À propos de la création d’un nouveau parti souverainiste

2011/08/26 | Par Marc Laviolette et Pierre Dubuc, respectivement président et secrétaire du SPQ Libre

Bernard Drainville a raison : le Parti Québécois se dirige dans un mur, s’il ne modifie pas son parcours. Le risque d’implosion est, en effet, très réel. Et les effets seraient catastrophiques!

Ceux qui s’agitent actuellement sur Internet et les réseaux sociaux en se réjouissant devant la perspective de remplacer le Parti Québécois par un nouveau parti de leur crû devraient y penser à deux fois.


Un exemple à méditer

Ils font penser aux différentes sectes trotskystes qui salivaient lors de l’implosion de l’Union soviétique et la dissolution du Parti communiste. « Depuis toujours nous critiquons la direction du Parti communiste et aspirons à le remplacer pour implanter le vrai communisme », disaient-ils en substance en croyant pouvoir profiter du vide laissé par sa disparition.

L’Histoire nous dit qu’il n’en fut rien. Ils furent, eux aussi, emportés par la tornade capitaliste qui déferla sur l’ancienne Union soviétique et les pays d’Europe de l’Est, comme l’a si bien démontré Naomi Klein dans son livre La stratégie du Choc.

Un phénomène similaire risque de se produire advenant l’implosion du Parti Québécois, particulièrement dans un contexte où l’autre grand parti souverainiste, le Bloc Québécois, a été, à toutes fins pratiques, rayé de la carte, le 2 mai dernier.

Ne resterait dans le paysage politique, par suite de l’implosion du Parti Québécois, que de petites chapelles indépendantistes, chacune d’entre elles, bien entendu, étant détentrice de la « véritable solution ».

Et c’est la pensée fédéraliste, bien représentée avec 59 députés NPD, qui occuperait tout le terrain progressiste, le reste du spectre politique étant occupé par d’autres voix fédéralistes, le PLQ, l’ADQ et le futur parti de François Legault.


Une offensive savamment orchestrée

De toute évidence, les forces fédéralistes agissent selon un plan discret, mais bien planifié. Paul Desmarais s’est employé à neutraliser le seul appui international véritable sur lequel le mouvement souverainiste pouvait compter, celui de la France, en prenant sous sa tutelle Nicolas Sarkozy.

Dans une allocution qu’il a prononcé, le 18 février 2008, à l’occasion de la prise de contrôle de la Bourse de Montréal par la Bourse de Toronto, Monsieur Parizeau a décrit la constellation des principaux instruments financiers du Québec, (Caisse de dépôt, Banque Nationale, Mouvement Desjardins, Fonds de solidarité, Fondaction), leurs interactions passées et les changements survenus au cours des dernières années. Son analyse l’amenait à un constat : la fin du Québec Inc.

Depuis, la situation ne s’est pas améliorée. Au contraire. La Caisse de dépôt est passée sous le contrôle de Michael Sabia et les institutions québécoises, sous la direction de la Banque Nationale, ont créé le regroupement Maple Leaf (un titre significatif) pour sauver la Bourse de Toronto, là où elles font de plus en plus d’affaires, le Mouvement Desjardins y compris.
 

Après avoir coupé le mouvement souverainiste de son seul appui véritable au plan international, après avoir démantelé le réseau du Québec Inc., reste, pour finir la job, à provoquer l’implosion du Parti Québécois.

Ce à quoi Legault s’affaire, sous le haut patronage d’un représentant du milieu bancaire canadien, Charles Sirois, dont The Economist, la bible des milieux d’affaires internationaux, vient appuyer l’initiative dans un article paru le 23 juin dernier sous le titre « The irrelevance of separatism ».

Le fait que Legault propose aujourd’hui que son parti ne soit le parti que d’un seul mandat démontre qu’il s’apprête à gouverner sans tenir compte des réactions de la population. Ça promet un derby de démolition!

Réalisons donc que le mouvement souverainiste est sur la défensive. Nous ne sommes pas dans ce genre de phase ascendante, porteuse d’espoirs, nécessaire à la création d’un nouveau parti.

Dans une telle conjoncture, des appels à un changement de parcours, de culture et de politiques au Parti Québécois, comme l’ont demandé, au printemps, les Curzi, Beaudoin, Lapointe et Aussant et, aujourd’hui, Bernard Drainville, c’est la voie à suivre.

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