Monsieur le ministre des Ressources naturelles,
L'Agence France-Presse (+ Canadian Broadcasting Corporation) a publié le 4 octobre dernier les informations suivantes :
L’inspection des centrales nucléaires canadiennes a montré que dans 75% des cas le cahier des charges sur la surveillance des réacteurs n'était pas suivi, un élément «vraiment inacceptable», a révélé mardi un rapport parlementaire au vitriol. La situation « est assez grave», s'est indignée en conférence de presse Julie Gelfand, Commissaire à l'environnement et au développement durable, qui relève du Parlement.
Au terme de l'audit des quatre centrales nucléaires (19 réacteurs) que compte le Canada, la responsable regrette que la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) « n'a pas pu démontrer que ses plans prévoyaient un nombre suffisant d'inspections. Un tel manque de précision, dans une industrie de précision, est vraiment inacceptable», a-t-elle dénoncé. «Ce genre d'erreurs n'a pas sa place quand on parle d'une industrie nucléaire».
De même, la CCSN n'a pu faire la preuve qu'elle «disposait des employés dont elle avait besoin pour vérifier que les centrales nucléaires respectaient toutes les exigences applicables ou que les inspections des installations étaient réalisées selon ses propres procédures».
Elle a relevé également que des inspections, prévues initialement entre 2013 et 2015, avaient été reportées d'une année, voire davantage, en raison du manque de techniciens spécialisés disponibles, mais aussi en raison de l'interruption de certains réacteurs lors des visites.
En outre, a-t-elle regretté, la CCSN a traîné les pieds pour publier les conclusions de ces inspections.
Suite à ce rapport de madame Gelfand, nous avons attendu en vain l’offre de démission qui s’imposait de la part de M. Binder.
Monsieur le ministre, tout comme les signataires d’une première lettre qui vous a été adressée le 11 octobre par le Bruce Peninsula Environmental Group (BPEG)1, nous croyons respectueusement qu’il est de votre responsabilité d’exiger vous-même cette démission pour le bien public. Sans une telle action, la CCSN restera à nos yeux non seulement inefficace, mais aussi soupçonnée de nier ses problèmes de sécurité, comme on l’a hélas trop souvent constaté par les réponses insatisfaisantes et arrogantes de MM. Michael Binder et Ramzi Jammal à toutes nos préoccupations exprimées au cours des huit dernières années.
M. Binder est allé jusqu’à critiquer le Bureau d’Audiences Publiques en Environnement du Québec pour avoir recommandé un moratoire (pas une interdiction!) sur l’exploitation d’uranium; ce moratoire a été obtenu grâce au travail de la nation Crie et de l’organisme Québec meilleure mine, principaux responsables du succès du Symposium international de Québec sur l’uranium au printemps 2015.
On se souvient qu’en 2007, le gouvernement Harper avait commis l’ingérence de démettre arbitrairement de ses fonctions de présidente de la CCSN madame Linda Keen pour sa décision prudente de garder le réacteur Chalk River ferméi. Elle fut remplacée par M. Michael Binder, sans explications autres que la demande pharmaceutique d’avoir accès à ses isotopes maintenant fournis au Canada par des cyclotrons qui n’ont heureusement pas besoin de fission nucléaire.
Dans l’attente d’une réponse rapide de votre part, vu l’inquiétude suscitée par le rapport alarmant de madame Gelfand, nous vous prions d’agréer l’expression de nos sentiments d’urgence,
Christian Simard, directeur général, Nature Québec
Gaétan Ruest, Ing, maire d’Amqui
Gordon Edwards, PhD, président, Regroupement pour la surveillance du nucléaire
Lucie Sauvé, PhD, professeure titulaire UQAM, directrice du Centre de recherche en éducation et formation relatives à l'environnement et à l'écocitoyenneté
Louise Vandelac, Ph.D. Professeure titulaire Département de sociologie et Institut des sciences de l’environnement de l'UQAM
Daniel Gingras, président des Artistes pour la Paix
Pierre Jasmin, vice-président des Artistes pour la Paix et co-fondateur du Mouvement Sortons le Québec du Nucléaire (MSQN)
Michel Duguay, PhD Yale en physique nucléaire, co-fondateur MSQN
Dorothy Goldin Rosenberg, MES, PhD, Environmental& Ecosystem Health Lecturer, U of Toronto
Guylaine Maroist, cinéaste de Gentilly or not to be
Derek Paul, PhD, co-founder of Science for Peace
Dr Cathy Vakil, MD, Kingston, Canadian association of Physicians for the Environment (CAPE)
Mike Wilton, Algonquin Eco Watch
Jacques Dagenais, consultant
Janet McNeill, Durham Nuclear Awareness
Jacques Boucher, Regroupement pour la Surveillance du Nucléaire
Marc Fafard, porte-parole Sept-Îles Sans URANIUM (SISUR)
François Lapierre, Association de Protection de l'Environnement des Hautes-Laurentides (APHL).
Bryan Smith, Oxford Coalition for Social Justice |
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Cc Julie Gelfand, Environment and Sustainable Development Commissioner
Cc Le Très Honorable Justin Trudeau