuber ce genre de dignes représentants de la LIBÂRTÉ de ne pas se faire vacciner, priorisés sur de malheureux patients qui attendent des chirurgies depuis de longs mois ?!? Le président Macron a été maladroit en disant vouloir emmerder les anti-pass sanitaires : il aurait été approuvé en déclarant qu’ILS NOUS EMMERDENT.

Avec la somme de nos articles avertissant nos gouvernements de leur ignorance des alertes lancées par l’Organisation Mondiale de la Santé (ONU), on pourrait chipoter contre les mesures tardives adoptées, mais non! Si l’expérience de l’Afrique du sud nous permet d’être optimiste sur la fin rapide de la 4e vague, il est en ce moment URGENT d’appuyer la science heureusement reflétée par la plupart des nouvelles des médias, contre les vrais dangers mettant en péril notre démocratie : le racisme anti-autochtonei, l’ex-animateur de radio-poubelle Éric Duhaime et Maxime Bernier du Parti Populaire du Canada, dont les adeptes de la Beauce présentent sans surprise le plus haut degré d’infection au pays.

 

L’OSTROGOTH-EN-CHEF AMÉRICAIN

L’émission Frontline de Richard Rawley du 4 janvier sur PBS – Vermont, financée par des dons puisque désertée par les publicités d’influenceurs et de leurs maîtres en produits de beauté et en bouffe à chien végane, nous informait de l’extrême danger pour la démocratie que fait peser sur les États-Unis d’Amérique une frange pas si marginale d’inquiétants partisans de l’ex-président.

Parlons bien sûr de ceux qui il y a un an exactement, excités par le discours de Trump une heure avant : « Stop the steal. We’ll fight like hell, if we don’t, we won’t have our country anymore », ont envahi le Capitole en criant « Libérez le Parlement », brisant portes et fenêtres au prix d’une demi-douzaine de morts, manifestants et policiers mêlés, et d’une quarantaine de policiers blessés. Parlons surtout, comme les reporters de l’émission l’ont documenté en mettant en danger leur propre vie, de groupes organisés à qui les médias tendent des micros qui, même lorsqu’ils ne sont pas sympathiques, n’en font pas moins leur publicité : White supremacists, avec des officiers militaires qui portent des affiches antichinoises et anti-communistes, Wolverines du Michigan (et on ne parle pas ici de l’équipe universitaire de football), hate groups, paramilitaires armés de mitraillettes que la loi de certains États leur permet d’exhiber en harcèlement agressif en pleine rue en marchant en colonnes et en hurlant contre des gouverneures terrorisées « lock her up! » comme leur ex-président l’avait fait, des croisés de Virginie, des adeptes du MAGAii country avec des drapeaux sudistes, les Proud Boys et Vigilantes couverts de svastikas nazis qui s’emportent contre des policiers qui font respecter l’ordre en gueulant « Kill the cops! », alors que d’autres policiers qui ne cachent même pas leurs étiquettes du FBI, nostalgiques de J. Edgar Hoover, remettent en question la condamnation de George Floydiii et nient l’ampleur de l’extraordinaire vague démocratique des #Black lives matter.

Le président Joe Biden ce matin a prononcé un discours d’appel à l’aide de la démocratie menacée que les analystes de CNN qualifient de plus important et marquant de tous ses discours. Ridicule dans ses prétentions à la mission divine des USA « pour la paix dans le monde : God save our troops », il faut néanmoins entendre avec respect son rappel essentiel que 150 millions d’Américains ont pu voter en 2020 malgré la pandémie, mais que des Républicains fanatisés complotent actuellement dans des comtés-clés pour éliminer des listes électorales Noirs et Chicanos soupçonnés d’être démocrates, puisque seule la victoire compte et non l’expression démocratique. Souvenons-nous que Trump au pouvoir condamnait les antifas responsables des troubles à Charlottesville avec pourtant la mort violente d’une manifestante pacifiste renversée par une automobile conduite par un conspirationniste, alors qu’elle refusait que sa ville honore encore des racistes statufiés.iv

Pour conclure sur une note sombre, Rafael Jacob, de la Chaire Raoul-Dandurand (UQAM), nous informe ce matin que pour la centaine de sondages organisés en 2020 avant les élections américaines, un seul prédisait la réélection du président, tandis que sur onze sondages récents, neuf prévoient la victoire de Donald Trump sur Joe Biden.

 

ii Make America Great Again, le slogan électoral du parti républicain sur les casquettes rouges.