La famille de notre chef d’état est raciste

2021/03/08 | Par André Binette

André Binette est constitutionnaliste et président-fondateur de la Coalition pour la République du Québec (CORÉQ). Vous pouvez le rejoindre à findelamonarchie@gmail.com . Si vous souhaitez vous investir dans l'équipe, écrivez à info.coreq@gmail.com pour nous transmettre vos coordonnées pour que nous communiquions avec vous.

Le gouvernement du Québec devra accepter une réalité évidente. La monarchie britannique est une institution en déclin et il devra probablement gérer son abolition au Québec s’il est réélu. Cette abolition est voulue par 75% des Québécois, dont plus de 80% des francophones. La volonté du peuple québécois ne peut pas être plus claire.

De nouvelles allégations crédibles de racisme, et de cruauté mentale conduisant à des pensées suicidaires, ont été formulées par une duchesse métisse et américaine. Le roman-feuilleton de la famille royale devient chaque année plus lourd et accablant. Même si la personne de notre chef d’État, Sa Majesté la Reine Élizabeth II, n’est pas en cause, l’institution de la monarchie est ébranlée. Même au Royaume-Uni, on s’interroge de plus en plus sur sa légitimité. Élizabeth II doit être Élizabeth la Dernière au Québec.

Si la famille d’un chef d’État canadien ou québécois était accusée de racisme et de cruauté mentale, ce chef d’État devrait démissionner. Ces allégations sont pires que celles qui ont mené Julie Payette à sa démission récente. Nous n’acceptons pas qu’une gouverneure générale méprise ses employés. Qu’en serait-il si elle faisait preuve de racisme envers un membre de sa famille?

Plus de cent cinquante des cent quatre-vingt-dix États membres de l’ONU sont des républiques. La monarchie est une exception, un anachronisme et une anomalie. Elle est le symbole vivant de la Conquête et de l’inégalité entre les citoyens. Son existence est injustifiable tant sur le plan collectif que sur celui des droits individuels. L’existence d’une monarchie que nous n’avons jamais choisie est incompatible avec le droit à l’autodétermination du peuple québécois.

Le maintien de la monarchie est en contradiction flagrante avec le principe de laïcité, le droit à l’égalité garanti par les chartes des droits du Québec et du Canada et la Déclaration universelle des droits des Nations Unies, de même qu’avec le rapatriement de la Constitution canadienne de 1982. Il est évident que si la nation québécoise se donnait pour la première fois de son histoire sa propre Constitution, la monarchie n’en ferait pas partie. Nous n’en avons jamais voulu, nous l’avons toujours subie.

La monarchie canado-britannique est la plus éclatante expression de la condition de dominé de la nation québécoise. Elle est si éclatante que nous préférons détourner les yeux et la minimiser plutôt que reconnaître sa réalité.  Loin d’être seulement un symbole superficiel et irritant, elle nous envoie chaque jour le message subliminal que nous ne sommes pas libres collectivement de changer le statut politique du Québec de manière conforme à nos aspirations légitimes et démocratiques. Elle nous enseigne chaque jour que le statu quo est inévitable.  Elle conditionne nos esprits en nous faisant croire que rien ne change et rien ne changera jamais. Nous ne sommes pas libres si nous ne nous reconnaissons pas collectivement dans notre chef d’État, qui nous a été imposé par les armes et les coups de force constitutionnels. Nous ne sommes pas libres collectivement si l’image d’une étrangère se trouve sur nos timbres et nos pièces de monnaie. Nous sommes conditionnés à la soumission dans le Royaume du Canada, dont la raison d’être est de nier l’existence, les droits collectifs et la souveraineté du peuple québécois.

La Reine est l’incarnation de la violence raciste de l’Empire britannique et de l’effectivité de l’État canadien. La monarchie est sur le plan historique la plus grande expression de l’idée de la suprématie de la race blanche qui ait jamais existé sur notre planète. Le Canada a été fondé sur cette idée de suprématie raciale et ethnique, comme le reste de l’Empire britannique. Le racisme systémique à l’endroit des nations autochtones et québécoise est l’idée fondamentale de l’État canadien et la monarchie en est la suprême manifestation.

Tous ceux qui se soumettent à la monarchie au Québec sont profondément, et par définition essentielle, des colonisés, quelle que soit leur allégeance politique. Il est temps d’en finir avec le rapport de domination entre les peuples qui caractérise l’État canadien à la suite de l’Empire britannique. La monarchie canado-britannique est l’emblème de la discrimination.

Nous ne pouvons pas approfondir et consolider la démocratie québécoise sans abolir la monarchie. La République du Québec est une nécessité historique absolue, plus encore que la souveraineté de l’État parce qu’elle incarnera la souveraineté du peuple, qui est antérieure et plus fondamentale que la souveraineté de l’État.   La souveraineté de l’État découle de la souveraineté du peuple. C’est en rejetant haut et fort une monarchie imposée que la souveraineté du peuple est affirmée. 

La crise de plus en plus accentuée d’une monarchie maladive, affaiblie et en phase terminale s’imposera davantage à notre attention dans les toutes prochaines années.  Cette crise deviendra une crise fondamentale de l’État canadien qui est incapable de se trouver un autre centre symbolique qui sera acceptable au Québec sans une refonte improbable de sa Constitution. L’abolition de la monarchie est un rare cas où le droit de veto du Québec est garanti explicitement par la Loi constitutionnelle de 1982. Le multiculturalisme canadien se retourne contre la monarchie et le jour n’est pas loin où une majorité de Canadiens hors-Québec voudra une République du Canada.

La fin de la monarchie est une occasion rêvée et inespérée d’élever rapidement la conscience politique d’une nouvelle génération de Québécois. Au cours de la présente décennie, la question constitutionnelle reviendra sous la forme suivante : les Républiques du Québec et du Canada sont-elles compatibles au sein d’un même État? L’abolition de la monarchie est le nouveau détonateur de la question nationale, qui est toujours aussi explosive et irrésolue.