Écoute, coopération et solidarité, trois principes de l’action syndicale

2022/02/23 | Par Pierre Dubuc

« Une de mes amies me disait : avec ses 10 000 membres, ton Syndicat comprend plus de membres que plusieurs villages du Québec comptent d’habitants », me souligne Guylaine Dionne, la présidente du Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal. Un gros village de salariés – dont plus de 60 % sont des femmes – avec des préoccupations, des soucis, des problématiques, qui dépassent souvent le cadre de la convention collective. Guylaine est bien placée pour le savoir. Depuis 2018, elle était libérée à temps plein pour intervenir dans le cadre du Programme d’aide aux membres (PAM), où sa formation de technicienne en travail social lui a bien servi.

« J’ai toujours été active socialement, même avant d’être embauchée à la Ville de Montréal, il y a 22 ans. Je suis dans la structure syndicale depuis 2009 et ma priorité a toujours été d’être à l’écoute des membres », raconte celle qui a été élue par acclamation, avec le secrétaire général Patrick Dubois, le 28 septembre dernier. Aussi, on ne s’étonne pas de retrouver cette préoccupation fondamentale inscrite en tête de liste dans le programme de l’Équipe Relance qu’elle dirige et dont les membres – six femmes et deux hommes – ont été élus le 13 octobre 2021.

« Améliorer la communication avec les membres, c’est la première de nos priorités, insiste-t-elle. Nous voulons mettre en place de meilleurs outils de communication : améliorer le site Internet, utiliser les réseaux sociaux, augmenter la fréquence des envois aux membres, encourager la rétroaction via des consultations par sondages, mais surtout, je veux être présente sur le terrain. »

 

Respect et fierté

La deuxième priorité découle tout naturellement de la première. Il s’agit d’améliorer le climat de travail. « La plus grande erreur est de vouloir gérer un réseau public comme si c’était un réseau privé, affirme Guylaine. Nous avons déposé trois cents griefs de harcèlement psychologique. Nous en avons gagné un seul et la personne tenue responsable a été promue directeur de service. C’est tout dire ! »

« Pour de tels cas, on veut à l’avenir un processus d’enquête juste et équitable. Ça ne peut pas l’être quand c’est l’employeur qui embauche la firme chargée de l’enquête. Nous, on veut faire partie de la solution, pas du problème », enchaîne-t-elle.

« De façon plus générale, je veux l’amélioration des conditions de travail de nos membres. Leurs salaires ne sont pas pharamineux. Un bon pourcentage d’entre eux sont pauvres. Ce ne sont pas des fonctionnaires du groupe des professionnels. Il y en a qui reçoivent des paniers de Noël. Je veux que nos gens soient fiers d’être des Cols blancs, d’être au service de la population », souligne Guylaine.

 

Le télétravail

La convention collective d’une durée de sept ans est en vigueur jusqu’au 31 décembre 2025. Mais, avec la COVID, se sont imposées de nouvelles réalités, dont le télétravail. Plus de la moitié des membres du Syndicat y ont été affectés. « On le réclamait depuis longtemps. Mais ça nous a toujours été refusé. Maintenant que ça fait son affaire, l’administration a changé son fusil d’épaule. Et on a prouvé que ça fonctionnait ! », se réjouit la présidente.

« Il y a des avantages indéniables. Par exemple, moins de stress quand il s’agit d’aller chercher les enfants à la garderie. On ne veut pas revenir à l’ancienne façon de faire. On réclame au minimum une solution hybride, mais en ayant notre mot à dire. On exige une lettre d’entente. Nous allons défendre deux principes : « 1. Ce n’est pas un privilège; 2. Ça n’enlève aucun droit de grief. »

 

Collaboration et solidarité

« Collaboration plutôt que confrontation », c’est l’approche privilégiée par Guylaine. C’est dans cet esprit que son Syndicat réclame de participer à des tables de concertation avec l’administration municipale. « Nous ne sommes jamais invités à en faire partie. Dernièrement, nous avons rencontré la mairesse Valérie Plante et lui avons demandé de faire partie de la table de concertation sur le racisme. Nous avons des membres à Montréal-Nord. Et on se bat pour que tout être humain soit reconnu comme être humain. Nous attendons sa réponse. »

Collaboration, mais aussi solidarité avec les autres syndicats de la Ville de Montréal. « Je crois beaucoup au grand principe à la base de l’action syndicale : l’union fait la force », proclame-t-elle. C’est animée de cet esprit que le 10 février dernier, elle s’est rendue avec des membres de son Syndicat témoigner de leur soutien aux cols bleus de la Société d’habitation et de développement de Montréal (SHDM). Sans contrat de travail depuis 4 ans et en grève depuis quatre semaines, la manifestation a permis de faire entendre les revendications légitimes de ces personnes qui offrent des services importants aux locataires des immeubles gérés par la SHDM.