AbibitiBowater : On refuse d’entrer dans le bois !

2009/05/07 | Par Pierre Dubuc

« On est-tu rendu à devoir faire comme les Français avec leurs patrons ? », de déclarer à l’aut’journal Jean-Marc Crevier, le représentant de la FTQ au Saguenay Lac Saint-Jean, en faisant référence à la pratique des ouvriers français qui séquestrent leurs patrons pour négocier.

Jean-Marc Crevier s’insurge contre le fait qu’AbitibiBowater doit 7 à 8 millions aux travailleurs forestiers alors que le pdg de l’entreprise, John Weaver, a quitté en touchant une prime de 22 millions $ après à peine quelques mois de travail. « C’est le même John Weaver qui a touché 53 millions $ pour avoir vendu l’Alcan à Rio Tinto. »

Selon Stéphane McLean, le représentant du SCEP-FTQ au Saguenay Lac Saint-Jean, de 1 000 à 1200 travailleurs refusent pour le moment « d’entrer dans la forêt ». « Ces travailleurs, nous explique-t-il, sont des employés salariés d’AbitibiBowater, mais certains d’entre eux sont en même temps des sous-contractants parce que propriétaires/opérateurs d’abatteuses, de débrancheuses et de multifonctionnelles. »

Parce qu’AbitibiBowater – qui vient de se placer sous la Loi sur les arrangements avec les créanciers – ne leur a pas versé l’équivalent de 7 à 8 millions au cours des derniers mois, les travailleurs forestiers ne peuvent ni faire réparer leurs équipements ni rencontrer leurs paiements sur des équipements qui valent entre 500 000 $ et 1 million $.

Cependant, ajoute Stéphane McLean, « le contrat qui les lie à AbitibiBowater les oblige à continuer à fournir une prestation de services ».

Ces opérateurs forestiers ne peuvent espérer toucher grand chose de l’argent que leur doit la compagnie dans le cadre d’un éventuel règlement avec les créanciers. « Ils ne pèsent pas lourd dans la balance, nous dit Stéphane McLean, en rappelant que c’est un dollar un vote. »

C’est toute l’industrie forestière qui risque d’être paralysée au cours des prochains jours, selon Stéphane McLean. « Les gars n’étant pas dans la forêt, le bois ne se coupe pas. Des scieries sont déjà en rupture de stock. Et même si les gars retournaient dans la forêt demain, il faudra compter sur un délai d’au moins trois semaines avant que les premiers arbres arrivent aux scieries. »

Le permanent syndical trouve que le 100 millions de garantie de prêt que le gouvernement vient d’accorder à AbitibiBowater, « c’est un peu court. Abitibi doit de l’argent à tout le monde. »

De toute évidence, cette nouvelle phase de la crise forestière ne fait que commencer.