Une campagne référendaire de trois mois

 


Pour un réel débat de fond



Lors de leur récente intervention à la Commission parlementaire des institutions, les représentants du parti de la Démocratie socialiste (pDS) ont exprimé leur appui au projet de loi 99 et ils ont demandé au gouvernement Bouchard d’initier et de financer une campagne de mobilisation de la population afin d’envoyer un message clair au gouvernement d’Ottawa, en riposte à son inique et obscur projet de loi sur la clarté (C-20). Mais, bien plus qu’à une simple mobilisation de protestation pour combattre ce projet de loi dit de la clarté, c’est à une vaste campagne référendaire concernant un véritable projet de société pour le Québec que le pDS a convié le gouvernement québécois.

En ce sens, nous ne pouvons qu'applaudir au récent retrait par Québec du projet de loi 99 et souhaiter son remplacement par un projet à la fois plus large, concret et moins superficiel sur l'avenir du Québec

Faut-il rappeler qu'au cours des 25 dernières années, la campagne référendaire autour du projet de société d'un Québec souverain n'a duré qu'une soixantaine de jours en tout, soit une trentaine de jours pour chacune des consultations de 1980 et de 1995.! Bien au-delà de la clarté d'une question , la population québécoise doit être partie prenante d'un véritable projet de société dans lequel elle puisse se reconnaître et développer les grandes voies de dépassement donnant son plein sens à toute démarche de souveraineté digne de ce nom. C'est pourquoi la question nationale et la question sociale nous apparaissent si foncièrement indissociables l'une de l'autre.

Les idéaux démocratiques basés sur les principes de justice, d'équité, de bien commun, de vie communautaire et de solidarité doivent demeurer prioritaires, et surtout se démarquer de manière crédible et tangible. Et cela doit se voir non seulement dans les objectifs poursuivis, mais aussi dans le processus.

D'où l'importance de parler du processus référendaire au moment même où certains tentent de nous en écarter par l'écœurement de la question sur la question. D'où l'urgence de remettre sur le devant de la scène politique l'aspect fondamental de toute démarche référendaire, à savoir la place centrale que doit y occuper le peuple.

Notamment et justement parce que le peuple, depuis 1976, n'a jamais été mis réellement à contribution dans la lutte contre l'oppression nationale - si l'on fait exception de la courte existence de la Commission politique mise en place un mois avant le référendum de 1995 et interrompue abruptement par la PQ. Autrement, la population a été systématiquement écartée et confinée au rôle de spectateur.

Prochain référendum

Lors du prochain référendum, il est donc impérieux de s'assurer de pouvoir y tenir un véritable débat public et profondément démocratique sur les enjeux et la définition des paramètres d'une nouvelle société québécoise souveraine.

À cette fin, une campagne référendaire d'au moins trois mois s'impose. C'est un minimum démocratique afin que le peuple québécois soit foncièrement mis dans le coup . Essentiellement, bien plus que de vaines considérations de date et de soi-disant conditions gagnantes , il doit y avoir du temps et de l'espace pour un véritable débat de fond et de réelles campagnes de mobilisation issues du peuple et soutenues par le gouvernement.

Politiquement, cette fois le PQ n'a plus le choix

Au cœur même de la période référendaire, il faut que la place publique puisse être occupée, de tous les coins du Québec, par les associations populaires, les organismes communautaires, les comités de citoyens, les nations aborigènes, les communautés culturelles, les associations coopératives et de gestion en commun, les groupes syndicaux, féministes, pacifiques et écologiques... Afin qu'un plus grand nombre d'acteurs sociaux puissent non seulement s'exprimer sur le type de société souhaitée, mais aussi exercer une influence, voire un contrôle politique, sur les bases et les orientations de ce projet de société d'un Québec souverain.

De tout temps, la première, sinon la seule, condition gagnante contre l'oppression sociale et nationale a toujours été et sera toujours celle de la mobilisation populaire.

Un débat référendaire d'un mois se restreindrait forcément, encore une fois, à un brassage superficiel d'idées et ne ferait qu'entretenir, une fois de plus, toutes les peurs et tous les préjugés dont profitent si allègrement les forces qui freinent l'émancipation du peuple québécois. Un réel débat de société par la société ne peut que favoriser le changement en profondeur et les voies véritables d'affranchissement et de libération.

La onzième heure a sonné. Il est temps pour le gouvernement du Québec de changer de culture politique , de faire montre d'une maturité politique responsable en faisant confiance au peuple et en montrant concrètement, au-delà des slogans creux et des éphémères campagnes de consultation écourtées, que le débat sur la souveraineté nationale et l'émancipation sociale n'appartient pas au PQ mais bel et bien à l'ensemble de la population.