La GRC doit cesser de harceler le militant Yves Engler

2019/09/03 | Par Pierre Dubuc

Le militant montréalais Yves Engler a reçu à son domicile la visite de deux agents de la GRC. Manque de pot, il était absent, sa compagne leur a demandé de s’identifier, a pris leur photo et leur demander de partir.

Ils sont revenus le lendemain et ont sonné à sa porte à de multiples reprises. Sa compagne a décidé de les ignorer. Mais leur insistance a évidemment attiré l’attention du voisinage, ce qui était sans doute l'effet recherché. En clair, cela s’appelle du harcèlement et de l’intimidation.

Engler relate les événements sur son blogue, en demandant pourquoi ils ne l’ont pas contacté par téléphone, courriel, Skype ou sur son blogue, s’ils voulaient le rencontrer.

Quel crime aurait donc commis le militant anglophone? Tout simplement, celui de se présenter dans des assemblées publiques et des conférences de presse pour poser des questions aux ministres libéraux sur la politique étrangère de leur gouvernement.

La veille de leur première visite, des officiers de la GRC avaient sorti manu militari Yves Engler d’une conférence de presse du ministre Marc Garneau, lorsqu’il a posé une question sur la vente d’armes canadiennes à l’Arabie saoudite.

Mercredi dernier, des agents de la GRC l’ont intercepté, lui et l’avocat Dimitri Lascaris, pour les empêcher d’assister une conférence de Justin Trudeau. Ils l’ont aussi empêché de se présenter à une conférence de presse du ministre de la Justice David Lametti, sous prétexte qu’il n’avait pas de carte de presse, alors que c’était le cas de la majorité des personnes présentes.

Il voulait, explique Engler sur son blogue, lui poser la question suivante : « Monsieur Lametti, vous aurez une importante décision à prendre au cours des prochains jours en lien avec la loi internationale et les droits des consommateurs. Comme vous le savez, la Cour fédérale a statué récemment contre la décision de votre gouvernement de permettre l’importation au Canada de vins produits dans les territoires occupés de Cisjordanie identifiés comme ‘‘Produits d’Israël’’. Alors que des groupes anti-Palestiniens font pression sur votre gouvernement pour qu’il en appelle de cette décision, le NPD et le Parti Vert veulent que vous cessiez de dépenser des fonds publics dans cette campagne anti-palestinienne. Pouvez-vous vous engager à respecter cette décision de la Cour, qui respecte les droits des consommateurs, la loi internationale et les droits de Palestiniens ? »

La question est tout à fait légitime et nous espérons que les autres chefs de partis la poseront à Justin Trudeau lors des débats des chefs.

Tout comme ces autres questions sur le soutien du gouvernement canadien au président corrompu, répressif et illégitime de Haïti et sur ses efforts du gouvernement Trudeau pour renverser le gouvernement du Venezuela.

Yves Engler nous dit qu’il est intervenu, au cours des derniers mois, avec l’avocat Lascaris et des membres de Solidarité Québec-Haïti et du Mouvement Québécois pour la Paix lors d’une douzaine de conférences de presse de ministres et du premier ministre à ce sujet. Au cours de ces interventions, d’à peine quelques minutes, aucun politicien n’a été touché, menacé ou empêché de parler, précise-t-il.

Yves Engler est bien conscient que cela perturbe le plan de communication du gouvernement, mais le droit de protester, de poser des questions, de remettre en cause des décisions du gouvernement l’emporte sur le bien-être des politiciens. Cela s’appelle : la démocratie !

Yves Engler est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la politique étrangère du Canada.