Brèves syndicales

2012/11/16 | Par Maude Messier

De nombreux appuis pour Pharma-Québec

Québec – Québec solidaire a déposé mercredi le projet de loi 191 instituant Pharma-Québec, une société publique qui aurait pour mandat d’acheter et de produire des médicaments ainsi que de faire de la recherche pharmaceutique.

Pour QS, regrouper le pouvoir d’achat des Québécois et instaurer un régime d’assurance-médicaments entièrement public, en remplacement du régime mixte actuel, permettraient d’économiser 2 milliards $.

QS compare son projet au modèle suédois. Avec 9,5 millions d’habitants, la Suède dépense 3,7 milliards $ en médicaments. Le Québec, avec une population de 8 millions, dépense près de 7 milliards $ par année.

Dans le contexte où 19,6% des dépenses en santé du Québec sont destinées aux médicaments, alors que la moyenne canadienne est de 16,2%, le député Khadir soutient qu’il est grand temps que Québec mette fin aux « bonbons » accordés aux entreprises pharmaceutiques qui n’ont pas « livré la marchandise ». Le Québec a perdu près de 3 000 emplois dans ce secteur d’activité au cours des cinq dernières années.

L’Union des consommateurs mène une campagne depuis 2009 en faveur de l’instauration d’un régime d’assurance-médicaments public. Elle a reçu 260 lettres d’appui de différents groupes communautaires, sociaux, syndicaux et d’experts.

L’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) appuie également le projet de loi sur Pharma-Québec, de même que Jean-Martin Aussant, chef d’Option nationale.

La CSQ et la CSN demandent au gouvernement Marois de soumettre le projet de loi 191 à la consultation. Le vice-président de la CSN, Jean Lacharité, estime que Québec devrait évaluer la possibilité de créer une société publique, mais précise que quant à la réalisation, « il faudra voir jusqu’où le gouvernement peut aller, notamment quant à la production de médicaments. Il faudrait étudier ça plus profondément avant de se lancer. »

Rappelons que c’est la deuxième fois que QS dépose ce projet de loi, le gouvernement libéral l’ayant laissé mourir au feuilleton lors de la dernière législature.


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Entente pour les travailleurs de Waterville TG

Waterville - Les travailleurs de Waterville TG, une filiale de Toyota, ont ratifié une entente ce mercredi dans une proportion de 95%.

L’entente met fin à la grève déclenchée dimanche dernier et à des négociations ardues qui auront duré plus d’un an. « Ça a été des négociations très difficiles. Les travailleurs n’avaient pas eu d’augmentations depuis 2007. (…) Les gens se sont tenus debout et ont pu obtenir un contrat honorable dans les circonstances », a indiqué le représentant syndical des Métallos, Guy Gaudette.

Rappelons que seulement 50,8% des travailleurs avaient rejeté les dernières offres patronales, vote à l’issue duquel la grève a été déclenchée. M. Gaudette souligne toutefois que les travailleurs ont tout de même fait preuve d’une grande solidarité sur les lignes de piquetage, ce qui finalement permis un règlement assez rapide.
Les 800 travailleurs de l’usine de fabrication de pièces automobiles bénéficieront de hausses salariales de 3% pour la première année du contrat, puis de 2,5% pour les deux suivantes et de 1,5% pour la dernière. Ces augmentations sont rétroactives au 1er août 2011.

Le régime de retraite à prestations déterminées, que l’employeur souhaitait abolir, sera maintenu pour les employés actuels. Les nouveaux travailleurs auront plutôt un régime à cotisations déterminées, moins avantageux.


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Coupures et centralisation des emplois chez Hydro-Québec

Montréal - Les employés de bureau et les techniciens professionnels ont manifesté, jeudi matin, devant les bureaux d’Hydro-Québec partout à travers le Québec pour dénoncer les coupures de postes qu’ils jugent excessives.

« On sait bien que le gouvernement passe des commandes à Hydro-Québec pour hausser les dividendes. Les calculs se font vraisemblablement en coupures de postes », déplore la présidente du Syndicat des employés de techniques professionnelles et de bureau d’Hydro-Québec (SCFP 2000), Ginette Paul.
Elle déplore que les coupures se fassent dans les postes les moins rémunérés et à prédominance féminine dans une proportion de 64%.

Le SFCP 2000 a perdu 21% de ses membres au cours des quatre dernières années, 1076 postes ont été abolis. D’autres coupures sont à prévoir avec l’implantation des compteurs intelligents et la « refonte des gestes administratifs », un processus de réorganisation qui occasionne beaucoup de stress et d’incertitudes chez les syndiqués.

« On veut que le dialogue soit rétabli. À l’heure actuelle, il n’y a pas de véritables relations de travail chez Hydro-Québec. Tout se fait en catimini, le syndicat est mis sur la bande et on nous informe après. On en aurait pourtant des solutions à proposer pour faire des économies », déclare Mme Paul.

Elle soutient par ailleurs que les postes abolis sont généralement transférés en sous-traitance. « C’est inadmissible. Nous ne sommes pas convaincus que ça coûte vraiment moins cher. En plus, c’est une fuite de l’expertise vers le secteur privé. »

Si les coupures touchent l’ensemble du Québec, les impacts se font ressentir plus fortement dans les régions. « On peut dire qu’il y a effectivement une centralisation des emplois chez Hydro-Québec autour de Montréal et de Québec. Ils vident les régions. »

Plus tôt cette semaine, des manifestations ont eu lieu à Baie-Comeau et à Saguenay. Le syndicat affirme que ses membres lui ont confié, au printemps dernier, un mandat d’action pouvant aller jusqu’à la grève illégale.

« Mais on n’en est pas là. C’est juste pour vous dire à quel point notre monde est écœuré. Toutes les actions de visibilité qu’on mène en ce moment sont légales. Les consignes sont claires.» D’autres actions sont à prévoir au cours des prochaines semaines.


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Équité salariale : ultimatum de l’APTS


Longueuil - L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) a lancé un ultimatum, ce jeudi, au Secrétariat du Conseil du trésor (SCT).

Si aucune avancée significative ne survient d'ici le 15 décembre prochaine en conciliation dans le cadre de plaintes déposées en vertu de la Loi sur l'équité salariale, l'APTS se verra dans l'obligation de demander à la Commission sur l'équité salariale de faire enquête.

L’APTS a déposé plusieurs plaintes entre 2008 et 2009 alléguant que l’exercice de maintien de l’équité salarial n’a pas été effectué correctement depuis 2001. Environ 5 500 travailleuses sont touchées par cette situation, dans 13 catégories d’emplois : archivistes médicales, psychologues, spécialistes en réadaptation en déficience visuelle, thérapeutes par l'art, technologues et autres. 

L’APTS soutient qu’au cours de la dernière décennie, les responsabilités liées à ces titres d’emploi ont augmenté, justifiant un ajustement des salaires.
Le SCT et l’APTS sont en conciliation depuis près de deux ans. Le syndicat dénonce le report de rencontres pourtant prévues de longue date et le fait que le SCT repousse sans cesse les dates butoirs.

« Devant la lenteur du processus, nous sommes en droit de douter de la volonté réelle du SCT à régler », Carolle Dubé, présidente de l'APTS. Elle espère que cet ultimatum fera passer le SCT « à une vitesse supérieure afin d'en arriver à une conclusion satisfaisante d'ici un mois. »

Soulignons que la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN est également aux prises avec une problématique similaire
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Neuf pour un, un pour neuf


Estrie - Les syndicats d’employés municipaux de neuf localités en Estrie ont annoncé, cette semaine, qu’ils tiendraient désormais des négociations coordonnées pour le renouvellement de leurs conventions collectives.

Denis Beaudin, président du Conseil central des syndicats nationaux de l'Estrie, précise qu’il s’agit pour la plupart de petits syndicats. « Le plus gros a à peine 30 membres. Ils ont choisi d’unir leurs forces pour améliorer leurs conditions de travail. »

Il ajoute que cette solidarité ira même jusqu’à offrir un appui financier advenant un conflit de travail dans une municipalité. Les autres syndicats contribueront à un fonds spécial destinés à soutenir les employés touchés.

Les membres ont adopté, à l’unanimité, une plateforme de revendications minimales.

Ils réclament que 1% de la masse salariale soit investi dans la formation du personnel. M. Beaudin précise que cette demande tient au fait que l’argent investi en formation ne concerne généralement par ces employés. « L’argent sert à la formation de cadres ou aux pompiers volontaires par exemple. Ce qui est bien. Mais nos membres demandent à recevoir de la formation également de façon à maintenir l’expertise à jour. »

Les syndiqués demandent l’instauration d’un programme de retraite progressive, ce qui permettra un meilleur transfert d’expertise au moment des départs à la retraite.
Ils revendiquent l’uniformisation des vacances annuelles, l’indexation des salaires au coût de la vie plus une augmentation annuelle de 1% et une convention collective d’une durée de trois ans.

Ils souhaitent aussi une protection contre la surveillance électronique excessive. « C’est vraiment une clause de prévention. On ne voudrait pas que les GPS servent à surveiller les allées et venues des employés cols bleus par exemple, tout comme les caméras dans les commerces ne doivent pas surveiller les commis. C’est juste une question de respect des droits et libertés. »

Les négociations devraient être entamées au début de 2013.

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