Brèves syndicales

2012/10/26 | Par Maude Messier

Couche-Tard à Boisbriand: l’employeur sévit

Boisbriand – Syndiqués depuis le 4 octobre dernier, les employés d’un Couche-Tard à Boisbriand subissent depuis ce qu’ils considèrent comme des mesures répressives, une forme de « punition » en réponse à leur initiative syndicale.

Des six commis de l’établissement, trois ont reçu des avis disciplinaires et un a été congédié, « deux jours à peine avant la fin de sa période de probation de trois mois », d’expliquer Gabriel Boyer-Maillé, président du syndicat régional et employé du dépanneur en question.

Il s’explique plutôt mal ce congédiement puisque cet employé « était régulièrement félicité pour son bon travail et il était souvent appelé en remplacement. Du jour au lendemain, ça ne fait plus l’affaire? »

Gabriel précise aussi que jamais les employés du dépanneur n’avaient reçu d’avis disciplinaires ou d’avertissements relativement à leur travail ou leur comportement. « Ce sont des mesures discriminatoires envers des employés qui souhaitent se syndiquer pour faire respecter leurs droits. »

Il admet, bien au fait de la réputation antisyndicale de son employeur, s’être attendu à ce que l’accréditation syndicale fasse des vagues dans son milieu de travail, « mais jamais à des mesures répressives aussi pires que celles-là. »

À l’instar de ses confrères, il aime son travail, mais estime que Couche-Tard ne respecte pas ses employés en contrevenant, entre autres, aux normes du travail.

« Il faut régler ça. On travaille des chiffres de six à huit heures sans pauses, même pas pour manger. On est payé au salaire minimum ou presque. Et il y a de sérieux problèmes de sécurité, les caméras des pompes et du dépanneur ont trop d’angles morts. S’il y a un vol par exemple, il y a des chances qu’il ne soit même pas filmé. Ce n’est pas sécuritaire pour les employés. »

Estimant que Couche-Tard multiplie indûment les mesures disciplinaires contre des employés qui désirent se syndiquer, la CSN porte plainte à la Commission des relations du travail et conteste le congédiement qu’elle juge abusif. L’employé congédié bénéficiera des prestations du Fonds de défense professionnelle de la CSN.

Par ailleurs, afin de soutenir la lutte de ces travailleurs, les syndicats CSN de la région des Laurentides forment un comité de vigilance et préviennent Couche-Tard qu’ils seront aux aguets pour dénoncer tout geste de représailles à l’égard de ces employés.

« Ces travailleuses et ces travailleurs peuvent compter sur notre soutien indéfectible », de déclarer la présidente du Conseil central des Laurentides, Louise Jetté. Elle invite également la population à magasiner dans ce dépanneur et à appuyer les employés dans leur démarche pour faire respecter leurs droits.

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«Black Friday» : grève à prévoir chez Walmart

États-Unis – Les relations de travail entre le géant de la vente au détail et ses employés s’enveniment. Lundi dernier, un recours collectif a été déposé à Chicago au nom d’employés temporaires alléguant que WalMart Stores Inc. et deux agences de placement ont violé les lois sur le salaire minimum et le temps supplémentaire.

À plusieurs reprises, des employés ont dû se présenter plus tôt au travail, travailler pendant les pauses et les repas, et participer à des formations sans rémunération.

Cette poursuite survient alors que les relations de travail entre Walmart et ses employés sont tendues. Rappelons qu’au début d’octobre, des employés ont débrayé une journée à Los Angeles de même que dans plusieurs autres villes américaines. Des manifestations ont aussi eu lieu dans un entrepôt dans le sud de la Californie et dans un centre de distribution de l’Illinois.

Ces différentes actions sont organisées notamment par OUR Walmart, un regroupement d’employés supporté par la United Food & Commercial Workers International Union (UFCW), dont la filiale canadienne est le Syndicat des Travailleurs Unis de l’Alimentation et du Commerce (TUAC).

Voilà qui fait dire à Walmart, via son porte-parole, Dan Fogleman, que le litige est entièrement orchestré par les syndicats, « plus préoccupés par la publicité que par les droits des travailleurs », selon ce que rapporte l’agence Reuters.

Walmart soutient, par ailleurs, que les contestataires ne représentent qu’une poignée des 1,4 million d’employés aux États-Unis.

Ce n’est pas la première fois que les démêlés entre Walmart et ses employés se retrouvent devant la justice. Toujours selon Reuters, en 2008, l’entreprise a consenti à payer 640 millions $ US en arrangements pour une douzaine de poursuites et recours collectifs portant sur des motifs similaires.

Quant aux vagues de protestations du début du mois, elles ne semblent s’essouffler. Les organisations OUR Walmart et la UFCW ont lancé un ultimatum à la multinationale, « Walmart écoute, ou les travailleurs marchent ».

Des actions de débrayages seraient prévues pour le «Black Friday», l’une des plus journées les plus achalandées de l’année pour les magasins.


Assurance-chômage : manif à Thetford Mines

Thetford Mines – La réforme du programme d’assurance-emploi prévue dans le projet de loi budgétaire mammouth provoque une levée de bouclier dans le mouvement syndical et dans les groupes sociaux.

Une large coalition, réunissant des organismes de défense des droits des chômeurs et des organisations syndicales, se mobilise depuis plusieurs mois contre cette réforme qui appauvrira davantage les travailleurs les plus précaires.

La coalition rappelle par ailleurs que le gouvernement fédéral est mal avisé de procéder à des modifications aussi lourdes de conséquences pour les travailleurs, d’autant plus qu'il ne verse pas un sou au programme financé exclusivement par les travailleurs et les employeurs.

En riposte à l’entêtement du gouvernement Harper, une importante manifestation nationale se tiendra, ce samedi 27 octobre, à Thetford Mines, dans la circonscription du ministre de l'Industrie et lieutenant politique du Premier ministre pour le Québec, Christian Paradis. Des milliers de personnes y sont attendues.

Rappelons que les modifications apportées à l’assurance-emploi contraindront les travailleurs d’accepter des emplois ne répondant ni à leurs expériences et ni à leurs qualifications.

Au-delà de trois demandes de prestation d’assurance-emploi à l’intérieur de cinq ans, les prestataires devront accepter un travail, dès la 7e semaine de chômage, à un salaire équivalant à 70 % de leur salaire antérieur et dans un rayon de 100 kilomètres de leur domicile.

La coalition s’inquiète du fait que ce sont les plus précaires qui seront affectés en premier par ces modifications, ce qui engendrera plus de pauvreté.

Contraindre les travailleurs à accepter des emplois qui ne répondent ni à leur expertise ni à leurs connaissances fait aussi craindre une perte d’expertise dans certains domaines, comme la pêche, le tourisme et la foresterie, ainsi que l’exode des travailleurs dans certaines régions, notamment là où le travail saisonnier est répandu.

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Gains syndicaux chez Projet Westwood à Rouyn-Noranda

Rouyn-Noranda – Les 306 travailleurs de la mine Projet Westwood en Abitibi, exploitée par la multinationale IAMGOLD, ont entériné à 86,7% une nouvelle entente collective.

La convention prévoit des hausses salariales allant de 26% à 34% sur une période de six ans, de même que la bonification des assurances collectives.

Il aura fallu trente jours au Syndicat des Métallos pour négocier cette entente. Bien que l’employeur ait été en demande sur différents aspects du contrat de travail, les travailleurs ont obtenu des paies de vacances plus élevées, un atout qui favorisera, selon le syndicat, le recrutement de la main-d’œuvre spécialisée.

Un employé assigné à une nouvelle tâche pourra aussi conserver les bonis associés au poste précédent. Une mesure qui permettra une plus grande mobilité de la main-d’œuvre.

Finalement, en cas de mise à pied et de préretraite, les travailleurs auront droit à des indemnités de départ de 1 500$, plutôt que 1 000$, par année de service, pour un maximum de 30 années.

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Conflit en sylviculture à Percé

Percé – Les employés des Entreprises agricoles et forestières (EAF) de Percé ont bloqué, mardi dernier, l’accès aux bureaux administratifs de leur employeur pour manifester contre son attitude quant aux négociations pour le renouvellement de leur convention collective.

Pourtant, six des huit entreprises prenant part à la ronde de négociation coordonnée dans l’est du Québec, représentant 500 travailleurs sylvicoles, ont déjà entériné une entente.

Selon Denis Pineau, coordonateur de la négociation pour le Syndicat national de la sylviculture (SNS-CSN), le fait que l’employeur se soit présenté à la dernière rencontre de conciliation avec de nouvelles demandes a littéralement mis le feu aux poudres.

« Ça fait presque un an qu’on négocie et, au début d’octobre, il se présente en demandant des réduction de salaires et la paie aux deux semaines, ce qui a une grande incidence financière pour nos travailleurs, surtout en début de saison alors qu’ils doivent débourser des sommes importantes pour l’achat d’équipements et leur entretien. »

Les syndiqués ont voulu démontrer leur exaspération en bloquant l’entrée des bureaux de l’entreprise. Il semblerait que ces actions aient eu leur effet puisque M. Pineau confirme « que ça a brassé » et que l’employeur a demandé une trêve jusqu’à la prochaine rencontre de conciliation, le 31 octobre prochain. « On a bon espoir que ça se règle. L’écart entre les parties n’est pas si grand. »

Tout comme leurs confrères ayant déjà conclu des ententes, les syndiqués de Percé réclament une allocation pour les équipements de sécurité, le financement par l'employeur d'une débroussailleuse ou d'une scie à chaîne en début de saison, et la mise en place d'un comité d'étude portant sur l'implantation d'un transport collectif.

La question des salaires ne figure pas au nombre des demandes puisque, « les travailleurs sylvicoles sont payés à forfait. C’est matière à d’autres négociations, avec le ministère des Ressources naturelles. » Un dossier tout aussi important à son avis, notamment pour la l’avenir du métier de sylviculteur qui manque cruellement de relève. « Mais ce sont d’autres négociations. »

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