Stéphane Dion nous prend vraiment pour des idiots

Le ministre fédéral de l’Environnement, Stéphane Dion, vient de déposer son plan visant à respecter le protocole de Kyoto. En plus d’être inéquitable envers le Québec, ce plan favorise les plus gros pollueurs.

Le protocole de Kyoto est entré en vigueur en février dernier. En y adhérant, le Canada s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 6 % par rapport à ceux émis en 1990. Il doit respecter cet engagement d’ici 2010.

En 2002, le gouvernement fédéral prévoyait exiger une réduction de 55 millions de tonnes de GES de la part des pétrolières, des centrales thermiques et des autres entreprises les plus pollueuses. Le plan actuel abaisse cette exigence à 33 millions de tonnes. Avec Dion, ces grands pollueurs fourniront 15 % de l’effort exigé, bien qu’ils émettent 55 % des GES.

Pis encore, le fédéral dispose de 10 milliards $ pour financer la conversion de ces entreprises. Par exemple, 70 % des centrales au charbon sont désuètes et ne seront plus en fonction d’ici 2020, Kyoto ou pas. Le gouvernement fédéral subventionne leur remplacement par des centrales au gaz, moins polluantes.

En plus de servir les grandes pollueuses, le plan de Stéphane Dion se moque littéralement du Québec. Le ministre de l’Environnement du Québec, Thomas Mulcair, dénonce furieusement cette situation. Il croit que le fédéral devrait exiger une réduction de 6 % à chaque province. Or, le gouvernement central fait en sorte que les provinces qui polluent le moins subventionnent les autres. Le Québec est de loin la province la plus propre. Elle émet 11,6 tonnes par habitant chaque année. Le Canada émet en moyenne 23,3 tonnes par habitant et l’Alberta 72. Si on exclut le Québec du Canada, les émissions du Canada per capita dépassent celles des États-Unis !

Pendant que les autres provinces n’ont cessé d’augmenter leurs émissions de gaz à effet de serre, le Québec a réduit les siennes de 6 % par rapport à 1990. Nous respectons déjà Kyoto, mais le fédéral s’en balance. Pendant ce temps, les émissions causées par des fuites dans les pipelines et gazoducs dans l’ouest du pays se sont accrues de 44 %. Aujourd’hui, chaque province doit réduire ses émissions, peu importe les efforts posés depuis 1990.

Comme Mulcair l’affirme, le plan est tellement idiot que si nous avions construit la centrale thermique du Suroît, nous bénéficierions aujourd’hui de l’aide fédérale. C’est que le gaz pollue moins que le charbon. Le plan de Dion ne comprend pas le Québec. Le Suroît aurait accru notre pollution et le gouvernement fédéral aurait financé le projet dans le but de respecter Kyoto.

Il est frustrant de constater qu’une partie des taxes et impôts du Québec subventionnent les gros pollueurs industriels du reste du Canada, alors que les efforts que nous avons jusqu’ici faits ne sont pas reconnus. Le plan de Stéphane Dion est conçu pour la réalité du Canada, pas pour celle du Québec. En étant souverain, le Québec figurerait parmi les premiers pays à respecter Kyoto et nous n’aurions pas à subventionner l’industrie pollueuse canadienne comme les pétrolières.