Aucune sanction n’a jamais eu un effet positif

Lettre de soutien à la médiation au Venezuela, pas aux sanctions

2018/03/23

Nous exhortons les gouvernements des États-Unis et du Canada à retirer immédiatement leurs sanctions illégales(1) contre le Venezuela et à soutenir les efforts de médiation entre le gouvernement du Venezuela et les segments non violents de l’opposition politique. 

Nous, les organisations et individus aux États-Unis et au Canada soussignés, soutenons des relations hémisphériques fondées sur le respect de la souveraineté de tous les peuples des Amériques. Nous sommes profondément préoccupés par l’utilisation de sanctions illégales, dont l’effet se fait le plus sentir dans les secteurs les plus pauvres et les plus marginaux de la société, pour contraindre le changement politique et économique dans une démocratie sœur. Nous constatons depuis les années 1990 que les sanctions ne servent qu’à appauvrir les familles ordinaires et à déstabiliser l’ordre public. Nous sommes incapables de citer un seul cas où les sanctions ont eu un effet positif. 

Les sondages au Venezuela montrent que la grande majorité des Vénézuéliens s’oppose aux sanctions, indépendamment de leur opinion sur le gouvernement Maduro. Les sanctions ne font que compliquer les efforts déployés par le Vatican, la République dominicaine et d’autres acteurs internationaux pour négocier une résolution de la polarisation profonde au Venezuela. De plus, les sanctions sapent les efforts du gouvernement démocratiquement élu et de l’Assemblée constituante pour résoudre les problèmes économiques critiques et déterminer leur propre destin politique. 

Malgré la rhétorique de haut niveau des fonctionnaires de Washington et d’Ottawa, ce n’est pas un véritable souci de démocratie, de droits de l’homme et de justice sociale qui pousse cette position interventionniste belliqueuse à l’égard de Caracas. Du décret du président Obama qui, de l’aveu général, est faux, sur le Venezuela représentant une menace pour la sécurité nationale aux États-Unis, à la déclaration de l’ambassadeur Nikki Haley disant que le Venezuela est un « narco État de plus en plus violent » qui menace le monde, l’utilisation de l’hyperbole dans les situations diplomatiques contribue rarement à des solutions pacifiques sur la scène internationale. 

Ce n’est un secret pour personne que le Venezuela, contrairement au Mexique, au Honduras, à la Colombie, à l’Égypte ou à l’Arabie Saoudite, est la cible d’une mission de changement de régime par les États-Unis précisément à cause des qualités de leader du Venezuela dans la résistance à l’hégémonie américaine et à l’imposition du modèle néolibéral en Amérique latine. Et bien sûr, le Venezuela détient les plus grandes réserves de pétrole au monde, ce qui attire encore plus l’attention non désirée de Washington. 

Les États-Unis et le Canada ont essayé puis échoué à utiliser l’Organisation des États américains (OÉA) pour construire un bloc qui évoque la Charte démocratique contre le Venezuela de façon hypocrite. Récemment, Luis Almagro, le secrétaire général véreux de l’OÉA, est allé jusqu’à soutenir publiquement l’assermentation d’une Cour suprême parallèle, nommée de façon inconstitutionnelle par les législateurs de l’opposition et leur a permis d’utiliser le siège de l’OÉA à Washington, DC pour leur cérémonie (sans l’approbation de quelconque état membre de l’OÉA). Almagro a ainsi délégitimé l’OÉA, enhardi les éléments  extrêmes et les plus violents de l’opposition vénézuélienne, et mis de côté les efforts de médiation. 

Les sanctions canado-américaines sont une utilisation cynique du pouvoir économique coercitif pour attaquer une nation qui fait déjà face à l’hyperinflation et à la pénurie de produits de base. Bien que prétendument faites au nom de la promotion de la démocratie et de la liberté, ces sanctions violent le droit humain fondamental du peuple vénézuélien à la souveraineté, tel que cela est énoncé dans les Chartes des Nations Unies et de l’OÉA. 

Nous appelons les dirigeants politiques des États-Unis et du Canada à rejeter la rhétorique déchaînée et à contribuer à la recherche de solutions réelles aux problèmes politiques et économiques du Venezuela. Nous exhortons les gouvernements américain et canadien à annuler leurs sanctions et à soutenir les efforts de médiation déployés par le chancelier de la République dominicaine Miguel Vargas, le président de la République dominicaine Danilo Medina, l’ancien premier ministre espagnol Jose Luis Rodriguez Zapatero, le Vatican et soutenus par un nombre croissant de nations latino-américaines.

(1) L’Article 19 du Chapitre 4 de la Charte de l’OÉA stipule : 

Aucun État ou groupe d’États n’a le droit d’intervenir, directement ou indirectement, pour quelque raison que ce soit, dans les affaires intérieures ou extérieures d’un autre État. Le principe précédent interdit non seulement la force armée, mais aussi toute autre forme d’ingérence ou de tentative de menace contre la personnalité de l’État ou contre ses éléments politiques, économiques et culturels.

En plus de Noam Chomsky, la lettre est signée par de nombreuses personnalités états-uniennes et canadiennes dont, au Canada, Jerry Dias, le président d’Unifor et Mike Palecek, le président national du Syndicat canadien des travailleurs et travailleuses des Postes.