L'enjeu0 le pétrole du Venezuela ?

 


Le nationalisme d'Hugo Chavez inquiète les États-Unis



C'est peut-être au Vénézuela que se trouvent les vraies raisons pour lesquelles les États-Unis cherchent à imposer une solution militaire en Colombie. Il s'agirait d'intimider voire de déstabiliser le régime nationaliste de Hugo Chavez qui contrôle la seconde entreprise pétrolière nationale du monde, exerce un leadership de plus en plus déterminant auprès de la communauté des pays exportateurs de pétrole et promet, après 40 ans de fausse démocratie, de redonner à la population son pays.

Hugo Chavez a été élu par 80% de l'électorat de son pays mais, du point de vue de l'Oncle Sam, il est devenu un très mauvais exemple pour les autres pays latino-américains.

Il avait d'abord promis de purger le pays de la corruption qui, depuis des décennies, a permis aux officiels du gouvernement de s'enrichir à même les revenus du pétrole pendant que le reste de la population restait dans la misère.

Le nouveau président vénézuélien avait aussi promis que, pour y parvenir, il allait réécrire la constitution du pays et réformer radicalement tant le système judiciaire que le Congrès, promesses qu'il est en voie de réaliser à la lettre.

Le 30 août, le président de Petroleos de Venezuela, Roberto Mandini, démissionnait et était aussitôt remplacé par Hector Chiavaldini que la presse anglo-saxonne s'est empressée de qualifier d'ami personnel de Hugo Chavez.

Mandini s'opposait pourtant à ce que les revenus de la compagnie d'État servent à financer les projets d'infrastructures et de développement compris dans le plan social Bolivar 2000 du président Chavez.

Projets sociaux

Ce qui aggrave encore le cas du Vénézuela, c'est que l'État, pour rediriger ses revenus pétroliers vers des projets sociaux profitables à sa population, a besoin de combattre la tendance mondiale à la baisse des prix du pétrole.

D'autant plus inquiétant que ce pays, qui ose ainsi reprendre la mainmise sur ses richesses naturelles, est le second exportateur mondial d'or noir et fournit aux Américains les deux tiers de tout le pétrole qu'ils importent !

C'est ainsi que, lors d'une récente rencontre à Caracas entre le Mexique, l'Arabie Saoudite et le Vénézuela, ceux-ci convenaient de prolonger jusqu'en mars 2000 le ralentissement actuel de la production.

L'an dernier, les pays membres de l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) avaient réduit leur production de 1,7 million de barils par jour, tandis que les pays non-membres (Mexique, Oman, Russie, Norvège, etc.) avaient réduit la leur de 400 000 barils par jour avec la conséquence que le prix du baril a plus que doublé depuis ce temps.

Bande de prix

Or, les ministres du pétrole des trois pays annonçaient, le 29 août, que si ces quotas étaient toujours strictement observés, le prix du baril allait probablement encore grimper.

C'est aussi suite à une initiative du Venezuela qui cédait brusquement à l'Arabie Saoudite l'essentiel du marché américain que, début mars 1999, prenait fin une compétition entre les deux pays où chacun trichait, dépassant secrètement ses quotas de production, et entraînait à la baisse le prix mondial de la ressource.

Depuis, l'influence du Venezuela n'a cessé de grandir comme le montre une proposition qu'il parraine et qu'il va présenter au prochain sommet des pays de l'OPEP, fin septembre. Selon celle-ci, les pays pétroliers devraient convenir d'une bande de prix minima et maxima en dehors desquels ils diminueraient ou augmenteraient automatiquement leur production de façon à stabiliser et discipliner le prix mondial.

Irak

Le nouveau ministre du pétrole vénézuélien, Ali Rodriguez, aurait aussi déclaré au quotidien El Universal que l'OPEP cherchera à convaincre l'Irak, dont le pétrole revient progressivement sur le marché, de se conformer aux nouveaux quotas réduits de production.

De plus, selon le Financial Times, Hugo Chavez planifie la tenue d'un super-sommet en mars 2000, auquel auraient déjà confirmé leur participation tous les chefs d'État des pays exportateurs de pétrole, membres ou non de l'OPEP.

Le dernier sommet complet de l'OPEP remonte à 1975 (en Algérie) et cette fois-ci la participation des leaders des pays non-membres serait sans précédent. L'importance de cette dernière participation s'explique par le fait que les pays de l'OPEP n'exportent plus que 35 % du pétrole mondial.

Entretemps, la CIA et CNN font tout ce qu'ils peuvent pour faire passer Chavez et son Assemblée constituante pour une dictature communiste en voie d'implantation et une menace à la stabilité régionale.