Un employeur multinational et multimalhonnête

Manifestation dans les rues de Valleyfield en appui aux grévistes de CEZinc

2017/06/20

En grève depuis le 12 février, les 371 employés (Métallos) de l’usine de zinc CEZinc de Salaberry-de-Valleyfield ont reçu, le 29 mars dernier, le soutien d’une vingtaine de travailleurs de la fonderie Horne (CSN) située à Rouyn-Noranda. Environs 400 manifestants ont défilé dans les rues pour dénoncer la multinationale Glencore, avec laquelle les négociations achoppent sur la question du régime de retraite.

« L’employeur veut, comme tous les employeurs, faire plus d’argent et sabrer dans les coûts. Nous avons proposé des solutions, mais l’employeur a refusé nos propositions. Il s’entête à vouloir couper dans le régime de retraite. Pour nous, il n’est pas question qu’il touche à ça », de nous confier en entrevue Manon Castonguay, présidente de la section locale 6486 des Métallos.

Le syndicat ne comprend pas l’entêtement de la compagnie, qui souhaite modifier le régime de retraite des travailleurs, alors qu’il est en excellente santé financière avec une capitalisation de 114 %. Le syndicat demande plutôt à la compagnie d’entrevoir d’autres solutions pour réduire ses coûts de production.

« Le combat des syndiqués de CEZinc, c’est aussi le nôtre. Nous avons le même régime de retraite qu’eux et il y a de fortes chances pour qu’on ait à faire face aux mêmes demandes gourmandes lors de notre prochaine négociation. C’est pour cette raison que l’on a débuté des démarches avec les Métallos pour créer une alliance intersyndicale », de faire valoir Mario Montmigny, président du Syndicat des travailleurs de la Mine Noranda-CSN.

M. Montmigny a cité Fred Pellerin, qui a dit, en rendant hommage à Gilles Vigneault, lors d’un gala de l’ADISQ : « L’idéal, quand il est porté par une seule personne, il ne se rend pas loin. L’idéal, il faut qu’il soit porté par le collectif pour avoir de l’avenir ».

Mario Montmigny souligne que « lors du renouvellement de la convention collective de 2015, l’employeur, Glencore, a été clair au sujet du régime de retraite. En faisant allusion aux prochaines négociations de 2017, « si vous connaissez du monde qui peuvent partir avant le prochain contrat, dites-leur de partir. Ça coûte cher des “prestations de raccordement”, ça coûte cher des régimes de retraite ».

La prestation de raccordement (ou bridge) est un supplément temporaire que le régime peut offrir. Normalement, elle est payée jusqu’à ce que les rentes provenant des régimes publics (Sécurité de la vieillesse et Régime de rentes du Québec) soient versées.

En s’adressant aux manifestants réunis sur la Place des Tisserands à Valleyfield, Pierre Lagrenade, président de l’intersyndicale Coton 46, a déclaré que « la Place des Tisserands a été réalisée avec le mouvement syndical de la région. C’est un monument qui vise à commémorer le courage et la détermination des ouvrières et ouvriers de la Montreal Cotton, qui ont fait une grève de 100 jours dans des conditions particulièrement difficiles sous le régime Duplessis, et qui ont gagné leur grève. S’ils ont gagné leur grève, c’est grâce à leur détermination et au support de la population de Valleyfield. Coton 46, qui est une coalition de l’ensemble des syndicats de la région, est là pour témoigner de son support indéfectible à la lutte des employés de CEZinc. En déclarant la grève, vous avez dit : “Nous ne reculerons pas”. Vous pouvez compter sur nous pour vous appuyer jusqu’au bout ».

« Cet employeur est malhonnête dans votre négociation, malhonnête face à l’ensemble de vos revendications, malhonnête de mettre en péril votre régime de retraite, et il veut faire payer aujourd’hui ce que vous devez avoir demain », de s’indigner Mathieu Lafleur, 1er vice-président de la Fédération de l’industrie manufacturière-CSN.

Alain Croteau, directeur québécois des Métallos, a soulevé un vent d’espoir en rappelant « qu’avec Rio Tinto-Alcan à Alma, on a fait une “campagne corporative” où les dirigeants syndicaux sont allés rencontrer les exécutifs syndicaux un peu partout sur la planète. On a fait une manifestation au mois de mars 2012. Les dirigeants syndicaux de l’Afrique, de l’Europe, de l’Asie et de l’Australie sont venus à Alma pour marcher dans les rues ».

Le directeur des Métallos a annoncé qu’il demandera lors de la prochaine rencontre de l’exécutif des Métallos, de débuter une « campagne corporative » contre Glencore, partout dans le monde.

« Il y a une assemblée des actionnaires le 28 avril prochain, à Toronto. Il va y avoir des Métallos à cette assemblée du Fonds de revenu Noranda. On va expliquer aux actionnaires le conflit, pourquoi ils perdent de l’argent et pourquoi cela perdure », de conclure Alain Croteau. 

75 % des parts du Fonds de revenu Noranda sont détenues par le public et 25 % par Glencore. Le Fonds est propriétaire de l’affinerie CEZinc. Glencore approvisionne l’affinerie conformément à une convention d’approvisionnement et de traitement qui prendra fin le 2 mai 2022.