Brèves syndicales

2012/11/09 | Par Maude Messier

Couche-Tard vend un autre dépanneur syndiqué

Saint-Hubert – La direction de Couche-Tard a confirmé cette semaine la mise en vente du dépanneur syndiqué de Saint-Hubert alors qu’un processus d’arbitrage est en cours pour l’obtention d’une convention collective, qui serait par ailleurs la toute première chez Couche-Tard.

L’entreprise a aussi vendu, cet été, le dépanneur de Saint-Liboire, un autre établissement syndiqué, au beau milieu d’un processus d’arbitrage.

Pour David Bergeron-Cyr, vice-président de la Fédération du commerce-CSN, il s’agit d’une manœuvre antisyndicale. « Ils sentent la soupe chaude et ils veulent casser la négo. Ils sont en mode «action réaction». Ça, c’est leur réponse à la syndicalisation d’un huitième Couche-Tard la semaine dernière à Montréal. »

Dans le dossier de Saint-Liboire, une plainte a été déposée à la Commission des relations du travail pour faire reconnaître le véritable employeur, la CSN prétextant que Couche-Tard tire toujours les ficelles et que le franchisé ne dispose pas de la latitude nécessaire pour mener en toute légitimité les négociations, « un franchisé bidon », selon David Bergeron-Cyr.

À son avis, l’histoire de Saint-Liboire se répète à Saint-Hubert. « Ce sont des tactiques exécrables. » Il indique qu’une plainte pourrait également être déposée à la CRT dans ce dossier.

« L’objectif derrière tout ça, c’est de casser la campagne de syndicalisation et de faire peur aux travailleurs qui voudraient se syndiquer. »

Depuis le début de la campagne, la CSN a déposé de nombreuses plaintes pour intimidation, entrave et menaces aux activités syndicales. À la Fédération du commerce, on fait le pari que les tactiques de Couche-Tard finiront bien par jouer contre elle.


***

Coupures fédérales : sécurité maritime en péril

Ottawa – Une délégation du Syndicat national de l'automobile, de l'aérospatiale, du transport et des autres travailleurs et travailleuses du Canada (TCA) a profité de la réunion du Conseil consultatif maritime canadien (CCMC) cette semaine, à Ottawa, pour souligner les dangers des compressions imposées aux services de la Garde côtière par le gouvernement fédéral.

En mai dernier, la Garde côtière canadienne a annoncé la fermeture de 10 centres de services de communication et de trafic maritimes (STCM) à travers le pays : St-John's, St-Anthony (Terre-Neuve-et-Labrador), Saint-John (Nouveau-Brunswick), Rivière-au-Renard et Montréal (Québec), Thunder Bay (Ontario), Vancouver, Tofino et Comox (Colombie-Britannique). Au total, 184 officiers seront touchés par ces compressions.

« La réduction du nombre des centres de SCTM aura pour effet de réduire la capacité d'écoute d'appels de détresse d'une importance vitale. C'est difficile d'entendre si personne n'est à l'écoute », de déclarer le président de la section locale 2182 des TCA, Chad Stroud.

Il explique que le nouveau plan de la Garde côtière consiste à fournir des services à distance. Si cela est possible pour le contrôle de la circulation aérienne, ça ne l’est pas pour la circulation maritime.

« Il est plus important d'avoir des connaissances du secteur local; la connaissance des courants, des marées, des utilisateurs locaux et de la géographie est cruciale quand il s'agit de fournir une assistance aux marins et de régler la circulation maritime. »

Rappelons que ces fermetures s’ajoutent aux suppressions de postes au centre de coordination de sauvetage de St-John's (T.-N.- L.) et au centre de coordination de sauvetage de Québec. Ces compressions avaient également alarmé l’Alliance de la fonction publique du Canada plus tôt cet automne quant à la sécurité maritime.

***

Manifestation à la résidence la Seigneurie de Salaberry

Québec – Les employés de la résidence pour personnes âgées autonomes la Seigneurie de Salaberry, à Québec, ont manifesté devant l’établissement, jeudi midi, pour signifier leur impatience quant au renouvellement de leur convention collective, échue depuis mai dernier.

Louis Boudreau, conseiller syndical au SQEES-298 (FTQ), indique qu’au terme d’une seule journée de négociation, l’employeur a demandé la conciliation. C’était au tout début de l’été dernier.

Depuis, les parties ont fait connaître leurs offres finales. Les syndiqués ont rejeté les offres de l’employeur à l’unanimité. Quant aux offres syndicales, elles demeurent sans réponse. C’est donc l’impasse en ce moment.

Les salaires sont au centre du litige. « Certains travaillent pratiquement au salaire minimum. Ce qu’on demande, c’est un rattrapage sur trois ans pour atteindre la moyenne nationale dans des établissements privés similaires. » Actuellement, la moyenne des salaires de la trentaine d’employés est de 11,14 $ de l’heure. L’objectif syndical est d’atteindre une moyenne de 13,22 $ de l’heure.

« Ça nous apparaît très raisonnable comme demandes. L’écart est trop grand avec l’offre patronale, nous serions loin de la moyenne des salaires comparables. Je m’explique mal leur blocage sur ce point. »

M. Boudreau souligne aussi le fait qu’il existe un écart significatif dans l’établissement entre les salaires des employés des cuisines et ceux qui offrent des soins aux résidents. « C’est une aberration que les gens qui s’occupent des résidents aient des salaires aussi bas. »

Il précise qu’une rencontre de conciliation doit avoir lieu le 21 novembre prochain. « Si on a rien de nouveau avec la manifestation d’aujourd’hui, on va demander aux membres de se prononcer sur un mandat de grève. »


***

Commission itinérante du FRAPRU


Montréal. La Commission populaire itinérante sur le droit au logement, initiée par le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), s’est arrêtée à Montréal ce mercredi. Une cinquantaine de personnes et d’organisations ont témoigné du prix élevé des loyers qui ne cesse de monter, de l'ampleur du phénomène de l'itinérance, des problèmes d'insalubrité et de discrimination.

À Montréal, 66 % des ménages sont locataires, alors que la moyenne est de 40 % pour l’ensemble du Québec.

En bref :

91 265 ménages locataires devaient consacrer en moyenne 79,8 % de leur revenu pour se loger, selon les données du recensement de 2006. Depuis, le prix des loyers a augmenté de 17,2 % à Montréal.

Les ménages immigrants vivent de la discrimination au moment de se trouver un logement convenable, à prix abordable. 23,4 % des ménages locataires ont des besoins impérieux de logement dans la région métropolitaine de Montréal, ce pourcentage grimpe à 31,5 % chez les ménages immigrants et à 39,8 % pour ceux qui sont arrivés au cours des cinq dernières années.

Sur la question de la salubrité, 10,6% de l’ensemble des logements locatifs de Montréal nécessitent des rénovations majeures, toujours selon les données de 2006.
Le désintéressement des promoteurs privés quant au marché locatif se confirme selon le porte-parole du FRAPRU, François Saillant : «  Au cours des dix premiers mois de 2012, à peine 579 logements locatifs ont été mis en chantier à Montréal, alors que c'était le cas de 4 614 unités de condominiums. C'est 8 fois moins. »
En fait, Montréal perd, chaque année, plus de logements qu’elle n’en gagne en raison des démolitions et des conversions de logements en copropriétés.
La Société canadienne d'hypothèques et de logement dénombrait 2 056 appartements de moins à l'automne 2011 par rapport à l’année précédente.

Les travaux de la Commission itinérante prendront fin le 23 novembre prochain, après avoir consulté la société civile dans les 17 régions administratives du Québec.


***

Violences aux abords d’une minière canadienne au Mexique

Mexique. Le 24 octobre dernier, des travailleurs et des propriétaires fonciers ont violemment été expulsés d’un camp de protestation aux abords de la mine La Platosa, au Mexique.

Propriété de la compagnie minière canadienne Excellon Resources, la mine est la cible de protestations pacifiques depuis juillet dernier. Les manifestants ont érigé un camp pour limiter l’accès à l’entrée de la mine en guise de protestation pacifique.

Ils réclament que l’entreprise respecte la liberté d’association des travailleurs et leur droit d’adhérer au syndicat national des mineurs. Des propriétaires fonciers se sont également joints à eux, dénonçant le fait que l’entreprise soit revenue sur des engagements pris auprès des ouvriers et de la communauté.

Selon différentes sources, le camp a été saccagé et incendié. Les manifestants ont été expulsés par des fiers à bras sous les yeux d’une patrouille de la police municipale.

Devant le silence radio du gouvernement mexicain et des autorités de l’État de Durango dans ce conflit, une campagne de soutien conjointe a été lancée cette semaine par IndustriALL, une association syndicale de 50 millions de travailleurs dans 140 pays dans les secteurs des mines, de l'énergie et de l’industrie, Amnesty International et PRODESC, une ONG mexicaine dédiée à la défense des droits des travailleurs mexicains.


Bookmark