To be… or…

2022/09/28 | Par Michel Rioux

À quelques semaines du référendum de 1980, l’écrivain et syndicaliste Pierre Vadeboncoeur publiait un essai auquel il avait donné pour titre : To be or not to be. That is the question !

Avec, en sous-titre, une phrase lourde de sens : « Le peuple qui ne s’impose pas périra. »

Déjà que Vadeboncoeur est décédé après avoir connu à cet égard de nombreuses déceptions, il y a lieu de se réjouir que l’audition du vox pop, tourné il y a peu par Guy Nantel aux portes de Dawson College, à Westmount lui ait été épargnée. Celles et ceux qui ont eu l’occasion de visionner cet enregistrement auront compris, en moins de 8 minutes, pourquoi le très peu xénophobe René Lévesque les identifiait en 1973 comme des Rhodésiens de Westmount…

Quelques perles tirées de ce florilège raciste :
J’aime pas le français !
J’ai pas de pitié pour les francophones qui se prennent pour des victimes.
J’aime pas la french TV.
Il y a deux langues officielles au Québec…
Une montre, c’est une cloche. Un crayon, un écriteur.
Le mois après avril ? Dimanche…
Devant une photo de René Lévesque : c’est René Lesage.
C’est Trudeau qui a fondé le Parti Québécois.
Une francophone identifie un trombone comme un paper clip.
La chanson Gens du pays ? Chantée par…? Gilles…? Villeneuve !
Les Anglais sont arrivés au Québec avant les Français…

Dire qu’il s’en trouve à n’avoir pas compris le sens du dessin de Boris, dans lequel on voit le caniche d’une vieille dame anglaise pisser sur l’image de Lévesque…

Pendant ce temps, François Legault se proclame grand défenseur du fédéralisme canadien, lui dont le chroniqueur Michel David soulignait encore il y a quelques jours que le premier ministre du Québec avait subi 21 rebuffades à ses revendications auprès du gouvernement fédéral. Vadeboncoeur l’exprimait autrement dans son essai : « Pour la santé économique du Québec, la souveraineté est indispensable parce qu’elle fournit un instrument de négociation sans comparaison supérieur à celui dont on peut disposer quand on ne peut faire, auprès du gouvernement central, que des représentations qui se terminent forcément par des décisions en définitive souveraines et prises par d’autres. »

Heureusement, une campagne électorale n’est pas seulement la scène où s’exprime un racisme assumé. Il arrive aussi qu’elle nous réserve des chocs qui, pour reprendre l’expression consacrée par Boucar, peuvent être thermiques…

C’est ainsi qu’en entendant le gourou économique de Québec solidaire, monsieur Simon Tremblay-Pepin, j’ai dû me rendre à l’évidence. Par l’effet croisé d’une maison achetée il y a 43 ans et d’un fonds de pension à prestations déterminées, on m’a appris, à ma grande surprise, que je devais accepter le fait d’être désormais considéré comme un ultra riche.

Un ultra riche qui vit cependant avec quelques milliers de dollars par année…

Une position comme celle-là n’est rien d’autre que le résultat d’une approche dogmatique, idéologique d’une question qui devrait, au contraire, exiger un minimum de nuances. Le mode d’emploi de cette opération est d’une simplicité désarmante. On plaque le raisonnement sur une réalité. On regarde le résultat. On constate que des éléments sortent du cadre. Qu’à cela ne tienne : on passe la tronçonneuse sur tout ce qui dépasse ! Heureusement, le gourou, d’une condescendance sans pareille, a été vertement retourné comme une crêpe par un Paul Larocque de TVA encore étonné d’entendre pareils raisonnements.

C’est ce qui arrive quand la réalité ne fait plus partie de l’équation.

Tiens ! Une autre réalité qui a échappé aux idéologues écoreligieux montés aux barricades à Rouyn-Noranda, c’est que ce sont les travailleurs qui sont les premières victimes des émanations d’arsenic à la fonderie Horne. Comme c’était le cas à Thetford Mines et à Asbestos où l’exposition à l’amiante a, durant des décennies, créé des veuves et des orphelins prématurés. Or, des employés se sont confiés à Radio-Canada, se plaignant d’être traités de « tueurs d’enfants » ou même « d’empoisonneurs de femmes enceintes ».

Le syndicat a défendu ses membres. « Après l’élection, il va falloir continuer de vivre ensemble. Je crains que cette division dans la population laisse des séquelles. Nous ne sommes pas des criminels, seulement des travailleurs », a dit le président du syndicat.

Comme si on reprochait à des travailleurs sur une chaîne de montage de Lada de ne pas fabriquer des BMW…

Au fait… Un candidat d’Éric Duhaime, M. Karim Elayoubi, a donné un conseil à ses congénères : « Fuyez cet endroit qui croit être le centre de la planète. »
 


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