Quand l’inclusion exclut les femmes de la maternité!

2023/04/26 | Par Michèle Sirois

L’autrice est anthropologue et administratrice de Pour les droits des femmes du Québec (PDF Québec)
 

Coup de théâtre à l’Assemblée nationale ce jeudi 20 avril 2023! La veille, le Parti libéral a présenté un amendement au projet de loi 12 portant, entre autres, sur le recours aux mères porteuses, amendement à l’effet d’enlever le mot femme, afin d’être plus inclusif, selon lui. Le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, réplique le lendemain avec une motion qui a été adoptée à l’unanimité à l’encontre de toute tentative d’invisibiliser les femmes dans les lois québécoises. Les femmes saluent de tout cœur cette motion qui se lit comme suit :

« Que l’Assemblée nationale reconnaisse que la population québécoise est composée de plus de 50 % de femmes, qu’elle reconnaisse que les femmes donnent naissance par le biais d’un accouchement, qu’elle réitère l’importance de conserver le mot “femme” dans les lois québécoises et que l’Assemblée nationale rejette toute tentative d’invisibiliser les femmes du corpus législatif québécois ».

Enfin, le gros bon sens serait-il de retour? Les femmes accouchent, donc sont enceintes. Les féministes universalistes qui ont affirmé cela risquent encore des épithètes infamantes pour rappeler cette simple vérité biologique. En 2021, Pour les droits des femmes du Québec (PDF Québec) s’est fait étiqueter comme transphobe après avoir tout simplement signé la Déclaration internationale sur les droits des femmes basés sur le sexe biologique.

On n’a pas encore inventé l’utérus artificiel, et les femmes sont encore essentielles pour « produire » les enfants. Les textes anthropologiques rapportent qu’il existe certaines sociétés qui pratiquent le rituel de la couvade, une pratique culturelle où les hommes simulent l’accouchement et reçoivent les gratifications symboliques qui y sont liées. Mais dans la réalité, aucune société n’est réellement dupe de ce stratagème d’appropriation symbolique d’une fonction biologique spécifique aux femmes. En 2015, lors des auditions sur les règlements concernant le changement de la mention de sexe à l’état civil, une personne nous a prévenus qu’on verrait accoucher des hommes avec une barbe et une grosse voix. Plus étonnant que la déclaration fut le fait qu’aucun élu politique présent à la commission parlementaire n’a même sourcillé à ces propos.

Au Québec, l’industrie de la grossesse pour autrui ne se trompe pas. Ce sont bien des femmes qui sont recherchées comme mères porteuses, même si le projet de loi 12, par souci d’inclusion (ou de rectitude politique?), parle d’une femme ou d’une personne qui porte un enfant pour autrui. Même si l’idéologie queer tente de déconstruire la binarité des sexes, la reproduction sexuée caractérise toujours les mammifères dont fait partie l’espèce humaine. D’ailleurs, les enfants ne risquent-ils pas de voir une contradiction entre les propos éliminant la fonction des femmes dans la reproduction et les cours d’éducation sexuelle prodigués dans nos écoles, qui leur parlent de binarité des sexes, concept essentiel pour la transmission de connaissances concernant la contraception?

Être obligé de déclarer que les femmes donnent naissance par le biais de l’accouchement et que le mot femme existe pour nommer ces êtres qu’on ne doit pas invisibiliser, mettra-t-il à mal le ministre de la Justice, comme ce fut le cas de J. K. Rowling, auteure de la série Harry Potter? Cette dernière a été exclue, bannie, voire stigmatisée pour avoir laissé entendre que les personnes menstruées étaient des femmes.

Enfin, comment expliquer que l’inclusion de certaines personnes passe par l’exclusion des femmes? Après le mot en N, devra-t-on taire le mot en F? Sont-ce les nouveaux habits du patriarcat et de la misogynie?

www.pdfquebec.org