Réchauffement : On s’attaque à un symptôme plutôt qu’à la maladie

2022/04/01 | Par Dominique Bhérer

En 1972, paraissait le rapport Halte à la croissance du Club de Rome. Au même moment l’architecte Buckminster Fuller nous prévenait, dans son livre, que la politique nous empêcherait d’y parvenir en disant qu’on pourrait faire de la terre un paradis… s’il était possible d’expédier les politiciens sur la lune.

Ironiquement, en route pour la conférence sur le climat, le G20 s’est réuni à Rome pour parler de relance économique. Alors qu’on utilise déjà trop de ressources, les gouvernants subventionnent la reprise en la qualifiant de verte au lieu de réduire la croissance. Ils ont ignoré Rome, Bruntland, Rio, Tokyo, Paris et ne pourront respecter Glasgow sans décroissance, qui n’est au programme d’aucun parti.

Les politiciens eux-mêmes responsables des pires gaspillages, font tout pour accélérer l’exploitation et aider leur corporations et citoyens à vider leur pays et la planète de ses ressources. (1)

Pire, on subventionne souvent les méthodes d’exploitation qui diminuent la productivité en appauvrissant les bases mêmes que sont le sol et la biodiversité: coupes rases et plantations, élevage hors-sol et monoculture, pêche industrielle et chalutiers. etc. L’érosion causée par le déboisement et la monoculture est connue depuis des milliers d’années, ce qui n’empêche pas les pays de subventionner biocarburants et bioénergie et de s’accorder ainsi des crédits-carbone. On transforme en granules des forêts en Amérique pour faire de l’électricité verte en Europe et Chine. (2)

Et on défend ces méthodes. Le Canada qui rase huit cent milles ha de forêt par an et en reboise la moitié en monoculture se dit un pays forestier modèle. Depuis la mécanisation en 1970, Québec n’applique plus sa réglementation qui interdit toute coupe sans la protection du sol et de la régénération de 12 cm jusqu'à 40 cm.

Les sages du Club de Rome nous enjoignaient de limiter l’exploitation aux besoins essentiels. En 1972, la majorité des gens vivaient encore sur des fermes où ils étaient le mieux en mesure d’atteindre le développement durable en assumant leurs propres besoins. Pourtant, depuis, la politique favorise l’urbanisation en remplaçant, de gré ou de force, les petits agriculteurs, forestiers, pêcheurs par de grosses exploitations privées ou publiques.

Pourquoi dirige-t-on l’attention sur le réchauffement qui n’est qu’un des symptômes du vrai problème qui est la poursuite de la croissance perpétuelle. Elle ne peut se faire qu’aux dépens de l’environnement selon W. Rees, concepteur de l’empreinte écologique, qui peut nous aider à distinguer le vrai du faux.

Au lieu de s’entendre entre pays pour rendre le commerce plus logique et éviter le transport inutile, on se compétitionne à coups de subventions fiscales, financières, techniques, à la production, au transport, à la consommation, etc. Si bien qu’on n’a plus aucune idée du coût réel d’un produit ou d’un service. Selon trois agences de l’ONU, 90% des subventions agricoles sont nocives pour l’environnement. (3)

En fait, le plus gros problème environnemental, c’est le mode de fonctionnement de la politique qui empêche d’appliquer les solutions aux problèmes qui sont connus depuis longtemps. Si on veut ramener l’exploitation de la planète à ce qu’elle peut donner, il faut empêcher les milieux politiques de gaspiller, subventionner et défendre le gaspillage des ressources et les méthodes d’exploitations non-durables.
 

1-https://www.youtube.com/watch?v=zBZIY0WnxCM
2-https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1872096/cop15-environnement-nature-depenses
3-https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/14/les-subventions-agricoles-jugees-nefastes-sur-le-plan-social-et-environnemental-par-trois-agences-de-l-onu_6094626_3244.html