Les Artistes pour la paix : Les lauréats 2022

2023/02/22 | Par Pierre Jasmin
Jacques Goldstyn et Pierre Dubuc en compagnie des co-présidentes des APLP, Sylva Balassanian et Louise-Marie Beauchamp

photo : Jacques Goldstyn et Pierre Dubuc en compagnie des co-présidentes des APLP, Sylva Balassanian et Louise-Marie Beauchamp.

Jacques Goldstyn alias Boris est choisi à l’unanimité Artiste pour la Paix de l’année 2022 (adopté par le C.A. des APLP). Il a été honoré le 14 février à 11 heures à L’école nationale de l’humour.

Les APLP ont aussi rendu hommage à tous les autres caricaturistes, « les plus vrais des éditorialistes », en une année où les médias se sont couverts de honte par une propagande de guerre recourant aux mensonges et à la haine des Russes et des Chinois, à l’instar de nos indignes politiciens fédéraux.

On se souvient avec une émotion particulière de feus Pascal Élie et Berthio, mais aussi des œuvres marquantes des Chapleau, (qui a mérité son exposition au Musée McCord), André-Philippe Côté, Garnotte (qui a pris sa retraite en 2020), Girerd, Godin, Banville, Rabagliati, Lafontaine, Phaneuf, Ygreck et les autres.

Depuis 1989, date de notre première fête APLP de l’année (Daniel Lavoie), jamais nous n’avons fêté de caricaturiste ou dessinateur de presse et, pourtant, nous devons à cette profession essentielle d’artistes, LA VÉRITÉ quotidienne en politique, rien de moins, car c’est souvent sa seule forme tolérée dans nos médias.

Jacques Goldstyn alias Boris : toujours conscient des informations essentielles en politique internationale, il sait les rendre avec vivacité, comme il l’a fait pour illustrer la campagne annuelle de novembre chez Échec à la Guerre, ainsi qu’avec son tendre conte Azadah primé par les Bibliothèques de Montréal en 2017.

Jacques Goldstyn est diplômé de l’Université de Montréal en géologie. En 1981, il amorce sa carrière d'illustrateur avec un premier livre Le Petit Débrouillard. Il collabore avec, entre autres, l’aut’journal, la revue Relations, la CSN, etc. Il est également caricaturiste pour le journal montréalais anglophone The Gazette et la Gazette populaire de Trois-Rivières. En 2017, il remporte le Prix du Gouverneur général pour l'album Azadah.
Goldstyn nous présente une petite Afghane, Azadah, qui refuse de voir son amie photographe quitter le pays sans elle. Elle souhaite tellement l’accompagner pour découvrir le monde, visionner des films, lire des tas de livres, visiter des musées, apprendre un métier ! Que deviendra-t-elle si Anja refuse de l’amener dans le vaste monde où il y a tant à vivre ? C’est le cœur brisé qu’elles se sépareront. Au dernier moment, la photographe lui remet un précieux cadeau qui fera naître, chez la petite, beaucoup d’imagination. Azadah, dont le prénom signifie Espoir, pourra rêver d’un avenir meilleur.

Pierre Dubuc, Ami de la paix 2022

Le numéro d’avril 2022 de L’aut’journal titre : « Pacifistes de tous les pays, unissons-nous : non à la guerre en Ukraine, non à l’OTAN ! » Cette courageuse prise de position, en marge d’un pays, le Canada, qui prône l’option militariste, fait du journal un candidat privilégié au prix « Ami de la paix ».

Dès l’annonce de notre choix, Pierre Dubuc a tenu à remercier l’équipe qui a continué à l’entourer solidairement, malgré une ou deux dissidences passées du côté de l’option militariste. Nos alliées féministes américaines Codepink surnomment la guerre en Ukraine « la guerre de Lockheed Martin » et il ne s’agit pas de nier la résistance ukrainienne ni le symbolisme de leurs jeunes hockeyeurs.

C’est là où la capacité d’analyse politique de Pierre Dubuc intervient pour voir clairement les enjeux de paix et dénoncer la propagande, par exemple celle de Patrice Roy à RDI, évoquant l’aspect Chamberlain-Hitler contre toutes volontés de négocier avec Poutine, depuis notre position commune du 1er mars 2022, jusqu’à celle exprimée le 14 février 2023 par l’ex-ambassadeur français aux États-Unis, son Excellence Gérard Araud : « À défaut de paix, négocions un cessez-le-feu »; ajoutant «  personne n'a intérêt à ce que la guerre s’éternise. »  Nous croyons malheureusement qu’il pèche par naïveté, l’OTAN et l’industrie militaire américaine ont intérêt à poursuivre une guerre impitoyable sur le dos des principales victimes, les civils ukrainiens.

Nous remercions Pierre Dubuc et L’aut’journal d’avoir accueilli les articles de Pierre Jasmin, André Jacob, Christian Morin et Izabella Marengo en dénonciation de la diplomatie de guerre par Mélanie Joly et Justin Trudeau. Nous terminons par quelques faits sur Pierre Dubuc.

Il est le président fondateur et rédacteur en chef de L’aut’journal, un mensuel indépendantiste et progressiste, qui célébrera son 39e anniversaire le Premier Mai prochain. En plus des 8 500 exemplaires du mensuel papier, L’aut’journal rejoint plus de 6 000 abonnés avec son infolettre bi-hebdomadaire (l’aut’hebdo) et publie de nombreux ouvrages (livres et carnets) sous sa raison sociale, Les Éditions du Renouveau québécois.

Membre du Parti Québécois, Pierre Dubuc a été l’instigateur du club politique Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre (SPQ Libre) et candidat à la chefferie du parti en 2005. De 2001 à 2011, il a été chroniqueur à l’émission Samedi et rien d’autre de Joël Le Bigot à la radio de Radio-Canada. En 1996, il participait à la fondation de la Chaire d’études socio-économiques de l’UQAM, dont il a été le directeur pendant deux ans.

C’est avec fierté que nous avons accueilli Pierre Dubuc le 14 février à l’École nationale de l’humour, car L’aut’journal utilise abondamment l’humour avec des collaborateurs réguliers qui dénoncent le militarisme. C’est avec fierté que nous comptons sur cette collaboration exemplaire pour des années à venir !

Bruno Roy, Prix-hommage APLP 2022

Bruno Roy fut engagé à l’UQAM sous la recommandation du premier professeur en musique populaire dans notre histoire universitaire, Gaston Rochon, collaborateur de Gilles Vigneault.

Se distinguant par son courage à aborder des sujets négligés dans les années 80 qui marquaient en nos universités le triomphe dogmatique à la Boulez, méprisant toute musique tonale, de Chostakovitch à la musique populaire, il est essentiel pour Bruno de retracer les débuts de notre chanson québécoise, qui avaient signifié pour lui sa délivrance personnelle de son statut d’orphelin débile qui permettait aux religieuses de recevoir des fonds du gouvernement fédéral par arrangement crapuleux ficelé par Duplessis.

Une religieuse, à qui Bruno voudra une reconnaissance toute sa vie, remarque chez son pupille un éveil de sensibilité et de compréhension qu’elle va nourrir et qu’il cultivera par ses travaux, même universitaires.

À ce sujet, on peut lire l’ouvrage très récent intitulé La Chanson comme berceau de l’identité québécoise et sous-titré Mélanges en l’honneur de Bruno Roy sous la direction de Jean Nicolas de Surmont aux Éditions du Québécois.

Bruno va plus loin dans ses recherches que mon ami de Charlevoix Félix-Antoine Savard, en s’intéressant aux talents émergents tels Mary Travers (la Bolduc) et Clémence Desrochers. Consacrés à Paris, débarquent les Félix Leclerc, Gilles Vigneault, Pauline Julien, Jean-Pierre Ferland, Raymond Lévesque à qui les APLP ont rendu hommage pour ses chansons engagées telle l’immortelle Quand les hommes vivront d’amour contre la misère et la guerre.

L’année 1961 voit la gloire des boîtes à chansons, même si c’est à l’auditorium de l’Université de Montréal que chante Claude Léveillée, accompagné par André Gagnon au piano, par Roland Desjardins et Yvon Deschamps à la batterie.

Claude Gauthier, Gilbert Langevin, Pierre Létourneau, Monique Leyrac, Stéphane Venne, Diane Tell, François Cousineau et Diane Dufresne s’ajoutent aux Georges Dor et Renée Claude assez sensibles à notre cause pour siéger à notre conseil d’administration pendant une dizaine d’années. Suivra Robert Charlebois à qui Bruno consacre un ouvrage entier sur l’Osstidcho, une mémorable publication sur les fructueuses controverses sociales.

Ayant obtenu à l’UQAM une maitrise en études littéraires sous la direction de Jean Fisette, puis un doctorat en 1992 avec une thèse intitulée « Chanson québécoise à dimension manifestaire et manifestions 1960-1980 », cette thèse inspire notre mémoire sur la révolte étudiante et artistique menée par Dominic Champagne nommé APLP de l’année 2012 contre Jean Charest qui cherche à s’enrichir par l’exploitation du nucléaire et de l’amiante.

Enfin, quand Robert Dupuy tombe malade et ne peut plus assumer son admirable tâche de secrétaire – webmestre, nous faisons appel à Bruno qui répond oui malgré la surcharge de ses tâches à la tête des Orphelins de Duplessis et de l’Union nationale des écrivains québécois (UNEQ) pour qui ses démarches opiniâtres au ministère de la Culture leur procurera leur maison historique hélas remise en question au Carré St-Louis.