Les choses sérieuses

2023/05/12 | Par Michel Rioux

Les choses sérieuses, ça ne se décide pas en catimini, entre deux ou trois initiés. C’est du moins ce qu’on apprend dans les syndicats, où l’assemblée décide après avoir débattu, longuement parfois.

Cela fait maintenant plus de 40 ans que le Canada a hérité d’une Constitution. On se souviendra qu’elle est arrivée au monde au petit matin, après une nuit agitée au cours de laquelle, entre deux ou trois scotchs, le ministre Jean Chrétien et le néo-démocrate Roy Romanow, s’étaient livrés à des manœuvres, ma foi, pas très catholiques. Ça s’est appelé la nuit des longs couteaux. Humilié et vaincu, René Lévesque n’avait rien trouvé de mieux pour passer sa colère que de s’en prendre aux travailleuses et aux travailleurs des secteurs public et parapublic. De la même manière que le gars qui se fait écoeurer à la job par un boss et qui, rentré à la maison, rabroue sa femme et bat ses enfants !

Verrouillée à double tour, la Constitution tricotée par Trudeau père risque de nuire pas mal plus longtemps que les 1000 ans que devait durer le Troisième Reich.

La vérité

À CNN et au Washington Post, des journalistes se sont affairés à compter le nombre de mensonges proférés quotidiennement par Donald Trump. Selon les décomptes, ce menteur invétéré en aurait commis quelque chose comme 21, dans ses seules présences publiques.

Plusieurs chroniqueurs et observateurs de la scène politique ont relevé récemment les nombreux triples saltos arrière effectués par François Legault. Comme on le dit dans le langage populaire : Ça va finir par se savoir ! Quoi ? Que ce premier ministre est prêt à dire n’importe quoi, en autant que cela serve ses seuls intérêts !

Prenons en exemple la saga du troisième lien. Plusieurs mois avant les élections d’octobre 2022, il apparaissait clair que ce projet fumeux ne reposait sur aucune étude digne de ce nom. Ce que savaient fort bien François Legault et sa ministre Geneviève Guilbault. Qu’à cela ne tienne! Pour faire élire quatre ou cinq députés dans la région de Québec, la CAQ et ses porte-parole n’ont pas hésité à perpétuer cette chimère pour attirer les chalands. On en a rajouté en soutenant désormais que le troisième lien serait consacré au transport en commun uniquement. Même les plus verts des écologistes ne s’en sont pas encore remis.

Les mêmes contorsions ont illustré les revirements de ce premier ministre dans le dossier du mode de scrutin. Jean-Pierre Charbonneau, dans un texte publié dans Le Devoir, a retracé l’itinéraire des positions de François Legault. Il a d’abord apposé sa propre signature à un document réclamant la transformation du mode de scrutin uninominal à un tour pour le rendre davantage respectueux de la volonté des électeurs. Pour enfin clore le débat en affirmant que ce sujet n’intéressait que les intellectuels…

Le français se perd à vau-l’eau, pas seulement au Canada, mais aussi au Québec. Dans un récent éditorial, Louise-Maude Rioux-Soucy sonnait l’alarme dans le domaine des subventions à la recherche. « Parmi toutes les subventions accordées par les trois organismes fédéraux qui financent la recherche au pays, 95 % ont été versées à des projets rédigés en anglais, entre 2019 et 2022. »

A-t-on entendu quelques inquiétudes s’exprimer dans cette Vieille Capitale qu’on dit nationale ? Pas même un murmure.

Et que dire de ce qu’on appelle L’initiative du siècle, une idée animée par Dominic Barton, qui fut PDG de McKinsey & Company et que Justin Trudeau a nommé ambassadeur du Canada en Chine? L’objectif ? Ouvrir les vannes pour que le Canada compte 100 millions d’habitants en 2100 ! « C’est un gros chiffre, mais pour moi, c’est un objectif ambitieux. Cela changerait évidemment le pays de façon considérable », a-t-il avoué.

Même les libéraux québécois se sont émus de ce que le Canada – et surtout le Québec – seraient changés de façon considérable. Le PLQ, qui forme l’Opposition officielle, a fait adopter par l’Assemblée nationale une motion faisant état des « effets délétères » engendrés par cette idée : fragilisation du français, réduction importante de notre poids politique, pressions sur le logement et les services publics.

Or, a rapporté Le Devoir, François Legault « a refusé de dire si la volonté d’avoir 100 millions d’habitants au Canada d’ici 2100 constitue une menace pour le Québec ».

Vous voulez savoir pourquoi Legault attire toujours l’attention sur son torse, qu’il tient bombé en permanence. Pour éviter qu’on ne regarde ses mains, qui sont vides, qu’il est en plus déculotté et qu’il lui manque une chaussette, perdue à Ottawa lors d’une rencontre des premiers ministres.

À regarder ainsi les choses la tête en bas, on finit par les voir à l’envers…