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Le cas Pratt and Whitney 0



Avec un chiffre d'affaires de plus de deux milliards de dollars par année, Pratt and Whitney se vante d'être le plus important investisseur en recherche et développement dans le secteur aérospatial au Canada. Cependant, elle omet sciemment de nous dire qu'elle est assurément un des plus gros assistés sociaux du pays.

Au moment même où les lobbies patronaux continuent avec acharnement leur campagne en faveur de la réduction du rôle de l'État, il est étonnant de constater comment ils sont silencieux face à l'imposante aide gouvernementale aux entreprises. Plus renversant encore, est l'importance de cette aide gouvernementale consacrée à des grandes entreprises rentables.

Pour la seule période comprise entre le 1er avril 1982 et le 14 octobre 1997, le ministère fédéral de l'Industrie et du Commerce a en effet octroyé plus de 11 milliards de dollars à titre d'aide.

C'est par le biais du programme de productivité de l'industrie de matériel de défense (PPIMD) et du programme du parc technologique de Canada (PTC) que provient l'aide gouvernementale. Le PPIMD est la principale source de financement de la recherche et du développement de l'industrie de l'aéronautique au Canada pour la période antérieure au 11 mars 1996.

L'aide accordée en vertu du PPIMD prenait la forme d'investissements participatifs remboursables au moyen de redevances basées sur les ventes générées par le projet. Le gouvernement n'avait donc aucune garantie de revoir la couleur de son argent.

Ainsi, entre le 1er avril 1982 et le 14 octobre 1997, ce programme a fourni pour près de 2 millions et demi de dollars d'aide gouvernementale remboursable. En date du 31 décembre 1997, seulement 5 % de ce montant furent remboursés par les entreprises en cause.

On ne rembourse pas

C'est donc plus de deux millions trois cent mille dollars qui n'ont pas été remboursés équivalant ainsi à une forme de donation par le gouvernement. Face à un tel bilan, le gouvernement fédéral a cessé de voter de nouveaux crédits pour le PPIMD à la fin de l'année 1995. Suite à la menace de plusieurs sociétés de relocaliser leurs installations canadiennes à l'étranger si elles n'obtenaient pas l'aide suffisante. Le gouvernement annonçait, le 11 mars 1996, la mise en place d'un nouveau fonds d'investissement, soit le Partenariat technologique Canada (PTC).

Pratt and Whitney, filiale de United Technologies Corporation, société de haute technologie dont le siège social est à Hartford (Connecticut ), a reçu à elle seule plus d'un milliard de dollars du gouvernement fédéral durant cette même période. Pourtant en toute impunité, Pratt and Whitney annonçait, le 24 août dernier, la mise à pied de 700 travailleurs au cours des prochains mois.