L’heure des choix approche

Guerre ou paix

Le trio Chrétien, Graham et MacCallum trompe la population québécoise et canadienne avec sa position « Ni oui, ni Non » quant à un appui à une intervention unilatérale des États-Unis contre l’Irak. Le visage réjoui de Rumsfeld raccompagnant MacCallum, au terme de la rencontre entre les deux ministres de la Guerre, nous l’a confirmé.

La décision ne date pas d’hier. Le Washington Post nous apprenait dernièrement que la décision d’attaquer l’Irak a été prise par l’administration américaine quelques jours après les attentats contre les Tours jumelles. L’envoi de navires dans le golfe Persique lors de la guerre contre l’Afghanistan le laissait deviner. L’Afghanistan n’a pas de débouché sur la mer. Déjà, à l’époque, deux destroyers canadiens s’intégraient à l’armada américaine. Aujourd’hui, de hauts gradés de l’armée canadienne sont à l’œuvre au quartier général des forces américaines en Floride.

Le moment de vérité

Le gouvernement canadien a dit oui à Washington. Mais la participation de 25 000 personnes dans les rues de Montréal et des dizaines d’autres manifestations dans plusieurs villes canadiennes, non réputées pour leur militantisme, expliquent l’apparente tergiversation. Des sondages ont démontré que plus de 85 % de la population canadienne s’opposaient à une participation aux côtés des États-Unis dans une intervention hors du cadre de l’ONU.

Le gouvernement canadien devra bientôt nous dire s’il représente les intérêts de la population du Canada auprès des États-Unis ou les intérêts de la junte au pouvoir à Washington auprès de la population canadienne.

L’odeur du pétrole… canadien

Les partis d’opposition devront aussi se prononcer clairement. Le Reform Party a déjà fait son nid. Il est favorable à une participation inconditionnelle aux côtés des États-Unis. Ce n’est pas étonnant. Le Reform Party représente les intérêts pétroliers de l’ouest qui seront les premiers à bénéficier d’un conflit. Le Canada est le premier fournisseur de produits pétroliers aux États-Unis, devant l’Arabie saoudite, le Venezuela et le Mexique.

Un conflit pourrait avoir des conséquences insoupçonnées. Par exemple, si les importations de pétrole de l’est en provenance de la Mer du Nord et du Venezuela étaient compromises, il ne serait pas possible de détourner vers l’Ontario ou le Québec les livraisons de pétrole de l’Alberta, acheminées actuellement vers les États-Unis. L’ALENA l’interdit. Les États-Unis ont sécurisé dans l’accord de libre-échange leur approvisionnement énergétique. Ce spectre explique le moins d’empressement manifesté par les intérêts industriels de l’Ontario et du Québec pour la guerre.

La France tiendra-t-elle ?

Le Bloc québécois, le Parti conservateur et les Néo-démocrates se retranchent derrière l’Onu et louent publiquement la position de la France. Mais combien de temps la France tiendra-t-elle ? Son pacifisme a aussi une odeur de pétrole. La France a signé des contrats pétroliers avec Bagdad. Elle craint d’être évincée par les États-Unis. Mais qui dit qu’elle ne se ralliera pas à la guerre, si Washington y met le prix ?

La Maison-Blanche a d’autres cartes entre les mains contre la France. Surveillez la situation en Côte d’Ivoire. Le président Gbagbo vient de renier l’accord intervenu avec les rebelles du nord sous l’égide de la France. Des milliers de ses partisans manifestent devant l’ambassade américaine à Abidjan en réclamant l’appui des États-Unis. Difficile de ne pas y voir la main de la CIA.

De quel côté se rangera le Bloc?

Si la France cède, si l’Onu donne son accord à une intervention, ce sera l’heure des choix pour le Bloc québécois. Lors de la dernière Guerre du Golfe, il s’est retrouvé parmi les va-t-en-guerre aux côtés du gouvernement Mulroney. Qu’en sera-t-il cette fois-ci ? Se retrouvera-t-il du côté du trio Chrétien, Graham, MacCallum ? Sera-t-il dans le camp du Reform Party ? En résumé, représentera-t-il les intérêts de la population québécoise ou les intérêts de la Coalition anglo-saxonne ?