Les élus ne doivent plus prêter serment à la monarchie

2022/09/23 | Par Marc-André Bélanger

Le chef du PQ, Paul St-Pierre Plamondon, a remis en question la pertinence de mettre le drapeau du Québec en berne suite au décès de la reine Élisabeth II. Le moment était mal choisi et ratait légèrement la cible. Il s'agit ici de symbolisme d'État dont la responsabilité incombe au gouvernement fédéral. De plus, il est évident que notre drapeau aurait été mis en berne même dans un Québec souverain, ne serait-ce que par bienséance étatique et bonne diplomatie.

Dans une lettre récente, Yves-François Blanchet emboîte le pas à M. Plamondon et relève quelques raisons qui devraient nous mener à une réflexion sur la monarchie. Je propose d'éviter trop de questionnements et de passer immédiatement à l'acte. Les partis doivent rapidement s'entendre afin qu'aucun élu ne prête serment au roi Charles III après les élections du 3 octobre prochain. Remplacer cette pratique ridicule et dégradante par un serment plus neutre est dans l'intérêt de tous.

D'abord, le PQ veut sortir du régime fédéral. Il a donc intérêt électoralement, symboliquement et stratégiquement à défier le serment. Quant à lui, Québec solidaire promeut entre autres des initiatives décoloniales et a aussi la volonté - certes plus molle que celle du PQ - de sortir du régime fédéral. Prêter serment au roi constitue une légère incongruité avec les positions du parti. Le PQ et QS devraient pouvoir s’entendre rapidement.

De leur côté, le PCQ, le PLQ et la CAQ ont aussi des intérêts communs. Défier le serment au roi est un geste purement symbolique sans réelle conséquence pour le fonctionnement de notre démocratie. Ce geste d'affirmation pourrait renforcer le sentiment de plusieurs électeurs qu'il est possible d'avoir une existence québécoise distincte à l'intérieur du régime fédéral. Le PLQ pourrait enfin se démarquer de la CAQ en faisant sienne cette proposition et peut-être reprendre une partie de l'électorat francophone qui l’a délaissé. La CAQ pourrait renforcer son nationalisme plutôt décoratif à peu de frais. Le PCQ, qui propose un front commun des partis pour rapatrier des pouvoirs d’Ottawa, devrait y voir une opportunité de mettre sa stratégie à l’essai.

Enfin, défier le serment pourrait causer quelques tensions avec Ottawa. On est en droit de douter que cela influence réellement les négociations entre la province et le gouvernement fédéral, ce dernier ayant l’avantage dans presque tous les dossiers. Et puis Ottawa n’a pas beaucoup à gagner de s’opposer fortement à un tel geste purement symbolique. Ni Ottawa, ni Charles III n’enverront des gardes forcer la tenue du serment. Nous ne sommes plus à l’ère du « Just watch me ».

Les députés de l'Assemblée nationale du Québec ne doivent plus jamais prêter serment à la monarchie britannique. La Terre continuera à tourner et notre démocratie à fonctionner même sans ce reliquat poussiéreux d'un passé colonial toujours pas complètement révolu. Ayons l'audace et l'amour propre de passer à autre chose. Les circonstances y sont propices et le sujet transcende les différences gauche-droite ou souverainiste-fédéraliste. Ce geste très peu coûteux politiquement permettrait d’ouvrir pour de bon la voie au remplacement de la monarchie.

Osons. C’est le moment.