François «Air Transat» Legault

 


Portrait du ministre-businessman



Lucien Bouchard a nommé un homme d’affaires, François «Air Transat « Legault, au ministère de l’Éducation. Son cheminement de carrière et ses prises de positions laissent envisager le pire, tant sur la place de la religion que du privé à l’école. Tout cela sans parler de sa «vision» de l’indépendance du Québec...

Lucien Bouchard a présenté M. Legault comme le symbole de «la garde montante des entrepreneurs québécois». Il faut plutôt parler d’un beau cas de B.S. corporatif lorsqu’on sait que Air Transat est une créature du Régime d’épargne actions (RÉA) et du Fonds de solidarité de la FTQ.

En effet, Air Transat a pu bénéficier du RÉA pour assurer la capitalisation nécessaire à sa croissance. L’originalité de ce régime, c’est que les entreprises québécoises inscrites devaient émettre des actions à la Bourse de Montréal pour leur capitalisation. L’achat de ces actions était en partie déductible d’impôts pour les acheteurs individuels. Ce qui revient à dire que c’est l’État qui a financé l’expansion d’un grand nombre d’entreprises, dont Air Transat. Quant au rôle de la FTQ, elle est détentrice de 15% des actions du Groupe Transat par le biais du Fonds de solidarité.

Air-Transat a également profité, dans les années 1980, du conflit de travail chez Nationair. Le conflit a traîné en longueur et a permis à Air Transat de prendre les parts de marché de Nationair. À l’époque, le président de Nationair, Robert Obadia, accusait la FTQ de conflit d’intérêts parce que les employés étaient syndiqués à la FTQ et que le Fonds était actionnaire de Air Transat. Bien entendu, ce n’est pas parce que Robert Obadia, un anti-syndicaliste notoire, avait à cœur les intérêts des employés qu’il a proféré de telles accusations. Néanmoins, on peut conclure que l’émergence de Air Transat vient beaucoup plus du fait qu’elle a profité d’un conflit de travail chez un concurrent et du coup de pouce du RÉA et du Fonds de solidarité que des qualités d’entrepreneurship de M. Legault. Alors, pour la «garde montante», on repassera.

Rapprocher les écoles des entreprises

De sérieuses questions se posent sur la place que le nouveau ministre veut donner à l’entreprise privée dans l’éducation. Il a dit qu’il fallait réinjecter de l’argent dans le système sans jamais dire d’où viendrait cet argent. C’est une porte ouverte au financement de nature privée, d’autant plus qu’il a déjà déclaré qu’il était temps de rapprocher l’école des entreprises! Cette nomination est la preuve que, dorénavant, on abordera l’éducation comme une «business» qui doit rapporter et être concurrentielle, et non pas comme un investissement à long terme pour les Québécois.

Le carnet du militant

En 1995, Legault refusa de s’afficher en faveur du Oui alors qu’il était PDG d’Air Transat, sa raison étant que 0 «Quand tu es chef d’entreprise, d’une certaine façon, tu représentes aussi les employés.» La belle affaire! Avait-il autant à cœur la bonne représentation des demandes salariales de ses employés? Il a aussi avoué «qu’il y en a qui sont fédéralistes [des chefs d’entreprise] et qui parlent très fort et qui font peur aux autres. Et les autres se disent 0 si je ne veux pas être barré des petits «partys», je suis mieux de ne pas m’afficher souverainiste.» Il n’a donc pas dû en manquer beaucoup, des petits «partys»!

Pour convaincre les gens d’affaires d’adhérer à la souveraineté, il propose de les attirer en leur disant 0 «Êtes-vous d’accord avec ma stratégie économique ? Si vous embarquez, on s’en va là. La souveraineté, ça va suivre en arrière.» Fallait y penser 0 retirer tous les aspects libérateurs et progressistes du projet indépendantiste pour attirer des vautours affairistes !

Mais la meilleure, c’est que Legault avait sa carte du PQ à 16 ans. Il ne l’a jamais renouvelée pendant ses années dans le monde des affaires. Il ne l’a fait que récemment, lorsqu’il a su qu’il devenait ministre ! Avez-vous dit carriériste?

religion et l’école

Dernièrement, le ministre a parlé de l’importance des « nouvelles valeurs » devant être enseignées à l’école. Qu’entend-il par là ? Un détail peut-être révélateur, M. Legault est l’un des sept membres du gouvernement (dont Lucien Bouchard) qui a préféré prêter serment sur la Bible, plutôt que sur le Code civil du Québec lors de son assermentation comme ministre!

La commission Proulx, qui s’est penchée sur la place de la religion à l’école, va bientôt lui remettre son rapport. Au printemps, il y aura des consultations publiques sur le sujet. Si on se fie au sort que le PQ réserve au programme de ses militants et aux consultations, il y a fort à parier que, dans les faits, seul décidera François «Air Transat» Legault. Juré craché sur la Bible!